Encore une pierre à l'édifice commun. Un coup de pouce de 240 000 euros pour lutter contre un fléau sociétal encore bien trop méconnu et sur lequel planchent, sans répit, les équipes du Professeur Patrick Rampal au Centre scientifique de Monaco (CSM).
Mercredi dernier, la présidente du Groupement des Entreprises Monégasques Unis dans la Lutte contre le Cancer (Gemluc), le docteur Béatrice Brych, a remis aux équipes du CSM un chèque de 140 000 euros. Une somme considérable abondée, dès le lendemain, par 100 000 euros de la Fondation Flavien (lire ci-dessous).
Réputé pour ses recherches en biologie marine, le CSM s'est diversifié depuis 10 ans avec la création d'un département de biologie médicale. Des équipes de recherche translationnelles - appliquées aux patients - qui travaillent en partenariat étroit avec le CHPG et « un circuit médical de choix ».
Parmi elles, deux équipes de recherche sur le cancer rendues pérennes grâce au soutien du gouvernement princier et de fondations comme le Gemluc qui, avec ce deuxième chèque en deux ans, s'engage dans une nouvelle convention de 5 ans avec le CSM.
Une fidélité essentielle pour un établissement dont le budget repose pour 20 % sur le mécénat. D'autant que ces dons injectés ne supportent aucun frais de gestion et vont intégralement à la recherche.
Trouver les « cibles »
En laboratoire, c'est le Professeur et directeur de recherche, Jacques Pouysségur, qui convertira - avec son équipe - ces euros en espoir. « On étudie trois types de stress. Le stress nutritionnel, celui d'acidité et un nouvel axe très important : le stress oxydatif », précise le chercheur. Au cœur de l'examen, les antioxydants (*) donc. « C'est devenu très délicat et controversé d'en prendre car la plupart des tumeurs les plus agressives utilisent les antioxydants pour pourvoir se développer plus rapidement. Il n'y a pas longtemps qu'on a découvert cette problématique », étaye le spécialiste.
Grâce au don du Gemluc, le CSM a ainsi pu recruter une post-doctorante de l'Université de Belgrade, spécialiste de la question, Mélissa Vucetic. Un CV idoine et un coup de boost évident pour ce nouveau projet d'équilibriste, sachant que les antioxydants ont un « effet favorable et délétère à la fois », dixit Patrick Rampal.
L'objectif, en vulgarisant, consistera à identifier des « cibles » pouvant faire l'objet d'une exploitation et d'un développement pharmacologique, dans le but de contrer les maladies dégénératives. « Il y a 3 ou 4 cibles importantes pour le stress oxydant (...) dont deux transporteurs de cystine (acide aminé) », résume, pour le commun des mortels, le professeur Pouysségur. Voilà pour la bataille à l'échelle microscopique.
L'atout transversalité
À échelle humaine, ce projet aura l'atout de la transversalité. « C'est vraiment l'originalité du CSM. Le plus, c'est que toutes ces personnes travaillent au même endroit et utilisent le même matériel », se réjouit le Professeur en biologie marine, Denis Allemand, exemple à l'appui.
« On a beaucoup travaillé sur ce problème antioxydant en biologie marine, puisque les coraux subissent quotidiennement ces stress (...) et ces animaux, pourtant, résistent. On peut tirer des leçons du monde vivant. » Des travaux fascinants et révolutionnaires soutenus par le Gemluc, car inscrit dans son ADN selon son vice-président, François Brych. « ça fait partie des gênes de notre association. Nous avions l'habitude de donner au centre Lacassagne (Nice), ensuite nos dons se sont dirigés vers le service oncologie du CHPG et le CSM d'autant que, maintenant, beaucoup de Niçois se font soigner à Monaco. »
Quant à l'investissement du Gemluc, plus de 300 000 euros l'an dernier, la présidente Béatrice Brych de le résumer en évoquant le soutien au « CSM, à d'autres associations, à de l'aide aux malades », ou encore « l'achat pour le CHPG d'une colonne de chirurgie 3D pour voir les plans de dissection…» Outre du GemlucArt (concours d'art international), les fonds du Gemluc proviennent d'une chaîne de solidarité symbolisée par les cotisations volontaires patronales, comme salariales, de ses sympathisants. Bravo !
Thomas MICHEL
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