Guillaume Couillard, chef de rang du tennis monégasque, se dévoile avant une rencontre décisive en Coupe Davis
A l’approche de la rencontre décisive de Coupe Davis face à l’équateur au Monte-Carlo Country Club les 15 et 16 septembre prochains, portrait d’un capitaine aussi dévoué que passionné.
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Yannis DAKIKPublié le 02/09/2023 à 08:45, mis à jour le 02/09/2023 à 11:29
Arrivé en Principauté en 1999, Guillaume Couillard est devenu l’entraîneur des joueurs monégasques avant de prendre les rênes de l’équipe de Coupe Davis en 2016.Photo Jean-François Ottonello
Guillaume Couillard fait partie de ceux qui ont passé pratiquement toute leur vie dans le monde de la balle jaune. "Mon papa jouait au tennis à un niveau amateur, il était classé 15/2. Je le suivais dans le club et j’ai commencé à jouer contre un mur vers 6 ou 7 ans. À l’époque, j’habitais en Bourgogne et le CTR (Conseiller technique régional), qui est le responsable du tennis régional là-bas, m’a vu jouer et il a dit que je n’étais pas mauvais et qu’il faudrait me faire passer des tests à la Ligue. J’y suis allé et je me suis retrouvé parmi les meilleurs sans vraiment avoir joué."
Rapidement, il impressionne et gravit les échelons. "Je me suis retrouvé à l’école de tennis dans un club à Reims. J’ai été pris dans les entraînements départementaux. J’ai commencé à vraiment aimer cela et à beaucoup jouer. J’ai progressé assez vite d’un coup et j’ai eu l’opportunité d’en vivre alors j’ai saisi l’occasion."
Une carrière minée par des blessures
L’occasion, c’est une carrière professionnelle qui s’est faite principalement en simple, sur le circuit secondaire. Le Français a atteint son meilleur classement - 569e à l’ATP - le 28 octobre 2002. Mais les pépins physiques ne l’ont jamais laissé tranquille. "J’ai passé plus de temps à être blessé et à me rééduquer qu’à jouer. [rires] Je ne sais pas si j’aurais fait mieux. J’avais espoir de faire mieux. Je jouais sur les tournois qu’on appelait ‘‘satellite’’ à l’époque, les ancêtres des Futures."
Empêtré dans une carrière professionnelle qui n’a finalement jamais vraiment décollé, Guillaume Couillard a tenté de rebondir en Principauté grâce à la Fédération monégasque de tennis (FMT), loin de ses terres natales."J’ai commencé à vivre à Monaco en 1999. J’étais un peu perdu à Reims après deux ans d’arrêt et deux opérations du bras. J’étais seul, sans partenaire. La FMT m’a accueilli. Elle m’a dit qu’elle savait que j’étais en galère et qu’elle voulait m’aider. J’étais très reconnaissant, c’était un rêve de pouvoir mettre un pied dans ce club qu’on connaît de la TV avec le Masters 1000. J’ai tout de suite dit oui et merci et c’est à ce moment que j’ai commencé à voyager avec d’autres joueurs de l’équipe de la Principauté. On partait disputer des tournois en simple et cela nous arrivait de jouer le double ensemble."
Après plusieurs années de résidence à Monaco, le règlement de l’ITF lui a permis de représenter la Principauté, lui qui évoluait jusqu’alors sous la bannière française. La FMT lui a alors fait une autre proposition alléchante. "J’ai été joueur à temps plein jusqu’en 2007. Puis, fin 2007, l’entraîneur qui était en place, Emmanuel Heussner, a dit qu’il arrêtait d’entraîner et qu’il devenait uniquement capitaine de l’équipe de Coupe Davis, qui sont deux postes distincts. À ce moment-là j’avais une petite fille. J’avais toujours des pépins physiques et ils m’ont proposé le poste. Le timing était parfait. J’ai encore une fois dit oui et merci. [rires]"
Les débuts du capitanat
Quelques années plus tard, en 2016, celui qui va fêter ses 48 printemps en décembre a en plus repris les rênes de l’équipe de Coupe Davis. Une double casquette qui n’est pas de tout repos. "J’entraîne les joueurs tout au long de l’année pour des tournois individuels comme Grasse, l’US Open… Ensuite, quand vient la Coupe Davis, je deviens capitaine. Je sélectionne les joueurs et c’est moi qui organise tout cela."
Fatigant, certes. Mais il savoure."C’est passionnant et c’est ce que j’aime dans mon poste. J’ai plein de profils différents. J’ai un jeune de 15 ans, Lenny Petit, qui fait partie des meilleurs. J’ai des joueurs de simple, certains spécialistes de dur et d’autres de terre battue. J’ai des joueurs de double. J’aime le fait de travailler différemment, les journées ne sont pas les mêmes. Mon discours doit être totalement différent en fonction de la personnalité du joueur et de son profil. Je m’éclate là-dedans."
Pourtant, le chef de rang du tennis monégasque doit parfois passer d’un extrême à un autre. D’un Grand Chelem avec Hugo Nys à un tournoi junior avec Lenny Petit. "On pourrait dire qu’il y a un choc en termes d’organisation. L’un joue devant des milliers de personnes et après on joue devant vingt personnes. C’est différent mais je sais que quand je suis dans un Future ou un tournoi junior avec Lenny, c’est son quotidien. C’est son tournoi. Je le prends de la même manière et je prends autant de plaisir. Mon rôle a encore plus de sens dans un tournoi plus compliqué avec une organisation difficile. Je dois être encore plus concentré pour l’aider."
Un groupe WhatsApp et une équipe soudée
Pas évident non plus de garder le lien avec une petite dizaine de joueurs éparpillés un peu partout dans le monde. Mais le capitaine a trouvé la recette. Et elle fonctionne. "On communique pratiquement quotidiennement même quand je ne suis pas avec certains joueurs. Mis à part Lenny, ce sont des joueurs que je connais depuis plus de dix ans. On sait qu’il y a de la bienveillance, qu’on s’apprécie, sinon on ne serait plus là. Je tiens vraiment à ce qu’on soit une famille. C’est tout bête mais on a un groupe WhatsApp sur lequel on est tous. Dès qu’une rencontre est terminée on se félicite, on se console. On se donne des nouvelles, on s’envoie des conneries."
Une alchimie ô combien importante pour le capitaine, d’autant plus que les joueurs passent seulement quelques semaines par an à s’entraîner au Monte-Carlo Country Club. "Il faut qu’il y ait un lien permanent toute l’année pour que quand on se retrouve, et c’est d’ailleurs notre force parce qu’on est une bande de copains, on ait l’impression de ne s’être jamais quittés. On n’a pas besoin de plusieurs semaines pour recréer une émulation."
Une force qui fait sa fierté. "Depuis 25 ans que je suis là, je n’ai jamais vu un joueur dire qu’il ferait l’impasse sur la Coupe Davis."
En février, Monaco avait battu la République Dominicaine.Photo d'archives Jean-François Ottonello..
Une rencontre décisive face à l'Equateur
L’équipe de Monaco de Coupe Davis recevra l’équateur au Monte-Carlo Country Club les 15 et 16 septembre prochains. Une rencontre décisive qui leur permettrait ensuite de disputer les qualifications pour l’accession au Groupe I, plus haut niveau mondial.
Un exploit qui n’a jamais été réalisé dans l’histoire de la Principauté. Seulement voilà, Guillaume Couillard le sait, lui et ses joueurs ne sont pas favoris. "Leur numéro un est le fils d’Andrés Gomez, qui a gagné Roland Garros face à Andre Agassi en 1990. Il a été Top 100 en début d’année. Ils ont aussi deux spécialistes de double dont Gonzalo Escobar qui est 50e à l’ATP."
Le capitaine s’attend donc à une rencontre extrêmement serrée. "En double ça se vaut parce qu’on aura une équipe de spécialistes. En simple leur numéro 1 est au-dessus de nous." Blessé depuis plusieurs semaines au bras, Lucas Catarina devrait faire partie de l’équipe.
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