Attablés à la terrasse du mythique restaurant La chèvre d’or à Èze, avec vue plongeante sur la mer, nous rencontrons Francis Huster, le parrain du nouveau festival Les Théâtrales d’Èze, en compagnie du comédien David Brécourt, à l’initiative de ce nouvel événement.
Sous un soleil de plomb, alors qu’on est en sueur et que l'on porte des lunettes de soleil, l’acteur garde sa veste de costume et son manteau d’hiver. Rien ne le perturbe quand il s’agit de parler de théâtre et de son maître-mot: la transmission.
Passage de flambeau
S’il devait décrire Les Théâtrales d’Èze en trois mots, ce serait: "la jeunesse, la passion, l’audace". Mais Francis Huster ne s’arrête pas là. Parce que ces Théâtrales sont plus que cela: "C’est un festival qui existe dans une optique de transmission, en tenant la porte ouverte pour les jeunes comédiens, pour qu’une nouvelle génération puisse éclore."
Et puis, il y avait l’envie de faire quelque chose dans la région. Ce festival à Èze, serait-ce une suite au projet d’école de théâtre à Nice, abandonné en 2018, auquel s’était associé le comédien? "Tout à fait. Pour moi, le plus important, c’est de remettre l’art au centre de la vie des Français. Je me sens responsable de transmettre à la jeunesse, et bien que le projet d’école à Nice soit tombé à l’eau, les Théâtrales s’inscrivent dans la même démarche de passation", déclare Huster.
Tandis que David Brécourt ajoute: "J’aimerais transmettre ma passion aux spectateurs. S’ils reviennent l’année prochaine les yeux fermés, c’est gagné. Le projet serait que les Théâtrales deviennent une résidence, où l’on crée des pièces maison. Qu’elles deviennent une référence, un point de passage du théâtre français. Pourquoi pas lier une école au projet? En tout cas, il y aura des stages."
Et pourquoi Èze, nid d’aigle perché dans les hauteurs azuréennes? "Justement, c’est parce que c’est là où ça ne devrait pas être, répond Huster. Un festival de théâtre, ça devrait être dans un lieu à l’allure scénique, où il y a des gens. Ici, c’est retiré du monde, mais c’est aussi le deuxième lieu le plus visité, après le Mont Saint-Michel. Si la flamme prend, ça fonctionnera: c’est un lieu qui ressemble à David et à sa personnalité, il veut créer l’inattendu."
Pour de nouveaux visages sur scène
Il y a peu, on voyait le comédien de 75 ans à l’affiche des Pigeons, pièce de Michel Leeb, dans lequel ce "duo à l’italienne" joue deux acteurs de seconde zone complètement démodés. Un duo d’acteurs bien installés, qui laisse en théorie peu de place à de nouveaux visages. Un symptôme du théâtre français?
"Pas du tout, au contraire! Dans Les Pigeons, on est complètement dépassés par deux acteurs plus jeunes, Chloé Lambert et Philippe Vieux, qui nous éclipsent. Même dans Ici tout commence, ma dernière série télévisée: il y a énormément de jeunes qui ont des rôles principaux. A mes débuts, il y avait quatre acteurs – Depardieu, Dewaere, Huster, Giraudeau – qui avaient les rôles principaux et les jeunes jouaient des petits rôles. Aujourd’hui, les jeunes apprennent le métier en ayant des rôles importants, ça n’existait pas avant."
Davantage de théâtre à l’école
On connaît sa position sur la place du théâtre dans la société moderne, puisqu’il l’a déjà dit dans la presse: il n’y en a pas assez. Il devrait y avoir plus de théâtre dans les programmes scolaires, insiste-t-il.
"C’est indispensable. C’est une génération qui est dans un téléphérique, qui veut tourner le dos à tout ce qui a été fait. Elle veut monter le plus haut possible, et c’est magnifique, mais une corde la retient en arrière: les valeurs artistiques. Comment se fait-il que pour le corps on fasse tout à l’école, on apprend à nager obligatoirement, mais pas pour l’esprit? Que l’on n’emmène pas les enfants une fois par mois au moins au théâtre?"
Et c’est pour cette raison que le comédien a décidé de devenir le parrain de ce nouveau rendez-vous théâtral. Pour Francis Huster, ce festival pourrait devenir Les Enfants du Paradis d’Èze, portées par une ribambelle de nouveaux talents.
Et certains enfants d’acteurs célèbres. En quatre soirs, on retrouvera en effet sur scène les fils et filles de Catherine Deneuve, Roger Vadim, Michel Sardou, David Brécourt, Philippe Lellouche…
Les théâtrales d’Èze, du 5 au 8 août à l’Oppidum du Col d’Èze. Tarifs: 25 euros le spectacle, 10 euros pour les moins de 18 ans. Renseignements: et réservations: lestheatralesdeze.com
Des projets à foison
Que ce soit pour David Brécourt ou Francis Huster, les prochains mois s’annoncent chargés.
Le premier entreprend une tournée pour son seul en scène En ce temps-là l’amour et la mise en scène d’une pièce sur les rats-taupes nus… (Un gène entre nous).
Le second va partir en tournage pour TF1 avec la série La Tribu, aux côtés d’Alix Poisson et Jonathan Zaccaï, et enchaînera sur deux séries policières.
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