23e Festival du livre

Salle comble, hier matin, à l'opéra de Nice, où quatre-vingts participants se sont livrés à au périlleux exercice de la dictée dirigé par Julien Soulié et par l'écrivain Laurent Seksik

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Laurence Lucchesi llucchesi@nicematin.fr Publié le 03/06/2018 à 05:14, mis à jour le 03/06/2018 à 05:14
C'est l'écrivain Laurent Seksik, auteur notamment des Derniers jours de Stefan Zweig, qui a fait la première lecture aux candidats, âgé de 15 à 84 ans, de cette dictée truffée d'astuces.
C'est l'écrivain Laurent Seksik, auteur notamment des Derniers jours de Stefan Zweig, qui a fait la première lecture aux candidats, âgé de 15 à 84 ans, de cette dictée truffée d'astuces. Frantz Bouton

Dix heures cinquante, opéra de Nice. Sous les ors du Foyer des mécènes, au troisième étage, les derniers participants à la Dictée pour les nuls se hâtent de prendre place sur les sièges équipés de tablettes. Quatrième du nom, ce petit morceau d'anthologie du festival du livre de Nice est particulièrement en adéquation, cette année, avec le thème de l'édition 2018 : Pourquoi écrire.

Destiné aux amateurs comme aux experts, (enseignants, auteurs et… journalistes), cet exercice, avant tout «ludique et axé sur la découverte, célèbre la langue française», rappelle Julien Soulié. Auteur de livres sur l'orthographe et expert au sein du projet Voltaire (site numéro 1 de la remise à niveau en orthographe), cet ex-professeur de lettres classiques est notre «tortionnaire» du jour.

«Friedrich de Nice»

C'est lui qui a concocté, avec moult pièges comme il se doit, une dictée au titre évocateur : Friedrich de Nice ! Histoire d'accentuer une fébrilité déjà palpable dans l'assistance, c'est Laurent Seksik, romancier et grand amoureux de la langue de Molière devant l'Éternel, qui en fait une première lecture. Avant que la dictée elle-même soit orchestrée par Julien Soulié : « Nul ne doute qu'on ne voie en Nice un éden : son ardent orbe solaire, ses plages aux galets gris-blanc qu'ont léchées de tout temps les flots bleu azur…» A en juger d'après les réactions des quelque 80 «candidats», âgés de 15 à 84 ans, point de difficulté jusque-là, à l'exception, peut-être, du terme «orbe», ce phénomène optique relativement peu connu des néophytes. Mais les choses vont bien sûr se corser : « Dans les années dix-huit cent quatre-vingt, un certain Friedrich, quadragénaire déjà égrotant, cherche à apaiser sa mélancolie ; las, l'acédie le dit lassé [...]». La perplexité gagne la salle : Stupeur et tremblements, aurait sans doute commenté Amélie Nothomb ! Si la «coruscante lumière» et «l'obscur mésaise» font encore sourire les plus érudits, tandis que d'autres ont définitivement décroché, le paragraphe réservé aux experts, lui, s'avère redoutable pour tous : « Il ne suit alors aucunes brisées de ses devanciers : au commencement du moi, l'aperception transcendantale d'un Kant aride ne fait plus mouche !» On notera au passage l'habile association d'idées destinée à nous aiguiller plutôt vers la mouche cantharide que vers un autre célèbre philosophe allemand…

Au final, lors de la remise des prix, hier, à 18 h 30, au forum des auteurs, se sont distingués au sortir cette délicate épreuve : Jacques Lagarrigue (1er, 7 fautes), Muriel Gornès (2e, 17,5 fautes) et Ghislaine Galland-Lalvée (3e, 29,5 fautes). Toutes nos félicitations également aux lauréats qui ont remporté, outre l'estime générale, des ouvrages des éditions First et de la collection Pour les nuls… Quant à ceux, parmi nos lecteurs, qui voudraient s'essayer à ce périlleux exercice, notez que le corrigé de La dictée pour les nuls sera mis en ligne dès demain sur le site du festival du livre de Nice.

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Monaco-Matin

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