
Face aux dégâts de la tempête Alex, comme ici à Roquebilière dans la vallée de la Vésubie.
Une cagnotte et quatre solutions pour aider les agriculteurs frappés par la tempête Alex à relancer leur activité
Le 15/11 à 09h02 MàJ 15/11 à 09h36Quel est le problème?
Le passage de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes a été terrible pour les agriculteurs des vallées sinistrées.
"Certains paysans n’ont plus la capacité de se déplacer hors de leur ferme. D’autres n’ont plus la possibilité de vendre leur production. D’autres encore, ont des pertes matérielles importantes, énumère sombrement la Maison des Semences Paysannes Maralpines sur son site internet. Et enfin, certains ont perdu une partie de leur récolte. Cette liste va s’allonger au cours des prochaines semaines, et s’ajoute à la pandémie de Covid-19 aux fortes conséquences sanitaires et morales."
"Ça a été très médiatisé, ça a provoqué des émotions fortes chez beaucoup de gens, raconte Maxime Schmitt. Il y a eu une solidarité énorme. Beaucoup de gens voulaient aider mais ne savaient pas comment faire. Les sinistrés ont croulé sous les couches, les fringues, les boîtes de conserve... Ça partait d'un bon sentiment mais ça a aussi eu un effet pervers parfois."
Car cette solidarité a parfois fait plus de mal que de bien aux agriculteurs.
"A La Brigue, le maire été ravi d'avoir des agriculteurs sur place quand le village s'est retrouvé enclavé, précise Maxime. S'ils ne pouvaient pas écouler leur production sur les marchés habituels, ils pouvaient vendre sur place. Le circuit marchait. Mais quand les hélicoptères ont finalement débarqué avec l'aide alimentaire, ils se sont retrouvés dans l'obligation de donner leur production périssable. Ils ne pouvaient plus gagner leur vie."
Si les vallées sinistrées manquent de tout ou presque, les agriculteurs, eux, ciblent deux problèmes majeurs pour la survie de leur métier.
Le premier est logistique: il n'y a plus de routes et l'écoulement de la production devient donc impossible
"Face à la pression foncière qui existe sur la Côte d'Azur, certains producteurs qui souhaitaient se lancer ou entretenir un projet d'agriculture bio viable notamment, ont été obligés de se replier dans des territoires de plus en plus éloignés, précise Maxime Schmitt.
"Certains agriculteurs se trouvent au bout de pistes qui ont été très endommagées par la tempête et les coûts de réparation peuvent être exorbitants."
Se pose aussi la problématique de l'accès à l'eau pour de nombreux producteurs de légumes et de fruits.
Maxime prend pour exemple la commune de la Tour-sur-Tinée où le canal d'irrigation a "explosé à plusieurs endroits sur 4 à 5 km".
"C'est un coût énorme et ça, personne ne va pouvoir se le permettre. Ce sont de très vieux système d'irrigation qui ont toujours été entretenus par les communautés agricoles locales à l'époque où elles étaient plus nombreuses", précise-t-il.
A cela se rajoutent les difficultés que rencontrent les quelques structures plus importantes (PME, PMI, établissements de soins, scolaires...) qui se trouvent dans les vallées et sont parfois des clients vitaux pour les producteurs locaux.
"Elles doivent rouvrir, s'inquiète Maxime. Sans ça les agriculteurs ne vont pas pouvoir survivre.
"S'ils partent ce sont tous ces territoires qui vont crever."
Le responsable associatif évoque "au moins 4 à 6" producteurs qui "pourrait mettre la clé sous la porte".
Maxime Schmitt, le coordonnateur du collectif de la Maison des Semences Paysannes Maralpines (MSPM) avait "beaucoup d'amis notamment dans la vallée de la Roya". Des amis "qui ont tout perdu". Il a cherché comment les aider.
Pour le jeune oléiculteur l'engagement de la MSMP qui lutte pour la sauvegarde des semences paysannes en voie de disparition est logique car "sans paysan, pas de semence".
Une cagnotte et Plusieurs pistes
Face à l'ampleur du désastre, le réseau s'engage pour venir en aide aux membres de son collectif et par delà, aux agriculteurs les plus fragiles des Alpes-Maritimes.
Pour ce faire le collectif a lancé une cagnotte solidaire qui a déjà recueilli plus de 26.000 euros et espère la "somme la plus conséquente possible" pour avoir un "impact".
Pour aider les agriculteurs, vous pouvez y participer en cliquant sur ce lien.
"Il en va de notre souveraineté alimentaire"
Le jeune oléiculteur savait que ce côté "ingénu" de l'association était nécessaire. "Nous sommes une association jeune. On en voyait beaucoup hésiter donc on l'a fait."
Son but: trouver le meilleur moyen pour soutenir et aider les agriculteurs touchés par la tempête et surtout faire accepter par tous la solution qui sera choisie pour redistribuer les dons.
Leur réflexion débouche sur quatre pistes:
- Partager la somme totale entre ceux qui se trouvent le plus en difficulté. Notamment ceux qui ne toucheront aucune assurance et qui sont dans le besoin. "On a estimé que ça pourrait être autour de 1.500 euros par tête".
- Financer la partie qui reste à la charge des agriculteurs lorsqu'ils obtiennent des services de remplacement ou une aide au répit. Deux mécanismes qui viennent en aide aux agriculteurs en détresse.
- Une aide à la logistique pure pour aider les agriculteurs enclavés à écouler leur marchandise et continuer de vendre leurs produits. "On peut imaginer la location de véhicules notamment".
- Financer une plateforme pour dispatcher les bonnes volontés qui souhaitent aider bénévolement et sur des travaux très concrets les agriculteurs en difficulté.
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