8 conseils simples pour utiliser Internet sans (trop) réchauffer la planète
Smartphone, ordi, objets connectés, mails, visio… Le numérique représente 2,5% de l’empreinte carbone de la France, soit un peu plus que le secteur des déchets. Quel impact a notre usage d’Internet sur la planète et comment le limiter sans trop se prendre la tête? Un spécialiste de l’Agence pour la transition écologique aide à y voir plus clair.
Aurélie Selvi - aselvi@nicematin.frPublié le 17/09/2023 à 15:00, mis à jour le 17/09/2023 à 14:11
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Notre usage du numérique a un impact sur le climat.Unsplash / Austin Distel
Au travail et dans tous les recoins de notre vie privée, le numérique est partout. Et notre usage omniprésent des ordinateurs, smartphones, plateformes de streaming et autres réseaux sociaux n’est pas neutre pour le climat. En France, "les impacts environnementaux annuels du numérique représentent 6,3% de la consommation d’énergie primaire, 3,3% des émissions de gaz à effet de serre, 2,2% de la consommation d’eau du territoire et une excavation de près de 4 milliards de tonnes de terre", peut-on lire dans le rapport Evaluation de l’impact environnemental du numérique en France, co-réalisé par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep).
Impact environnemental du numérique
L’essentiel de l’impact du numérique sur les émissions de gaz à effet de serre est lié à l’étape de fabrication. "Un smartphone contient une cinquantaine de métaux rares. L’extraction est très polluante. Suit la fabrication des équipements, généralement en Asie, puis le transport jusqu’au point de vente", rappelle Erwann Fangeat, coordinateur du pôle Numérique et Durabilité à l'Ademe.
"Acheter reconditionné divise par 8 l'impact environnemental d'un objet", Erwann Fangeat de l'Ademe
Réduire son impact, c’est d’abord limiter ses achats. A-t-on vraiment besoin de ce double ou triple écran au bureau? De cet imposant smartphone dernier cri? "Plus un équipement est grand, plus son bilan de fabrication et de consommation s’alourdit", dixit notre spécialiste, qui rappelle aussi qu’acheter reconditionné "divise par 8 l’impact environnemental d’un objet". En vigueur depuis janvier 2021 pour les smartphones, ordinateurs portables et téléviseurs, l’indice de réparabilité permet aussi à l’acheteur de faire des choix plus éclairés. Mais nos usages aussi peuvent être corrigés.
#1 Utiliser ses appareils le plus longtemps possible
"Pour retarder la fabrication de produits neufs, c’est la première action à faire. Un retour sur deux en SAV n’est pas le fruit d’une panne mais d’un mauvais entretien", rappelle Erwann Fangeat de l’Ademe.
Les conseils: pré-ser-ver ses équipements! "Coque, films de protections pour limiter l’impact des chute; ne pas travailler avec son ordi sur les genoux car cela l’empêche de se ventiler correctement; mettre à jour régulièrement ses logiciels pour éviter les bugs, trop souvent confondus avec des pannes; entretenir sa batterie en chargeant son appareil dès qu’il se trouve à 20% et uniquement le temps nécessaire; éteindre son ordinateur plutôt que de le laisser en veille", égraine le spécialiste. Enfin, quand la panne est là, il ne faut pas négliger l’option réparation. Pour cela, le gouvernement a mis en place un bonus réparation pour les produits qui ne sont plus sous garantie. Un forfait compris entre 10 et 45 € à faire valoir chez un réparateur agréé. Télé et équipements informatiques et télécommunications sont concernés par le dispositif. Plus d’infos ici.
#2 Diminuer les clics et les recherches frénétiques
Qui n’a jamais "googlisé" frénétiquement une info insolite ou une question anodine au beau milieu d’une conversation… plusieurs fois dans une soirée, même? Là aussi, il s’agit de se raisonner si on veut limiter son empreinte carbone. "Sur Internet, chaque clic compte. Chaque fois que vous sollicitez un moteur de recherche, il interroge un serveur je-ne-sais-trop-où et vous envoie la réponse. Donc, oui, cela a un impact", rappelle le spécialiste de l’Ademe. "Une requête Google effectuée sur un smartphone, ça pèse à peu près 0,1g de CO2. Sauf que chaque jour, il y a 6,9 milliards de requêtes sur Google dans le monde", apprend-t-on dans l’ouvrage Cliquer, c’est polluer (éditions 404). On vous laisse faire le calcul…
Les conseils: pour limiter les clics, taper l’url d’un site (nicematin.com et varmatin.com par exemple) ou placer ceux qu’on consulte le plus en "favoris" sont de bonnes pistes. Se limiter un peu reste LA solution.
Couper la caméra pendant une visio limite votre impact environnemental. Photo d'illustration Istock.
#3 Couper la caméra pendant les visio au travail
Boostée par l’accélération du télétravail induite par la pandémie de Covid-19, la visio est rentrée dans les mœurs au boulot. Non sans effet. "Faire une réunion en viso en utilisant la caméra, c’est consommer 10 fois plus de données qu’avec un simple appel, donc plus d’énergie également", précise Erwann Fangeat. En général, la vidéo sur le Web est à utiliser avec parcimonie, met-il en garde.
Les conseils: en visio, allumer la caméra en début de réunion, "pour le côté social", puis la couper et poursuivre l’échange en audio. "Pour écouter de la musique, par exemple, mieux vaut privilégier une plateforme audio plutôt qu’aller sur YouTube", conseille le spécialiste.
#4 Ne pas regarder tous ses programmes en streaming
Netflix, OCS, Disney +, Prime vidéo… Selon une étude de 2021, un Français consacre plus de 6 heures par semaine à regarder des programmes en streaming. Les vidéos, hébergées par des data centers souvent lointains, y sont chargées à la demande. Démocratisé à vitesse grand V, l’usage émet environ 10 kg de CO2 par an et par personne, selon le simulateur gouvernemental Longue vie aux objets. "Multiplié par le nombre de personnes qui regardent, cela donne un impact important", dixit Erwann Fangeat de l’Ademe.
"Le streaming vidéo produit chaque jour 5 milliards d’octets de données multimédia. Autant que toutes celles générées dans le monde des débuts de l’informatique jusqu’à 2003", extrait du livre Cliquer, c’est polluer
Le conseil: privilégier les programmes en direct via la TNT ou les vidéos téléchargées, si possible aux heures creuses (et légalement, hein). Même chose pour les jeux-vidéos, bien moins néfastes pour le climat quand ils sont téléchargés.
#5 Privilégier dès que possible le Wi-Fi au réseau 4G ou 5G
"La 4G consomme 3 fois plus d’énergie que le Wi-Fi", rappelle Erwann Fangeat.
Le conseil: à la maison ou dans les lieux qui le permettent, sur son ordinateur comme son smartphone, préférer une connexion Wi-Fi.
#6 Envoyer des SMS plutôt que des MMS ou des vocaux
En moyenne, un abonné envoie chaque mois 114 SMS, comptabilisait fin 2022 l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). Mais tous les messages n’ont pas le même impact sur la planète. Celui-ci va crescendo selon qu’on envoie quelques lignes, une photo, un vocal ou une vidéo.
Le conseil: Privilégier le texte est donc meilleur pour le climat, et pour bosser votre orthographe.
Tiktok est l'application "la moins sobre". Photo DR.
#7 Adopter les bonnes pratiques sur les réseaux sociaux
Selon une étude menée par l’entreprise de logiciels Greenspector, reprise par l’ouvrage Cliquer, c’est polluer, un utilisateur émettrait autant de CO2 par an que s’il faisait 900 km en voiture.
L’application "la moins sobre" est Tiktok, "très énergivore à son lancement" et échangeant "beaucoup de données pendant le défilement du fil d’actualité" (composés à 100% de vidéo), précise l’étude. "95 millions de photos et vidéos sont postées chaque jour sur Instagram, stockées dans datas centers", lit-on dans Cliquer, c’est polluer.
Le conseil: être sobre sur les réseaux. Cela veut dire poster moins, nettoyer ses pages et fils de vieilles publications pour alléger les data centers et éviter de s’adonner au scroll infini trop longtemps (car il contribue au chargement d’une grande quantité de données et utilise beaucoup de batterie). "On peut aussi bloquer dans les paramètres de certaines appli [comme X, ex-Twitter] le lancement automatique des vidéos pendant le défilement", rappelle Erwann Fangeat.
#8 Bien gérer ses mails
Selon le site Carbo academy, un employé de bureau recevrait environ 120 mails par jour. Et il y a courriel et courriel. Exemple : un message sans pièce jointe représente 4g équivalent CO2. C’est près de 13 fois plus pour un email avec de grosses pièces jointes. "Même si cela reste minime par rapport à d’autres impacts du numérique, la gestion des mails est importante", dixit Erwann Fangeat.
Son conseil: faire le ménage régulièrement, en supprimant, archivant… Et s’imposer, par exemple, de supprimer les mails qui ont plus d’un an.
Des opérateurs téléphoniques sensés être transparents
Envie de faire le point sur le poids des données que génèrent vos navigations web depuis votre smartphone? "L’article 13 de la loi AGEC n°2020-105 impose ainsi désormais aux opérateurs télécom de fournir à leurs clients la quantité de données consommées et les équivalents d’émission de gaz à effet de serre associés au service rendu", précise l’Ademe. Même si dans les faits, aucun ne le fait sur vos factures (on a vérifié), vous êtes en droit de demander à votre opérateur de vous fournir cette information.
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