A Monaco, les reliques de la martyre Sainte Dévote authentifiées

À l'occasion de sa célébration ce jeudi, les scientifiques ont rendu leurs conclusions mercredi sur les reliques de la martyre. Attestant qu'il s'agit bien d'ossements d'une jeune femme

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CEDRIC VERANY Publié le 26/01/2017 à 08:30, mis à jour le 26/01/2017 à 05:11
L'œuvre est présentée dans l'église Sainte-Dévote.

Il l'a avoué en souriant hier. Quand en 2015, le père Deltreuil, curé de la cathédrale, a voulu passer au crible scientifique les reliques de sainte Dévote, l'archevêque Bernard Barsi était soucieux. « Notre foi ne repose pas sur les reliques mais elles nous permettent de comprendre, de vénérer, d'asseoir nos croyances. C'était un risque que nous prenions en allant demander des vérités scientifiques » confesse l'archevêque. Ceci tuera cela, écrivait Victor Hugo dans Notre Dame de Paris pour confronter l'évolution de la pensée portée par la science face à la religion.

« Heureusement, sainte Dévote était avec nous et la science rejoint la foi dans ce cas », lance Bernard Barsi. Car les scientifiques qui ont présenté hier leurs conclusions sont formels. Les os vénérés comme restes de la jeune Dévote, martyre sanctifiée, sont bien ceux d'une jeune femme. « Nous avons pu mener une étude paléoanthropologique pour vérifier si les ossements étaient humains et nous avons trouvé un ensemble très cohérent », détaille Elena Rossoni-Notter, chercheur archéologue qui a encadré cette mission avec l'anthropologue Émilie Perez et le médecin Yves Darton.

Chocs traumatiques sur les vertèbres

Parmi les reliques d'époque, deux os de main, six fragments de vertèbres, des restes d'humérus et de péroné. Des os qui ont permis une analyse physiopathologique pour tenter de faire parler ces restes humains et trouver d'éventuels maux.

« Un diagnostic limité, parfois restreint, à prendre avec précaution », note le docteur Yves Darton, qui avance des traces d'hématomes sur les vertèbres pouvant être conséquence d'une tuberculose ou de chocs traumatiques, « développés l'année du décès ». Le médecin analyse aussi une arthrose débutante au coude, inhabituelle chez une jeune personne, « qui témoigne d'un travail lourd et répétitif ».

En ce sens, la vérité scientifique rejoint celle, religieuse, de Dévote, jeune paysanne corse, battue et laissée pour morte qui traversa la Méditerranée sur une barque venue s'échouer dans le vallon des Gaumates. Devenue depuis sainte patronne de la Principauté. Et qui sera comme chaque année, ce soir vénérée.

En marge des célébrations, est visible à partir d'aujourd'hui, en l'église Sainte-Dévote, un retable historique signé Bréa, représentant la sainte patronne de Monaco.

L'œuvre réalisée en 1517 appartient à la ville de Dolceacqua qui, par ce prêt, honore les liens très forts entre la commune italienne et la Principauté.

Elle représente l'héroïne aux traits fins tenant dans ses mains une Bible et une palme de la victoire. Entourée à droite et à gauche par sainte Agathe et sainte Barbe, autres martyres.

À lui seul, le retable s'inscrit dans l'histoire de la Principauté. En effet, en 1491, quand Françoise Grimaldi épouse Luc Doria de Dolceaqua, l'union marque le rapprochement entre deux familles rivales.

Elle laissera dans son testament, en 1515, la volonté et la somme pour commander au peintre primitif Ludovico Bréa ce retable représentant la sainte patronne de Monaco.

Cinq cents ans plus tard, le chef-d'œuvre a traversé les siècles, non sans péril. En effet, plusieurs fois endommagée, la peinture sur bois avait même été modifiée avec une tête de saint Martin peinte et apposée sur l'originale de Dévote.

En 1991, le tableau a été entièrement restauré pour atteindre la version rafraîchie visible en l'église Sainte-Dévote jusqu'au 28 février.

L'œuvre retrouvera ensuite l'église de Dolceaqua, où le maire a promis de la mettre en valeur.

Elena Rossoni-Notter, chercheur archéologue, a conduit la mission scientifique qui a pris deux années pour décrypter les ossements vénérés. Jean-François Ottonello.

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