Les années passent, les crises s’enchaînent. Diriez-vous que vous êtes davantage sollicités désormais ?
Les crises se succèdent, en effet et nous nous retrouvons en 2022 avec un nombre de dossiers conséquent, que l’on n’envisageait pas au départ, concernant la crise ukrainienne. Mais je me réjouis de voir que nous avons collecté 1,8 million d’euros en Principauté pour l’Ukraine. Un chiffre que l’on n’imaginait pas si haut quand nous avons lancé l’appel.
Cet argent a été envoyé aux populations sur place ou sert aux Ukrainiens accueillis à Monaco et ses alentours ?
Nous avons répondu aux appels de la fédération pour l’accueil des réfugiés et du CICR pour les infrastructures de santé dans le pays. Le gros du montant a déjà été envoyé. Et nous avons gardé une enveloppe de 400.000 euros pour faire face aux besoins locaux, ici. On aura épuisé ces ressources d’ici la fin de l’année. Et c’est le but. Les donations doivent servir, pas être thésaurisées.
"Pour l’heure, nous avons
une augmentation raisonnée
des bénéficiaires"
Le soutien aux Ukrainiens est la priorité de vos actions ?
Cette crise et ses répercussions sur Monaco et les communes limitrophes, c’est une nouveauté. Mais notre cœur d’action demeure l’aide sociale, mais aussi le secourisme. Rien qu’au Grand Prix cette année, nous avons totalisé un nombre record d’interventions (plus de 200) à cause de la chaleur.
En local justement, la crise du pouvoir d’achat augmente-t-elle la liste des bénéficiaires de vos aides ?
Nous nous attendions à un impact fort déjà via la pandémie. Il y a une explosion de cas, mais dans un cadre mesuré grâce aux aides déployées par le gouvernement à Monaco et en France pour les populations et les entreprises. Maintenant, ce qui nous attend demain avec le prix de l’énergie qui augmente et le reste, c’est la vraie question… Pour l’heure, nous avons une augmentation raisonnée des bénéficiaires.
Envisagez-vous de capitaliser pour prévenir des temps difficiles ?
La CRM a cet atout financier d’être supportée par l’État monégasque qui couvre pratiquement ses frais de fonctionnement. Pour nos programmes, nous avons des donateurs fidèles à chaque fois. Je n’ai pas vraiment d’angoisse sur le long terme pour arriver à mobiliser les financements. L’Ukraine, c’est incroyable. Mais on avait récolté un demi-million d’euros pour la tempête Alex.
Dans cette levée de fonds, quelle est la place du gala annuel ?
Il est important sur deux niveaux. D’abord il nous aide à continuer à véhiculer depuis plus de 70 ans une image du glamour monégasque. Ensuite, il représente entre 10 et 20 % des dons privés de l’année. Et cette année, nous innovons. D’ordinaire, le numéro du programme distribué à chaque place, fait office de ticket de tombola. Cette fois, des tickets seront mis en vente (100 euros pièce) pendant la soirée. C’est un essai, qui, potentiellement, peut devenir une source de revenus additionnelle.
"Aujourd’hui, sur nos
630 bénévoles, 70 % sont des femmes
et 33 % ont moins de 35 ans"
Comment travaille le conseil d’administration renouvelé l’an dernier avec la vice-présidence confiée à la princesse Charlène ?
C’est un rajeunissement de l’équipe, avec l’arrivée de nouvelles compétences selon la volonté du souverain. Et une féminisation plus poussée puisque le conseil d’administration est composé de quatorze femmes et trois hommes. Camille Gottlieb, à la tête de la section jeunesse, s’implique fortement. Comme Valérie Corporandy en charge du service social, Camille Narmino Blasco à la crèche garderie et Yordanos Pasquier pour la section internationale. Et qui mieux que la directrice du CHPG, Benoite de Sevelinges, pour la section hospitalière ? Tout cela fonctionne bien. Tout le monde est bénévole et travaille en bonne intelligence.
La section jeunesse, notamment, est de nouveau très active ?
Nous avons besoin de faire entrer de nouveaux bénévoles, et nous recherchons des jeunes. Aujourd’hui, sur nos 630 bénévoles, 70 % sont des femmes et 33 % ont moins de 35 ans. La section jeunesse va parler aux jeunes, pour les inciter à rejoindre les rangs de la Croix-Rouge. C’est très positif et c’est essentiel pour faire perdurer nos actions. Je dois d’ailleurs dire que la pandémie nous a aidés car beaucoup de jeunes ont voulu, dans cette période, donner du sens à leurs actions.
Continuez-vous à être aussi actifs dans le monde, notamment au Burkina Faso ?
Nous sommes présents dans sept pays. Notre plus gros engagement est au Burkina Faso et on ne lâche pas. On a une vingtaine d’employés locaux, on maintient nos programmes malgré tout. Il y a deux ans, des kidnappings ont eu lieu et un des membres de la Croix-Rouge burkinabée est toujours aux mains des Islamistes. On a dû sortir des zones du Nord pour sécuriser notre staff, mais on demeure très présents sur notre site pour former aux premiers secours, développer des programmes pour jeunes filles. Pour cela, on peut continuer de s’appuyer sur la Croix-Rouge du Burkina, qui est gouvernée par des acteurs que l’on connaît. Et nous n’avons pas l’intention de baisser les bras.
commentaires