Une légende de l’aviron monégasque aux championnats de rameur à Paris
Le rameur est devenu une discipline à part entière qui a ses championnats de France et du monde, qui se déroulent à Paris ce week-end, et auxquels Monaco envoie des athlètes avec un sacré profil.
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Ludovic Mercier et Samuel CadènePublié le 07/02/2020 à 15:02, mis à jour le 07/02/2020 à 15:51
Au centre, Roland Weill, à l’entraînement cette semaine dans la salle de la Société nautique de Monaco. À gauche, Philippe Launay qui part également à Paris pour le championnat de France/championnat du monde, Giuseppe Alberti (bronze aux derniers championnats du monde d’aviron de mer), et à droite, Anne Peglion, championne de France mer en 2018 et 2019, aviron de rivière en 1984 et 2016 et vice-championne du monde en 1982.Photo Olivier-Vincent Maréchal
Dans l’univers pourtant très varié du sport, il y a assez peu de disciplines d’entraînement qui prennent leur indépendance et qui donnent lieu à des compétitions. On a jamais vu un championnat du monde de vélo d’appartement ou de course sur tapis. Figurez-vous que le rameur, ou plutôt l’ergomètre, si on veut être rigoureux sur la terminologie, a ses championnats du monde.
Ils se déroulent ce week-end à Paris, en même temps que les championnats de France. Le meilleur Français sera champion de France, et le meilleur de toutes les nations sera champion du monde. Deux en un, c’est plus malin.
Performance pure
À ces championnats du monde, le coach Daniel Fauché emmène une petite équipe monégasque. De 15 à 71 ans, les participants vont s’affronter en rang dans une salle. « Sur un ergomètre, il n’y a aucun suspense. Ce n’est pas comme en mer ou en rivière, où tout peut arriver. Là, rien ne peut arriver. C’est de la performance pure », analyse Roland Weill, le doyen de l’équipe monégasque.
Un peu d’histoire
Médaillé d’argent en skiff poids légers aux championnats du monde d’aviron 1976, médaillé de bronze en quatre de couple aux championnats du monde de 1979, il est arrivé quatrième aux Jeux Olympiques de Moscou. C’est dire si le bonhomme en connaît un rayon sur l’aviron.
Comment une simple discipline d’entraînement a-t-elle pu donner naissance à un championnat ? Là-dessus aussi, Roland Weil a des tuyaux. "Celui qui importe les machines de la marque Concept2 est un ancien rameur. Ils ont créé des épreuves, qu’ils avaient appelées l’Euro open. Mais à l’époque, j’étais à la Fédération européenne, et nous leur avons indiqué qu’ils ne pouvaient pas appeler leur épreuve comme ça."
Alors les organisateurs changent de cap, mais continuent à organiser des compétitions, y compris en France. Et là, à la Fédération française, où Roland a aussi officié, on finit par se dire qu’il y a peut-être quelque chose à faire. "Ils se sont rendu compte qu’il y avait pas mal de monde qui pratiquait. La Fédération française des sociétés d’aviron est alors devenue la Fédération française d’aviron. En changeant de nom, ils ont récupéré tout un tas de pratiquants de disciplines de rame, comme l’indoor, qui n’appartenaient pas forcément à une société d’aviron, et qui ont pris leur licence." Et qui ont payé des cotisations. Une discipline était née.
Effort intense
Et si la moindre salle de sport est équipée en machine, l’art de la pratique n’est pas forcément donné à tout le monde. "Pour arriver à l’employer correctement, il faut une bonne technique, et ça fatigue vite par rapport aux autres appareils des salles de sport. Si on n’a pas la coordination, ça ne sert à rien. Si on n’arrive pas à une certaine intensité, ça n’a aucun intérêt. En revanche, si on n’a pas beaucoup de temps devant soi, et si on emploie correctement ce type de machine, en 30 minutes, on fait l’équivalent d’une heure trente de jogging ou de deux heures de vélo."
Pour ces championnats, malgré son passé glorieux, Roland Weill reste modeste: "Je me suis fixé un objectif à 8’15 [pour parcourir 2.000m, NDLR]. Ce n’est rien. Mais Dan (Daniel Fauché, le coach, voir ci-dessous) m’a inscrit sans me demander, alors je ne me suis pas vraiment entraîné. Ma dernière compétition internationale, c’était en 1980. Ma légende va en prendre un coup!"
Daniel Fauché, tout sourire, espère ramener des médailles des championnats de France cette année encore.Photo Antoine Colin.
Un médaillé olympique en tête de gondole
Sur une des berges du port Hercule, Daniel Fauché coache les jeunes rameurs qui s’apprêtent à concourir aux championnats de France et du monde d’aviron indoor (en salle), organisés ce week-end à Paris. Pour l’ancien médaillé d’argent d’aviron aux Jeux Olympiques d’Atlanta, l’objectif de la Société nautique est clair : ramener une, deux, voire trois médailles de Paris. Et si le coach se montre si ambitieux, c’est parce que, dans un coin de sa tête, il souhaite que ses rameurs rééditent les prouesses de l’année dernière.
"L’an passé, nous avons remporté pas moins de dix titres de champion de France dans différentes catégories. Alors pourquoi pas cette année?" s’enthousiasme-t-il.
D’après lui, Monaco a de solides arguments à faire valoir. La Société nautique de la Principauté est en effet le premier club français d’aviron de mer, et le 32e club d’aviron de rivières sur un total de 420.
Même s’il reconnaît que le titre mondial sera plus que compliqué à aller chercher, tant la concurrence – notamment anglaise – s’annonce acharnée, Daniel Fauché place de grands espoirs en Julien Hardi, rameur handicapé, champion de France et détenteur du deuxième chrono mondial dans sa catégorie.
Pour l’accompagner, ils seront onze autres rameurs de 15 à 71 ans à tenter de glaner une médaille pour Monaco. « Cette compétition est l’occasion de confronter nos rameurs à ce qui se fait de mieux au monde, ça ne peut être que bénéfique pour eux », explique coach Daniel, fier de son équipe.
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