Date de livraison, complexité du chantier, présence d'un scarabée... les dernières infos sur la future bretelle de l'A8 à Beausoleil

Quatre phases du chantier, lancé par la pose symbolique de la première pierre en juillet 2021, sont actuellement menées de front. La mise en service est espérée au 1er trimestre 2023.

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Marie Cardona Publié le 28/04/2022 à 11:01, mis à jour le 28/04/2022 à 11:57
Au niveau du virage en amont, la route va être rehaussée de 3 à 4 mètres afin de recréer un virage plus large et une pente au dénivelé moins fort que la configuration existante, répondant ainsi aux normes fixées pour la construction de bretelles autoroutières. VINCI Autoroutes/Jean-Philippe Moulet


C’est un chantier aussi complexe qu’attendu. Complexe d’abord, parce qu’il est soumis à de multiples contraintes : un dénivelé de 40 mètres et des normes sismiques importantes, le tout dans une zone de grand passage puisque les travaux impactent directement la RD 2564, plus communément appelée la Grande corniche.


Mais surtout très attendu car, rappelons-le, le dossier a été remis sur la table depuis… 1995. Époque à laquelle les élus du secteur ont commencé à engager les premières démarches pour la réouverture définitive de cette sortie autoroutière. C’est dire combien le soulagement sera grand quand cette nouvelle bretelle, fraîchement construite, pourra être mise en service.

3 000 véhicules par jour


Selon les prévisions de trafic (estimées par Vinci Autoroutes), quelque 3 000 véhicules par jour emprunteront cette nouvelle voie de délestage vers la Principauté. Car c’est bien là son utilité première. « Sa fonction est vraiment de délester une partie du trafic en direction de Monaco, pour que les automobilistes arrivent par Monaco Est. En détournant ce trafic, on améliore le fonctionnement du tunnel de l’A500. Celui-ci est régi par un arrêté préfectoral d’exploitation qui prévoit qu’à partir de 100 mètres d’embouteillages, le tunnel soit fermé pour des questions de sécurité », rappelle Michael Chamoux, conducteur d’opérations chez Escota. Provoquant un report de circulation sur la commune de La Turbie, avec toutes les nuisances que cela peut entraîner (bruit, pollution, centre-ville saturé, etc.)


Cette situation problématique pour la commune du maire Jean-Jacques Raffaele, fervent défenseur de la reprise du projet, ne devrait plus être qu’un mauvais souvenir après le premier trimestre 2023. Période à laquelle la société d’exploitation autoroutière estime la mise en service de l’ouvrage, après un temps de levée de réserves.


Mais comment avance le chantier ? Où en sommes-nous ? Quand la circulation par alternat pourra-t-elle être levée sur la Grande corniche ? Quatre phases de chantier sont actuellement menées de front. On fait le point.

Quelle avancée pour les 4 phases
du chantier ?

VINCI Autoroutes/Jean-Philippe Moulet.

Quatre phases du chantier sont actuellement menées de front par les entreprises sous-traitantes mandatées par la société TP Spada, titulaire du projet, avec Eurovia, son cotraitant.

Phase 1 : élargissement
de la bretelle d’accès à l’aire

La première zone de chantier se situe le long de l’actuelle route menant à l’aire de service de Beausoleil. « Nous procédons à l’élargissement de la bretelle d’accès à l’aire », explique Michael Chamoux. Pour cela, un mur de soutènement, ancré dans la paroi rocheuse à l’aide de micropieux métalliques fichés à une quinzaine de mètres de profondeur, a été créé. « On réalise une berlinoise, formée de ces micropieux, de clous ancrés horizontalement dans la paroi et de béton projeté. »

Tous les micropieux verticaux ont été posés. « À présent, on installe les clous horizontaux pour ancrer l’ouvrage dans le rocher. »

Le terrassage, réalisé au pied de ce premier ouvrage afin de créer le mur de soutènement, sera ensuite remis en état et renaturé avec des essences locales comme le pin d’Alep et l’olivier. Pour cela, l’agence de paysagiste Composite (basé à Aix) accompagne Vinci Autoroutes tout au long du chantier.

Phase 2 : rehaussement de la route existante

La deuxième zone du chantier se situe au niveau du virage en amont de l’aire de service et qu’on aperçoit depuis la Grande corniche. Là, la route de la nouvelle bretelle va être surélevée de 3 à 4 mètres par rapport à la voie existante.

« Comme il s’agit d’un ancien chemin de service, celui-ci n’est plus conforme aux normes autoroutières actuelles, justifie Michael Chamoux. Le virage est trop serré pour une bretelle d’autoroute, il faut donc prévoir une rotation plus large. En parallèle, la pente de voie existante est trop forte. La nouvelle route permettra de faire une descente plus douce. »

Quant au chemin de service, il sera décalé dans le talus à un niveau un peu plus bas de la route. « Il permettra l’accès à l’aire de service depuis la RD 2564. »

Phase 3 : stabilisation du mur de soutènement

VINCI Autoroutes/Jean-Philippe Moulet.

C’est la partie la plus imposante du chantier. Actuellement, une équipe de ferrailleurs et une de coffreurs interviennent pour renforcer et stabiliser l’ancien mur de soutènement du chemin de service.

« C’est un ouvrage important qui mesure près de 100 m de long, sur 7 à 9 mètres de haut selon les endroits. Il a été réalisé lors de la création du chemin de service, il y a plus de 40 ans. » Il faut, notamment, le remettre aux normes sismiques.

Devant l’ouvrage consolidé, une matrice en béton viendra imiter la forme de la roche. « On aura un ouvrage beaucoup plus beau que ce qu’il y avait avant et qui s’intégrera dans le paysage puisque nous sommes à proximité de sites remarquables comme le Trophée d’Auguste et la carrière romaine », note Michael Chamoux.

Et Sophie Lethuin Farge, responsable communication chez Escota, de compléter : « Des simulations ont également été faites depuis certaines rues de la Principauté depuis lesquelles on a un point de vue sur le chantier. Il fallait aussi que l’aspect visuel soit joli, même d’en bas ».

Phase 4 : construction
du giratoire

VINCI Autoroutes/Jean-Philippe Moulet.

Dernière phase du chantier : la réalisation du rond-point entre la nouvelle sortie et la Grande corniche.

« La patte d’oie existante a été transformée en giratoire. Il a fait l’objet d’études conjointes avec le Département. Sa conception n’a pas été évidente car il est coincé entre une paroi rocheuse et des accès riverains. Il a été rehaussé de presque 1 mètre au milieu pour le raccordement à la bretelle. »

C’est pour permettre sa réalisation ainsi que le renforcement de l’ancien mur de soutènement, qu’une circulation par alternat a été mise en place sur la Grande corniche. « Le giratoire devrait être terminé d’ici fin mai. Le mur pour le 14 juillet. On espère qu’au mois d’août il n’y aura plus d’alternat. »

Repères

  • Août 2022 : fin de la circulation par alternat sur la Grande corniche.
  • 1er trimestre 2023 : objectif de mise en service.
  • Plus d’un kilomètre de micropieux et plus de 5 km de clous ont été nécessaires pour consolider les 5 murs de soutènement qui composent ce chantier.
  • En tout, plus de 1 000 m² de mur de soutènement ont été montés.
VINCI Autoroutes/Jean-Philippe Moulet.

Qui finance ?

Pour rappel, le montant global de cette opération est de 6,06 millions d’euros réparti comme suit :

  • Réseau Escota / Vinci Autoroutes : 2,48 M€
  • Principauté de Monaco : 2,14 M€
  • Conseil départemental des Alpes-Maritimes : 1,235 M€
  • Communauté de la Riviera Française : 200 000 €
Pour l’heure, seule la phase de terrassage a été effectuée à l’emplacement qui accueillera à terme le bassin. VINCI Autoroutes/Jean-Philippe Moulet.

Un bassin multifonction pour retenir les eaux de voirie

Pour l’heure, la création du bassin d’environ 250 m3 n’a pas encore commencé. Son emplacement est cependant visible sur le chantier puisque le terrassement a été réalisé.

Il viendra se nicher en contrebas de l’ouvrage, dans le renfoncement formé entre la Grande corniche, la nouvelle bretelle de sortie et le rond-point en cours de réalisation.

Des études hydrauliques ont bien entendu été menées et ont donné lieu à deux interventions concernant l’écoulement des eaux.

  • L’eau de pluie redirigée dans la nature

Les eaux issues des zones naturelles d’abord : « Elles seront dirigées dans une dépression existante que l’on a recréée avec des rochers », détaille Michael Chamoux, conducteur d’opérations chez Escota.

  • L’eau de voirie contenue et traitée

L’ensemble des eaux de ruissellement issues de la plateforme autoroutière seront récoltées par le bassin « de protection de la ressource en eau ». Celui-ci aura trois fonctions : réguler les apports d’eau, lors de pluies importantes, dans les zones sensibles aux inondations, collecter et traiter (décantation - déshuilage - élimination des corps flottants) les eaux de ruissellement venant de l’autoroute et servir de confinement en cas de pollution accidentelle (ex. : accident avec rejet d’hydrocarbures sur les voies).

« Grâce à un système siphoïde, les éventuelles pollutions contenues dans les eaux sont retenues. L’eau propre est rejetée dans la nature. En cas de pollution, elle est collectée et évacuée pour être traitée », rappelle Michael Chamoux.

Et d’assurer : « En termes hydrauliques, ce projet améliore la situation existante car aujourd’hui toute l’eau arrive directement dans la nature. On réalise un ouvrage qui va permettre de retenir les pollutions »

Le Dichromacalles rolletii vit sur l’Euphorbe arborescente. DR.

Un scarabée "à très fort intérêt patrimonial"

Avant la pose symbolique de la première pierre du chantier, à l’été 2021, des travaux forestiers ont été menés au début de l’année en concertation avec des écologues.


Cette première phase du chantier a permis d’identifier une espèce de coléoptères « à très fort intérêt patrimonial », explique Michael Chamoux, précisant toutefois qu’il « ne s’agit pas d’une espèce protégée ». Des mesures de protection de son habitat ont donc été prises.

« Le Dichromacalles rolletii vit sur l’Euphorbe arborescente. Il existe beaucoup de ces buissons sur le périmètre du chantier. Ceux situés sur des zones de travaux ont été transplantés pour être mis de côtés et seront remis sur site à la fin du chantier. »

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