"J’ai été bercé assez tôt par l’esprit Bollywood": les confidences de Christian Louboutin sur sa mise en scène du Bal de la rose à Monaco

Chargé par la princesse Caroline de la direction artistique du Bal de la Rose, Christian Louboutin a proposé une plongée dans cet univers flamboyant, qu’il chérit.

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PROPOS RECUEILLISPAR CEDRIC VERANY Publié le 26/03/2023 à 11:02, mis à jour le 26/03/2023 à 11:52
Sur le tapis rouge hier soir, le créateur Christian Louboutin a pris la pose, ici aux côtés du chanteur Mika, dans les décors de ce deuxième Bal de la Rose auquel il donne son style. Photo Cyril Dodergny

Qui d’autre que lui aurait été capable de faire voyager le temps d’une nuit, les 800 convives du Bal de la Rose vers les décors bigarrés de Bollywood, la Mecque du cinéma indien. Christian Louboutin a cette capacité de rêver grand et il en a fait preuve hier encore, à la baguette de cette soirée de gala à la Salle des Étoiles.

En demandant à son ami, chausseur star, d’encadrer la ligne artistique du Bal de la Rose depuis 2020, la princesse de Hanovre savait qu’elle donnait au créateur une capacité de laisser libre cours à sa fibre inventive. Et le résultat a été à nouveau spectaculaire, hier soir, pour plonger dans l’univers bollywoodien, que Christian Louboutin connaît bien, comme il l’a confié quelques heures avant de fouler le tapis rouge.

Nombreux sont ceux qui ont découvert l’été dernier à Monaco, qu’en plus d’être un chausseur star de la mode, Christian Louboutin est un esthète. Collectionneur passionné de belles choses en général et d’artisanat d’art en particulier. Un goût du beau rassemblé dans une exposition célébrant à la fois son travail et ses passions qui a attiré 37 000 visiteurs au Grimaldi Forum.

Ce projet, présenté à Paris avant Monaco, est aujourd’hui amené à prendre un envol international. "Grâce à l’exposition à Monaco, nous allons poursuivre l’aventure à Sao Paulo, au Brésil, mais aussi à Miami et à Seattle, aux États-Unis", confirme le créateur qui est en train d’organiser le calendrier d’itinérance.

"Le fond de l’exposition est le même avec mes archives, mais pour chaque endroit, j’ai besoin de développer un rapport avec l’environnement autour. Comme je l’avais fait à Monaco, en évoquant cette première visite en Principauté, adolescent pour voir le Musée océanographique car j’étais inspiré par les poissons. Alors dans chaque ville il y aura de nouvelles choses à voir dans l’exposition. Et c’est aussi bien pour moi, à chaque fois cela crée un nouvel enthousiasme".

Le Bal de la Rose transporte les convives cette année vers l’atmosphère du cinéma indien. Si vous fermez les yeux en pensant à Bollywood, quelle sensation vous vient à l’esprit directement ?
Je pense tout de suite à la musique de ces films et à la danse. J’ai été bercé assez tôt par l’esprit Bollywood. Adolescent à Paris, je fréquentais un cinéma qui ne diffusait que ces films et des comédies musicales égyptiennes des années cinquante. C’est un thème que je trouve très festif. Si on ferme les yeux, et même si on les garde ouverts, on pense à la couleur, à la lumière et c’est joyeux. C’est pour cela que le thème paraissait idéal pour le Bal de la Rose. La princesse Caroline, qui elle aussi connaît bien Bollywood et mon amour pour ce cinéma, me l’a suggéré.

Et vous avez écrit une sorte de petit conte de fées pour donner, comme au cinéma, un scénario à la soirée…
Tout à fait, un mélange de Cendrillon et de La Belle aux bois dormant. L’histoire d’une jeune fille qui doit aller au bal, regarde les vêtements qu’elle pourrait porter. Tout cela lui donne le tournis, elle s’évanouit et un personnage prédit qu’elle ne se réveillera que par l’émanation de la pure beauté. Finalement, la seule chose qui la fait se réveiller, c’est un danseur qui interprète La Bayadère et lui apporte un soulier et un sari tellement beaux qu’elle reprend vie !

Vous êtes un grand amateur d’artisanat d’art. Est-ce que vos collections comptent des pièces de cet univers bollywoodien ?
J’ai une énorme collection d’affiches de films de Bollywood. Notamment de grands posters peints et pailletés. Il y a là-bas, une tradition de changer les affiches chaque semaine, en en proposant des différentes, pour le même film. J’en ai toujours acheté comme je vais souvent en Inde et je m’y rends encore à nouveau dans quelques jours. Ces posters ont des couleurs extraordinaires. Je viens d’ailleurs d’utiliser une partie de ma collection pour décorer le restaurant d’un petit hôtel que j’ouvre au Portugal, à Melides, à côté de chez moi.

L’iconographie Bollywood a un côté kitsch assumé. En la mettant au cœur d’un bal monégasque, vous comptez lui donner du glamour ?
C’est tout à la fois, le festif et le sérieux. Le Bal de la Rose est avant tout un événement caritatif. Ce n’est pas parce que l’on fait les choses avec grâce, délicatesse et amusement qu’on les fait sans sérieux et sans labeur.

Qu’avez vous appris depuis l’an dernier, dans ce nouvel exercice qu’est l’organisation d’une soirée de gala ?
J’ai retenu qu’il y a Monaco, un grand professionnalisme. Tout est possible dans cette Salle des Étoiles, qui a la hauteur sous plafond, une scène étudiée pour différents types de show. Il faut être au niveau et bien faire les choses. J’ai retenu aussi, que les spectacles sont plus beaux quand ils ne sont pas trop éclairés. Au cinéma, la lumière est travaillée pour l’image. Dans un théâtre, quand les choses sont trop brillantes, une magie disparaît dans l’œil des gens. Il y a beaucoup plus de nuances quand il y a moins de lumière.

Compilez-vous déjà de nouvelles idées pour les bals des années à venir ?
Oui, différentes choses sont envisagées. Désormais, je garde toute l’année dans un coin de ma tête des idées qui peuvent me venir, des inspirations, des images que je vois. Car c’est important de faire les choses avec du temps pour pouvoir les moduler, et les changer.

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