Autosuffisance, qualité, réseau... On démêle le vrai du faux sur l'eau potable à Monaco
Présente à l’état naturel, l’eau, indispensable à notre survie, reste un bien précieux et fragile qu’il convient de protéger. Cette année encore, et alors qu’il n’y a pas eu de pluie significative depuis début mai, la Principauté ne fera pas face à une pénurie d’eau. Pour autant, les consommateurs comme les institutionnels sont invités et sensibilisés à réduire leur consommation.
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M.C. et J.B. Publié le 30/07/2021 à 10:00, mis à jour le 30/07/2021 à 11:25
Pour satisfaire ses besoins en eau, Monaco achète les 2/3 de ses besoins à l’extérieur.
Photo Cyril Dodergny
Le Principauté est autosuffisante en eau
Vaulabelle, une des quatre sources de Monaco. Les deux plus importantes étant Marie et Testimonio.Photo DR.
FAUX. Monaco n’a pas sur son territoire suffisamment de ressources propres en eau. Les 4 sources de Monaco - Ingram, Testimonio, Marie, Vaulabelle, Puits nord, Alice - assurent 1/3 des besoins annuels, c’est-à-dire entre 1,5 et 2 millions de m3 par an.
"Cela ne suffit évidemment pas pour couvrir tous les besoins, même si la Principauté a fait, depuis les années 2000, des efforts considérables en matière d’économie d’eau", explique Manuel Nardi, le directeur général de la Société des Eaux Monégasques (SMEAUX) qui est en charge du service de l’eau potable et du traitement des eaux usées avant leur rejet en Méditerranée. 5 millions de m3 par an de besoins Sur une année complète, les besoins en eau de Monaco sont de l’ordre de 5 millions de m3 par an.
"Nous achetons donc de l’eau à l’extérieur, complète Manuel Nardi, sur des sources d’eau gérées par d’autres collectivités. Ces deux ressources sont d’une part la Roya côté italien, une ressource gérée par la Carf (communauté d’agglomération de la Riviera française) pour 20% des besoins d’achat, et celle de la Vésubie d’autre part, complétées par des prises d’eau dans le fleuve Var, pour 80%."
une pénurie d'eau est à craindre
Les deux filtres installés sur les sources Marie et Testimonio. Photo Dylan Meiffret.
FAUX. Pour faire face à d’éventuelles difficultés, la Principauté s’est organisée en amont.
"Nous avons pris des dispositions sous l’autorité du gouvernement monégasque pour sécuriser nos propres ressources en eau, explique le directeur général de la Smeaux. Je tiens à les préserver au maximum pour bénéficier de leur potentiel optimal. À Monaco nous avons un péril, mais qui est récurrent, ce sont les chantiers qui ont tendance à pouvoir perturber un peu nos ressources. Donc pour les protéger et pour s’assurer d’avoir une permanence de la production nous avons installé deux filtres cet été sur les sources Testimonio et Marie de manière à pouvoir avoir quasiment 100% de production sur la saison estivale."
Des mesures conservatoires destinées à assurer au maximum l’alimentation en eau de Monaco. "Nous nous assurons ainsi d’avoir un bilan hydraulique équilibré pour toute la période estivale, ce qui est le cas."
Il n’y a donc pas de risque de pénurie, même s’il ne pleut pas de tout l’été. "Les infrastructures extérieures et les ressources locales permettront de passer l’été, rassure encore le directeur de la Smeaux. En 2003, année de la canicule, avec des consommations d’eau qui étaient supérieures à aujourd’hui, il n’y avait pas eu de manque d’eau. La Principauté a la chance de ne pas être exposée à ce risque, notamment car nous sommes adossés à un château d’eau."
Des efforts pour diminuer la consommation
VRAI. La Smeaux suit avec attention toutes les consommations d’eau des différents postes de la vie de la Principauté (hôtels, travaux, nettoyage…).
"Monaco a fait des efforts considérables dans tous les secteurs clés. La SBM, un de nos plus grands consommateurs, est passée d’une consommation de 600.000 m3 à 300.000 m3 depuis 2000 grâce à une gestion de l’eau rationalisée qui dure dans le temps.
L’État aussi a fait des efforts, notamment pour les jardins, en rationalisant les apports en eau des plantes qui aujourd’hui sont faits pour compenser la perte hydrique, mais pas plus.
Aujourd’hui, on ne voit plus d’arrosage excédentaire et les jardiniers sont équipés d’un outil de suivi journaliser des consommations d’eau. La SMA fait aussi des efforts importants."
L’eau brute est de bonne qualité
VRAI. Monaco n’a pas d’agriculture intensive à proximité, ni d’industrie lourde, ce qui permet d’avoir une ressource brute d’excellente qualité à l’origine, sans pollution endémique récurrente compliquée à traiter comme par exemple les nitrates, pesticides, métaux lourds…
"Ces substances nécessitent des traitements lourds et coûteux, précise la Smeaux. Ici, on n’a pas ça. Un mode de traitement simple À Monaco, l’usine de traitement d’eau potable est une structure simple adaptée à la ressource qu’elle a à traiter. Il y a juste un peu de trouble quand il pleut et cela se traite facilement. Notre mode de traitement est très simple : filtration sur sable et derrière un traitement au bioxyde de chlore qui a une capacité de traitement 5 fois supérieure et qui laisse moins de goût. Depuis oui 20 ans, nous procédons de cette façon."
Il y a un seul réseau d’eau
VRAI. En Principauté il y a un seul réseau qui distribue de l’eau potable. Chantiers, arrosage… tout passe par celui-ci. Il transporte 5.000.000 m3 par an pour un linéaire total de 110 km.
Ce réseau est complété par 9.000 branchements individuels assurant la desserte de l’ensemble des clients pour un linéaire total de 20 km, auquel s’ajoutent 1500 bouches d’arrosage.
"Si on devait faire aujourd’hui un double réseau en Principauté ce serait un désastre financier et un désastre pour l’environnement car il faudrait ouvrir toutes les rues de Monaco pour doubler le réseau pour l’eau brute. Il vaut mieux avoir un seul réseau d’eau potable et le gérer rationnellement", explique Manuel Nardi de la Smeaux.
Les chiffres
2 millions
C’est en moyenne le montant consacré sur une année à l’achat d’eau. C’est le premier budget de la Monégasque des eaux.
3,59
C’est en euros le prix TTC du m3 d’eau livré traité chez le consommateur.
180
C’est en litres la consommation moyenne par jour et par foyer (2 à 3 personnes). C’est la moyenne européenne.
La phrase
"L’eau du robinet n’est pas une eau fabriquée par l’homme. On ne sait pas faire de l’eau comme on conçoit des outils, des produits manufacturés. L’eau ça n’est rien d’autre que celle qu’on a trouvée dans le milieu naturel. La seule chose que l’on sait faire c’est de garantir que si on boit à long terme cette eau, elle ne sera pas dangereuse pour la santé. C’est la définition de l’eau potable.", Manuel Nardi, le directeur général de la Société des Eaux Monégasques (SMEAUX)
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