Tapes sur les fesses, couches non changées, mots blessants... Elle a travaillé dans des crèches du Var et des Alpes-Maritimes, une ancienne salariée témoigne

"Ce n’est pas parce qu’on ne tape pas les enfants qu’il n’y a pas de maltraitance." À 30 ans, Sophie (1) a travaillé dans douze crèches des Alpes-Maritimes et du Var, dans les structures municipales mais surtout dans les grands groupes privés La Maison bleue, People & Baby, Babilou, avant de quitter ce microcosme, écœurée.

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M. T. Publié le 23/09/2023 à 10:46, mis à jour le 23/09/2023 à 10:54
Sophie, ancienne salariée de crèches privées, dénonce des conditions de travail conduisant à la maltraitance. Photo F. E.

"Je faisais beaucoup de remplacements. Je m’occupais de la gestion des contrats, du nombre d’enfants. Si on avait une autorisation pour trente enfants, on replissait au maximum. Le ratio [défini par la loi, Ndlr] est d’un adulte pour huit enfants qui marchent et d’un adulte pour cinq enfants qui ne marchent pas. On était plutôt à un pour dix. Dans ces cas-là, on s’occupe de celui qui crie le plus fort", dénonce la jeune femme qui vit aujourd’hui dans l’Est-Var.

Seul dans le dortoir

C’est dans ces conditions, en sous-effectifs et sous pression, que Sophie a entendu des propos inappropriés, des mots blessants, racistes parfois, prononcés par des auxiliaires de puériculture. Elle a aussi surpris des conduites inadaptées.

"Je me souviens d’un petit garçon qui pleurait beaucoup et qui mordait, parce qu’à cet âge-là, c’est le seul moyen d’expression. En allant chercher une couche dans ce service, j’ai vu qu’il était enfermé seul dans le dortoir pendant que les autres jouaient, parce que la professionnelle était seule avec douze enfants. Je suis certaine que ce n’était pas la première fois" déplore-t-elle, amère.

Quatre bébés retrouvés sur un parking

La jeune femme décrit des couches changées à la chaîne et à la hâte, "sans aucun respect de l’intimité de l’enfant", des tapes sur les fesses que la loi interdit, des tout-petits qu’on pose au sol brutalement parce que la salariée est excédée.

"Dans une crèche où je débutais, quatre enfants s’étaient enfuis par un portail mal fermé. Ils avaient été retrouvés sur le parking par des parents. La fille a été convoquée par la directrice, mais le problème c’est surtout que ce jour-là, elle était seule avec seize enfants", s’indigne encore Sophie. "Dans cette même crèche, prévenue qu’un contrôle allait intervenir, la directrice s’est décidée à appeler un plombier alors qu’on n’avait plus d’eau chaude depuis des jours, en plein hiver, et de faire réparer des lits cassés. Les contrôles devraient être inopinés".

Au bout de 3 ans, Sophie a fait un burn-out. "Je rentrais tous les soirs en pleurant. J’ai mis six mois à m’en remettre. J’ai repris le travail dans une autre crèche mais je n’étais pas épanouie. On faisait tout à la chaîne". La jeune femme arrête tout mais, parce que travailler avec les enfants est sa vocation, elle décide de devenir assistante maternelle, et de recevoir les enfants à son domicile. "Les parents pensent que placer son enfant en crèche est plus rassurant car il est gardé par plusieurs adultes, mais une assistante maternelle est seule avec quatre enfants maximum, ce qui n’est pas le cas en crèche". 

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