David Wahl est une sorte de conteur-explorateur, dramaturge, écrivain et interprète. Mardi dernier, il était sur les planches du Théâtre Princesse-Grace pour jouer "Le Sale discours", qui est sa quatrième causerie, dans laquelle se mélangent le théâtre et la science, les récits populaires, le savoir et la curiosité.
Qu’est-ce que "Le Sale discours"?
C’est une causerie, un texte que j’ai élaboré au cours d’une enquête qui a duré un an et demi et durant laquelle j’ai rencontré des scientifiques, des philosophes, des historiens. Je me suis interrogé sur les notions de propre et de sale. Et j’ai essayé de répondre à cette question: pourquoi, si l’homme est de plus en plus propre, le monde, lui, est de plus en plus sale? Cette causerie, c’est avant tout un récit sur notre environnement, qui est façonné par nos ordures, nos déchets et nos excréments. Quel miroir est-ce de nous? Qu’est-ce que nos déchets, nos poubelles disent de nous? Mais aussi, c’est une histoire de l’Homme, de sa peur de la mort, de son instinct de survie et de ses désirs d’éternité. Des choses un peu tabou de notre époque. Et puis, c’est aussi pour montrer que les déchets, ce n’est pas seulement une problématique technique et scientifique, ça peut être aussi poétique.
L’écologie, la protection de l’environnement, ce sont des sujets qui vous touchent particulièrement?
Oui, énormément. "Le Sale discours", c’est le deuxième spectacle d’un triptyque. Il y a eu plusieurs causeries auparavant. Il y avait une autre causerie au début, qui s’appelait "La visite curieuse et secrète ou relation véritable des choses inouïes se passant en la mer et ses abysses". C’est un texte que j’avais élaboré à la suite d’une enquête avec des océanologues. On avait beaucoup travaillé sur le rapport très ambigu de l’homme à l’océan. L’océan est à la fois un espace d’exploitation, d’exploration, d’angoisse et maintenant la science, par ses découvertes, nous montre que l’on est beaucoup plus relié à cet océan que l’on se l’imaginait. Il y a un rapport à la biodiversité et à l’écosystème très important. Et je viens de terminer un spectacle pour les enfants, qui s’appelle "Histoire de fouilles" et qui parle du plastique. C’est un prétexte pour pouvoir parler de l’Homme, mais de façon différente.
Que pensez-vous des engagements, comme le pacte énergétique, pris par la Principauté?
C’est plutôt très prometteur, mais aussi très audacieux. D’abord, pour moi, c’est important de jouer à Monaco, car c’est un pays qui est extrêmement investi dans l’économie circulaire, dans le recyclage et dans la lutte contre les plastiques. C’est très important, car c’est une matière qui pose beaucoup de problèmes. Il ne s’agit pas de revenir à une époque sans plastique, mais il s’agit de réfléchir à son éco conception, c’est-à-dire un plastique qui peut mourir sans faire trop de dégâts. De toute façon, toutes les politiques de l’avenir – et ça, je pense qu’à Monaco c’est compris –, ne peuvent reposer que sur une réflexion écologique.
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