"La course a été plus difficile qu'il ne l'avait imaginée": La femme de Boris Herrmann se confie

A un jour de l’arrivée des skippers aux Sables d’Olonne, Birte Lorenzen, se confie sur la course son mari, Boris Herrmann. A la barre du Seaexplorer – Yacht-club de Monaco, le marin allemand est actuellement deuxième du Vendée Globe à 85 milles nautiques du leader.

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Thibaut Parat Publié le 26/01/2021 à 12:00, mis à jour le 26/01/2021 à 12:06
Birte Lorenzen. Photo DR

Leur première rencontre remonte à 2014, dans un café à Hambourg, en dehors du contexte de la voile. A l’époque, Birte Lorenzen ignorait tout des activités nautiques de Boris Herrmann. De cette union est née Marie-Louise, désormais 7 mois au compteur.

Depuis l’Allemagne où elle est confinée avec leur petite fille, Birte Lorenzen ne cache pas sa fierté quand il s’agit d’évoquer le parcours épique de son époux sur l’immensité bleue.

Avant le départ, avec quels mots vous décrivait-il l’aventure Vendée Globe?
C’est le rêve de Boris. Depuis son enfance, son objectif était de participer au Vendée Globe. Pour lui, il s’agissait de vivre cette aventure, de vivre la beauté de la nature; de ressentir les forces de la nature, de se construire une expérience, en relevant son propre défi et de grandir avec.

Il n’a pas du être déçu du voyage. Ses sentiments ont-ils changé pendant la course?
Boris était heureux. Il avait une motivation positive, qu’il a conservée. Mais la course a été plus difficile qu’il ne l’avait imaginée. Boris n’est pas quelqu’un qui se plaint.

Mais il disait presque chaque jour que cette course était très dure. A terre, on ne peut pas, je crois, imaginer la réalité de la dureté de cette course. Chaque jour aura été un défi et, quotidiennement, il a relevé ces défis. Et cela lui procure une joie immense.

A quelques heures de l’arrivée aux Sables d’Olonne, quel regard portez sur sa course?
L’arrivée va être un moment très particulier. Sur le plan sportif, Boris réalise une course fantastique et a de bonnes chances d’atteindre une place sur le podium. C’est un suspense incroyable. Mais cette course autour du monde n’est pas seulement un défi sportif, c’est aussi, pour lui, un parcours de recherche scientifique avec son laboratoire mobile à bord.

#theRaceWeMustWin prend alors tout son sens. Il ne s’agit plus seulement du Vendée Globe et d’arriver bien classé, mais surtout de mettre en avant la sauvegarde des océans, à travers notre programme #MyOceanChallenge, qui a pour objectif de promouvoir la protection des océans, la formation des jeunes et l’étude scientifique des fonds sous-marins à travers la planète.

Sur ce tour du monde, Boris a pu relever des données océaniques pertinentes comme les taux de CO2 mesurés. C’est assez fantastique et c’est en soi un grand succès. Des scientifiques du monde entier ont accès à ces données récoltées, et nous améliorons nos connaissances sur l’impact du changement climatique sur les océans et sur son rôle.

Boris a pu inspirer un grand nombre de personnes sur ce sujet, diffuser notre message en faveur de la préservation des océans et leur faire vivre en direct cela pendant la course. 22.000 enfants ont suivi avec fascination notre propre programme pédagogique, dédié aux écoles, et ont suivi les aventures de Boris autour du monde.

J’espère qu’ils ont ainsi pu enrichir leurs connaissances sur les océans, sur le changement climatique et les solutions prometteuses qui peuvent exister. Ils ont participé à des conférences zoom en direct avec Boris. Les enfants lui donnent beaucoup de force et de motivation.

A quelle fréquence avez-vous échangé pendant ce tour du monde?
Nous avons échangé tous les jours à travers WhatsApp. Boris dispose d’un casque de pilote d’avion qui filtre le bruit et nous avons pu avoir des conversations étonnamment bonnes et audibles. Ce lien nous a donné à tous les deux beaucoup de force et c’est très important pour nous.

 

Boris Herrmann. Photo Andreas Lindlah.

A défaut de pouvoir parler de la stratégie de course, quelles conversations avez-vous eu?
Nous parlions beaucoup de nos ressentis. Comment nous allions… J’essayais d’être présente à ses côtés, même de l’autre côté du bout du monde. De la même manière, c’est exactement comme cela qu’il était là pour moi.

Nous parlions de manière honnête de ce qu’il se passe en ce moment. Je lui parlais tous les jours de notre petite fille de 7 mois: ce qu’elle vit au quotidien, ce qu’elle apprend de nouveau. Ainsi, même à distance, il arrivait à suivre ses progrès.

Une fois, alors que je pensais que la liaison ne s’était pas établie et que j’avais posé le téléphone sans avoir raccroché, Boris est resté en ligne et il a adoré m’écouter parler à notre bébé et avoir l’impression d’être avec nous dans notre notre salon. Boris m’a avoué avoir écouté pendant un long moment.

Qu’est-ce qu’il lui manque le plus, selon vous?

La famille, les amis, le réconfort...

On sait que le Vendée Globe est une course longue, difficile, imprévisible et, de fait, dangereuse. Avez-vous eu peur de ce qu’il pouvait lui arriver en mer?
Je n’ai pas vraiment peur. Boris se déplace de manière très intuitive sur le bateau et il sait vraiment ce qu’il fait. Nous avons navigué ensemble sur le bateau: il est comme à la maison. Boris navigue toujours de manière attentive et il n’a pas pris trop de risques. En parallèle de ses ambitions sportives, il lui était important d’arriver.

Il veut ramener le bateau à bon port autant pour améliorer nos connaissances sur le climat que d’être une source d’inspiration pour les enfants. Ne serait-ce que pour des raisons écologiques, il n’a pas risqué de faire subir des dommages au bateau. Il n’a donc pris que des risques calculés. Le reste, c’est le destin et j’ai un bon instinct : le destin semble bien intentionné pour nous.

Lors d’une vacation, Boris a dit: “ Parfois, je compare ma course avec la manière dont la vie de ma femme avec mon bébé s’organise. Avec le sommeil haché à cause des pleurs du bébé toutes les deux heures la nuit, elle ne peut jamais simplement s’asseoir et avoir une soirée ou une nuit tranquille sans qu’il ne se réveille. Cela semble complètement imprévisible, comme ici.”

Que pensez-vous de cette métaphore entre la vie de parent et l’aventure tumultueuse du Vendée Globe?
Je vis ma propre aventure ici à terre avec notre fille de 7 mois. C’est très gratifiant, mais aussi absolument intense et je me heurte moi aussi aux limites de mes propres ressources.

Souvent, notre première question du matin est: comment s’est passée la nuit?
Et puis nous devons sourire, parce qu’elle s’est passée souvent au même rythme. J’ai beaucoup de respect pour ce que Boris endure. Mais il a aussi du respect pour moi et pour la tâche de rester seule, confinée avec un nourrisson depuis si longtemps, en cette période de coronavirus, où il n’est pas facile de se faire aider.

Nous avons développé le plus grand respect pour les mères ou pères célibataires. Vous êtes des super-héros!

“Rhôooooooooo!”

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