Antibes : un ours polaire éventré et échoué sur un rocher

Son but n’est pas « d’imposer une façon de penser » mais, au moins, « d’interpeller.

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Lauriane Sandrini Publié le 04/09/2019 à 10:33, mis à jour le 04/09/2019 à 10:34
L’artiste Pleks, basé à vallauris, a installé son œuvre faite de bouteilles usagées en verre et de mousse extensible, au large de la plage des Ondes, au Cap d’Antibes.
L’artiste Pleks, basé à vallauris, a installé son œuvre faite de bouteilles usagées en verre et de mousse extensible, au large de la plage des Ondes, au Cap d’Antibes. R. Y.

Son but n’est pas « d’imposer une façon de penser » mais, au moins, « d’interpeller. » Mission réussie. Difficile de longer la côte antiboise sans apercevoir cet ours polaire éventré, couché sur un rocher. Une œuvre réalisée en trois semaines par l’artiste Pleks, basé à Vallauris depuis environ six ans.

Avec l’aide de deux autres personnes, il a transporté sa sculpture dans un canoë gonflable jusqu’à un rocher, situé au large de la plage des Ondes à Antibes, hier, entre 4 et 5 heures.

« On est en train de le tuer »

« J’ai commencé par ramasser des bouteilles en verre sur le bord de la route, des déchets qui traînaient par terre. Je les ai collées pour faire l’ossature de l’ours, que j’ai ensuite recouvert de mousse extensible. Puis je lui ai donné sa forme au cutter », explique Pleks.

Des matériaux qui ne polluent pas la mer, l’artiste s’en est assuré. « Tout est lié en un seul bloc, rien n’est en contact avec l’eau. L’œuvre est bien attachée au rocher mais on n’est pas à l’abri qu’un imbécile lui jette une pierre et que quelque chose se décroche. »

Pourquoi un ours ? « Parce que c’est la première victime du réchauffement climatique, dénonce-t-il. C’est un animal très symbolique. Il est fort, beau, blanc. Il a aussi cette image de nounours. Et on est en train de le tuer. »

S’il a un message à faire passer, le jeune homme reste lucide. « Je ne suis pas un prophète, c’est juste ma démarche artistique. Je retranscris ce que je comprends de ce monde. Et je vois des trucs qui me font mal. J’aimerais changer les choses mais je sais que ce n’est pas avec un ours que je vais y arriver, je ne peux pas le prétendre, mais j’espère interpeller les gens. »

« Je suis assez insolent »

Pleks n’a pas prévenu la mairie d’Antibes avant d’installer son œuvre, « sinon on n’est plus dans cette démarche brute et émotive. Je ne voulais pas qu’on me prive de mon moyen d’expression. Je pense que quelqu’un va porter plainte. Déjà, ce matin [lire hier], il me semble que des gendarmes regardaient l’ours et le prenaient en photo. »

S’il n’a pas beaucoup d’espoir sur la longévité de sa sculpture, l’artiste a une demande : enlever lui-même son art éphémère. « Je suis assez insolent dans ma démarche mais j’espère que ce ne sera pas mal perçu. J’assumerai les conséquences. »

Pleks avait déjà fait parler de lui en 2017, lorsqu’il avait transformé l’épave du voilier Ondine en baleine massacrée, à Antibes.

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