Amitié Sans Frontières vient en aide aux enfants du Yémen depuis Monaco
Créée en 1991 à Monaco, l’ONG rayonne - en français - dans le monde et pourrait ouvrir une antenne aux États-Unis. Le dernier gala a permis de lever 30000 euros pour les enfants du Yémen
Thomas MICHELPublié le 07/02/2020 à 11:30, mis à jour le 07/02/2020 à 12:54
La malnutrition touche des milliers d'enfants yéménites.AFP
Voilà un p’tit bout de femme qui depuis près de trois décennies déplace des montagnes. Fondatrice de l’ONG Amitiés sans Frontières en 1991, Régine Vardon-West ne cesse de mobiliser pour venir en aide à des populations oppressées, opprimées. Cette année, et pour la deuxième année consécutive, le gala d’ASF s’est ainsi tenu à la salle Empire de l’Hôtel de Paris, en présence de 234 membres et amis, avec pour "objectif humanitaire" de "porter secours au Yémen, où un enfant continue à mourir toutes les 10 minutes".
Au sud-ouest de la péninsule arabique, enclavé entre l’Arabie Saoudite, Oman et la mer Rouge, le Yémen est en proie à une guerre civile depuis 2014. Et les enfants sont en première ligne…
Un conflit enlisé au Yémen
Face à face, des rebelles Houthis, qui utilisent des enfants au combat, et le gouvernement yéménite soutenu par une coalition de pays arabes, à commencer par l’Arabie Saoudite. Minorité chiite du Nord du pays, les Houthis, ont développé un sentiment de marginalisation au cours du XXe siècle. Les tensions ont franchi un cap à l’aube du XXIe siècle lorsque leur leader Hussein Al-Houthi, appelle "à combattre l’hégémonie américaine sur le monde arabe et musulman". Or le Président Saleh, lui-même chiite, était engagé depuis le 11 septembre 2001 dans le partenariat de lutte contre le terrorisme avec les États-Unis.
Al-Houthi est assassiné en 2004 et l’Arabie Saoudite ne tarde pas à bombarder les rebelles. L’Iran prend le parti des rebelles et le Printemps arabe conduit à la chute du président Saleh, remplacé par son vice-président. Des négociations visant à redécouper le territoire échouent.
Depuis leur fief de Saada, au Nord, les Houthis marchent alors sur la capitale, Sanaa, en 2014. Et l’Ouest du pays tombe dans l’escarcelle des rebelles avec le soutien de… l’ancien Président Saleh et ses fidèles militaires. La guerre civile fait rage et les raids aériens saoudiens se multiplient.
En 2017, l’ONU, qui reconnaît le gouvernement en place, affirme que chaque camp a commis "des meurtres ou mutilations d’enfants"… Un terreau fragile qui a ouvert la porte à des combattants d’Al-Qaïda et à des actes de terrorisme.
C’est sur cette terre brûlée qu’Amitiés Sans Frontières espère voir pousser les tournesols qui forment son emblème. "Depuis l’âge de 14 ans, avec les scouts, j’ai toujours été en charge des autres. Puis j’ai été déléguée à la jeunesse au Département de l’Intérieur, donc j’ai toujours eu les 8-18 ans comme partenaires", résume Régine Vardon-West, expliquant que le tournesol, "outre sa couleur or et le fait qu’il soit tourné vers le ciel", a été choisi "parce que le soleil brille pour tous, quelle que soit sa classe sociale, sa couleur, sa religion".
Grâce aux dons et au résultat (11 400 euros) de la tombola organisée le soir du gala à Monaco, un chèque de 30 000 euros a ainsi pu être remis par Régine Vardon-West à Paolo Artini, représentant en Principauté du Haut-Commissariat des Nations Unies. L’émissaire de l’ONU a ensuite présenté une vidéo poignante de la situation au Yémen, où les 30 000 euros seront réinvestis pour financer des soins dans les hôpitaux de fortune, apporter de la nourriture aux enfants souffrant de la famine ou encore doter certaines familles d’un abri, une tente.
Le conseil d’administration de la maison-mère monégasque d’ASF a introduit deux nouveaux membres au cours de cette soirée : Sébastien et Pamela Lubert-Notari. Les époux s’engageant à respecter et promouvoir les "trois valeurs exclusives" chères à la présidente d’Amitié Sans Frontières : "Justice, Tolérance et Amitié".
"On ne peut pas taper du poing sur la table et dire “j’ai raison”, il faut écouter d’abord, résume Régine Vardon-West. De là naît l’amitié, d’où découlent la compassion et l’écoute de l’autre".
Deux nouveaux membres ont été accueillis dans l'ONG lors du gala de Monaco.ASF/Bazile.
"J'ai imposé
le Français"
La Principauté ne manque pas de clubs services, pour la plupart satellites de maisons-mères américaines. La fierté d’ASF ? Être née en Principauté et s’être exportée en Italie (onze clubs), au Japon, et bientôt aux États-Unis ? "Après le gala, j’ai reçu quelqu’un qui veut le créer à New York", confie Régine Vardon-West, qui ne transige pas avec les bases. "Je reçois la personne et j’explique les statuts ligne par ligne. Si quelque chose ne vous correspond pas, n’entrez pas !" Et la première des règles, c’est l’usage du Français ! "Je l’ai imposé comme langue d’Amitié sans Frontières, car c’est la langue du pays fondateur."
Depuis la création d’ASF Internationale en 1996, les membres sont venus en aide à des Syriens, des Rohingyas en proie à un génocide aux portes du Bangladesh, et désormais des Yéménites. " J’invite chaque ville à imiter Monaco. Et je leur dis : "Quand toutes vos dépenses sont payées, le tiers vous l’envoyez à l’international pour l’objectif de l’année ; les deux tiers restants, gardez-les dans votre ville. " Une liberté qui a permis à l’antenne italienne d’Asti d’aider des personnes atteintes d’Alzheimer, de soutenir l’œuvre d’Andrea Bocelli pour les enfants aveugles ou encore de soutenir les parents de deux enfants autistes à Savone.
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