"Ne pas oublier ces victimes." Celles qui trouvent la mort, chaque année, sur les voies migratoires à la recherche d’une vie meilleure. Tel était le but du rassemblement organisé ce lundi soir à la frontière entre la France et l’Italie, passage emprunté par de nombreux migrants avant de prolonger leur périple ailleurs en Europe la plupart du temps.
Munis d’une banderole sur laquelle on pouvait lire "la frontière tue", une quarantaine de défenseurs des droits humains se sont ainsi donnés rendez-vous dès 18h30 devant la gare de Menton Garavan, celle-là même où un jeune homme a été retrouvé mort électrocuté sur le toit d’un train en provenance de Vintimille le 9 janvier dernier.
Parmi eux, des lycéens de Menton "touchés" par l’histoire de ces vies écourtées et des membres de l’association Roya Citoyenne. Ils ont ensuite continué leur chemin à pied jusqu’au pont Saint-Ludovic, où ils ont retrouvés un groupe de manifestants italiens et pris le temps de disposer au sol bougies, pierres tombales et fleurs en mémoire d’exilés ayant perdu la vie ces dernières années en tentant de passer la frontière.
Une date symbolique
Cette action s’inscrivait dans le cadre d’une journée de mobilisation internationale, le 6 février marquant la commémoration du massacre de Tarajal, en Espagne. "Le 6 février 2014, la police espagnole des frontières tuait au moins 15 personnes qui tentaient de traverser la frontière vers l’enclave espagnole de Ceuta. Neuf ans après, aucune justice n’a été rendue aux victimes et à leurs familles. Face à des tombes sans nom, des frontières sans droits, le 6 février est devenu la journée mondiale de lutte contre le régime de morts aux frontières et pour exiger la vérité, la justice et la réparation pour les victimes de la migration et leurs familles", rappelaient les manifestants dans un communiqué.
"Aujourd’hui, le contrôle des frontières intérieures et extérieures continue à rendre de plus en plus dangereuses les routes migratoires", arguent-ils encore. Soulignant qu’ "au moins 40 personnes sont décédées à la frontière franco-italienne depuis 2015, le contrôle de la frontière contribuant à l’emprunt de voies de plus en plus dangereuses par les personnes en migration et à multiplier les accidents mortels par électrocution, chutes mortelles ou encore hypothermie".
Parmi les cas les plus récents, l’on pourrait citer celui d’Ahmed Safi, jeune afghan ayant lui aussi perdu la vie en novembre, percuté par un camion sur l’autoroute A8 alors qu’il tentait de rejoindre la France à pied. "Et il y a encore tant d’autres drames demeurés invisibles, tant de victimes sans justice", déplore l’association Roya citoyenne.
Un contexte tendu
Cette mobilisation intervient alors que la question de la crise migratoire est remise sur le devant la scène dans le département, où plus de 700 mineurs non accompagnés seraient actuellement pris en charge. "Un chiffre record", selon la préfecture des Alpes-Maritimes. L’accueil de 25 mineurs non accompagnés dans un hôtel réquisitionné par la préfecture à Antibes depuis mercredi a relancé le débat sur la prise en charge de ces exilés et les modalités de contrôles à la frontière entre Menton et l’Italie. Plusieurs élus du département n’hésitent pas à qualifier régulièrement celle-ci de "frontière passoire".
Le président du Département, Charles-Ange Ginésy, a évoqué quant à lui une "saturation totale des dispositifs d’accueil" et lancé un appel à l’Etat.
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