Suspecté de violences sur sa compagne, il est relaxé faute d’éléments

D’un commun accord et sans exception, rien ne peut justifier la violence conjugale. Mais si, de plus en plus, le foyer est synonyme de danger dans notre société moderne, il ne suffit pas aux épouses de venir étaler devant le tribunal correctionnel les dérives des comportements masculins. Il faut également en fournir les preuves.

Jean-Marie Fiorucci Publié le 10/02/2018 à 15:26, mis à jour le 10/02/2018 à 15:29
"Il n’y a même pas eu un cri", avance le prévenu. Illustration NM

En l’occurrence, dommage de voir la victime absente à l’audience, toutefois représentée par son conseil. Car au moment de déposer plainte, l’incohérence dans ses dépositions, l’incompréhensible dans ses déclarations et quelques contradictions ont brouillé les pistes.

Elle a été déboutée de sa demande. Quant au mari, décrit comme un machiste, mais avec une allure assez proche du mouton à la barre, il a tout contesté! Jusqu’à apparaître, avec sa canne, comme un apôtre de la non-violence. Il a été relaxé.

À l’issue du délibéré, les juges ont estimé "manquer d’éléments probants pour savoir exactement ce qui s’était passé le 22 août dernier, dans l’appartement du couple en instance de divorce", a précisé le président Jérôme Fougeras Lavergnolle.

Pourtant, rien n’épargne le prévenu: des blessures confirmées par un certificat médical; quinze jours d’ITT constatés par un médecin du CHPG; plusieurs mains courantes et plaintes déposées à la Sûreté publique.

Et la partie civile, qui s’est acharnée sur le sexagénaire. "À peine cinq ans de mariage, souligne Me Alice Pastor, et Madame dépose une demande de divorce pour se protéger des violences verbales et extrêmes. Monsieur refuse! C’est une descente aux enfers depuis un an pour ma cliente. Le temps passé avec son époux a fragilisé sa santé. Nous réclamons 6.000 euros de dommages et intérêts."

Le prévenu, calmement, rappelle qu’il est venu dans l’appartement afin d’avoir la clé pour prendre ses affaires à la cave. Mais sa femme, énervée, refuse de lui donner le trousseau en coinçant l’anneau avec son pouce.

Alors, le mari aurait tenté de le lui arracher des mains. S’il ne conteste pas sa présence au domicile monégasque, l’homme réfute tout geste violent! "Il n’y a même pas eu un cri! J’ai parlé pour améliorer le climat. Comme il n’y avait rien à faire, je suis parti. Les blessures? C’est une simulation pour me nuire…"

Le premier substitut Olivier Zamphiroff s’étonne "de l’absence de confrontation".

"Le certificat médical ne me satisfait pas. On relate de probables fractures alors que la plaignante vient pour une douleur au pouce droit. Pour quelle raison retourne-t-elle consulter le lendemain pour une douleur au poignet? En l’état, il y a de fortes difficultés pour expliquer les décisions de violence. Soit, vous renvoyez pour des mesures complémentaires d’instruction. Soit, je m’en rapporte à votre sagesse."

La défense saluera les réquisitions courageuses du ministère public. "Madame accuse. Monsieur conteste, formule Me Christophe Ballerio. On ne connaît pas précisément le jour des faits… Il y a une incompréhension sur les prétendues blessures de l’adversaire avec aucun soin. Il n’y a aucune fracture. Vous ne pouvez entrer en voie de condamnation! Relaxez mon client!"

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