Que pensez-vous du Tournoi des Bleus, qui terminent deuxièmes derrière l’Irlande?
Ils ont fait un super tournoi, au final, on n’a pas grand-chose à leur reprocher. Certes, ils perdent en Irlande mais contre le numéro un mondial et une grosse équipe. Les deux sélections sont à un très haut niveau et figurent une nouvelle rivalité dans le Six Nations. Les Bleus ont fait le job et signé une victoire historique à Twickenham (53-10). Pour avoir pris quelques fessées là-bas, ça m’a fait plaisir de voir ça devant la télé (rires)! Ils sont montés crescendo sur ce tournoi en montrant beaucoup de belles choses.
Comment le justifiez-vous?
Il y a une grosse émulation dans ce groupe. Lorsqu’un joueur sort sur coaching ou blessure, celui qui entre est au même niveau. Par exemple, Woki était blessé et Flament a fait un tournoi exceptionnel, Aldegheri a été énorme contre l’Angleterre alors qu’Atonio n’était pas là. On a longtemps envié à d’autres nations leur réservoir et aujourd’hui on l’a. Maintenant, à nous de ne pas faire les cons et gagner cette Coupe du monde!
On aurait aimé avoir le même encadrement
Quand vous voyez leurs prestations et cette victoire en Angleterre, regrettez-vous d’avoir cinq ans de trop?
Non, non, pas du tout. On en a discuté avec Guilhem (Guirado, ancien talonneur et capitaine du RCT et du XV de France). On n’aimerait pas faire partie de leur groupe car ça leur appartient, mais on aurait aimé, sans faire offense à qui que ce soit, avoir le même encadrement. On sent qu’autour d’eux il y a un cercle vertueux que nous n’avions pas. C’était compliqué pour nous car il n’y avait pas de continuité. Je n’ai pas souvenir qu’un même quinze ait enchaîné deux matchs. Tu n’avais pas trop droit à l’erreur. Tu faisais un mauvais match, voire un match moyen, tu sortais. On n’avait pas cette pression positive. On ne peut pas construire quelque chose quand on change tout le temps d’équipe. Aujourd’hui, le staff procède à des changements soit sur blessure, méforme ou parce qu’un ovni arrive. La stabilité amène de la sérénité. Nous, on n’a jamais évolué dans la sérénité. En tant que joueur, je ne me sentais pas protégé par les personnes autour de nous. Si on faisait un mauvais match, on se faisait attaquer et personne ne nous défendait. La seule réponse était de nous sortir de l’équipe.
Jonathan Danty est plus complet que je ne l’ai été
Quel regard portez-vous sur la prestation de Jonathan Danty, qu’on a longtemps appelé "le petit Basta"?
Les gens ont fait des raccourcis simplistes car on était tous les deux centres et blacks. Aujourd’hui, Jonathan est une référence aussi bien en Top 14 que dans le monde. Il y a très peu de joueurs qui arrivent à faire ce qu’il fait. Il met un gros impact au milieu de terrain, en attaque comme en défense et sur les grattages. Il n’y a quasiment aucun autre joueur au niveau mondial qui fait ça à ce poste. Il a des mains, du pied, il est beaucoup plus complet que je ne l’ai été en équipe de France. Je pense et je lui ai déjà dit que son jeu devant la défense est meilleur que le mien à l’époque. Moi, je l’ai travaillé sur le tard, lui, il l’avait déjà.
Il a mis du temps à éclore vraiment. Le pensiez-vous capable d’aller si haut?
Il était moins constant car il a eu pas mal de pépins physiques, mais surpris, non. Je pense qu’il peut encore aller plus haut. On sent qu’il a pris une autre envergure, déjà en quittant Paris. Il a quitté son cocon et s’est remis en question à La Rochelle. C’est quelqu’un qui a besoin de confiance et que ce soit Ronan O’Gara en club ou Fabien Galthié en sélection, ils lui ont donnée. Et Jonathan en confiance, ça donne ce que l’on voit depuis deux, trois ans.
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