On a rencontré le nouveau patron de l’écurie monégasque Venturi Racing avant la saison 8 de Formule E

L’ancien pilote Jérôme d’Ambrosio, promu Team Principal de l’écurie monégasque Venturi à 36 ans, évoque ses débuts dans le management et la saison 8 du championnat du monde des monoplaces électriques qui démarre cette semaine en Arabie saoudite.

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Gil Léon Publié le 24/01/2022 à 19:26, mis à jour le 24/01/2022 à 19:51
Jérôme d’Ambrosio: "On a bien bossé, on se sent prêt." Photo LAT Images

Depuis un an, son casque roupille au placard... et il n’est pas près d’en sortir. En 2021, Jérôme d’Ambrosio a embrassé une nouvelle vie en coiffant la casquette de directeur adjoint du team monégasque Venturi Racing. Au côté de Susie Wolff, le pilote belge reconverti dans le management a découvert un autre monde. Un virage bien négocié, manifestement, puisque le voilà qui enclenche la vitesse supérieure, en tant que Team Principal. Alors que le top départ de la saison 8 du championnat du monde des monoplaces électriques (Formule E) se profile droit devant, dès ce week-end à Diriyah (Arabie saoudite), on l’a invité à remettre les doigts dans la prise. Contact!

Jérôme, il y a un an, au moment de votre nouveau départ, auriez-vous signé pour un tel bilan en 2021?

Oui! La saison dernière fut vraiment positive pour Venturi. Edo (le pilote italo-suisse Edoardo Mortara, ndlr) obtient un super résultat en finissant vice-champion du monde. Même si on veut toujours plus, nous sommes très satisfaits de notre progression entre les saisons 6 et 7. Cela constitue une excellente base pour aborder le 8e chapitre qui va s’ouvrir en Arabie saoudite.

À titre personnel, quel enseignement principal retenez-vous au bout de cette année d’apprentissage?

Au nouveau poste qui est le mien, j’ai surtout pris conscience de l’importance du facteur humain. Pour générer de la performance, il faut créer un environnement, une atmosphère permettant à tout le monde de puiser la motivation nécessaire. Quand on veut avancer, progresser, voilà la clé de la réussite! Au côté de Susie (Wolff), j’ai beaucoup appris dans ce domaine-là.

Votre motif de satisfaction numéro 1?

Une révélation personnelle: avoir lâché le volant au bon moment! En 2021, je me suis rendu compte que la course automobile ne me manquait pas du tout en tant que pilote. Pas une seconde! Ma mission actuelle me procure autant de plaisir. Plus de plaisir, même. Vivre les victoires d’Edo et de Norman (Nato) dans le garage, ce fut une joie extraordinaire. Comme lorsque j’étais dans le cockpit auparavant. Ça aurait pu être l’inverse...

A contrario, avez-vous un regret?

Avoir des regrets, ce n’est pas une habitude chez moi. Je préfère toujours voir les choses de manière constructive. Le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, quoi! Avec un tel état d’esprit, on évolue, on s’améliore. Cela dit, forcément, même quand la saison est positive, il y a toujours une ombre au tableau. Là, on a perdu deux podiums sur tapis vert. Et puis Edo n’a pas pu jouer sa carte jusqu’au bout en percutant Mitch Evans immobilisé sur la grille de départ lors du week-end final. Des coups durs à encaisser. Mais il n’y a pas vraiment de regret.

Vous avez pris du galon cet hiver. Être Team Principal, ça change quoi?

La différence, c’est que la responsabilité de la performance pèse désormais sur mes épaules. En tant que directeur adjoint, je prenais des initiatives. Là, je suis responsable. Un challenge que j’accepte volontiers et dans lequel je m’implique à 100%.

Susie Wolff a été nommée directrice générale de Venturi Racing. Elle prend de la hauteur ou du recul?

De la hauteur, globalement. Car elle définit la stratégie commerciale à long terme, elle tranche les questions sur l’avenir de la structure, les grandes orientations. Mais aussi un certain recul, en effet, par rapport à toutes les activités qui font la vie quotidienne du team de course.

Du côté des pilotes, Lucas Di Grassi succède à Norman Nato. Vous privilégiez l’expérience, c’est ça?

Clairement, oui. Lucas a déjà décroché un titre (en 2017, saison 3). Son palmarès parle pour lui (35 podiums dont 12 victoires en 84 courses). L’opportunité de le recruter s’est présentée. On l’a saisie. Maintenant, voyons ce qu’il va nous apporter.

Quel regard portez-vous sur la saison 2021 sans lendemain de Norman Nato l’Antibois chez Venturi Racing?

Un rookie n’a pas la vie facile en Formule E. Parce que c’est un championnat particulier où l’expérience compte plus que le talent. Norman a bien démarré à Rome, à Valence. Puis il a connu des moments plus compliqués, des petits creux, avant de finir avec brio sur la première marche du podium à Berlin. Norman est un très bon pilote, bien sûr. Mais je le répète: la Formule E nécessite un bagage spécifique. Et elle pardonne peu.

Lors des essais hivernaux à Valence, Venturi a parcouru plus 1300km en trois jours et Edoardo Mortara s’est adjugé le meilleur temps absolu. On peut dire que vous êtes prêts?

Écoutez, on se sent prêt, oui. On est curieux de voir ce que va nous réserver le week-end d’ouverture. Être rapide à Valence, en tour qualif’ comme en rythme course, ça fait plaisir. Mais cette piste ne s’avère pas très représentative des terrains qui accueillent les e-Prix. Je pense qu’on a bien bossé ces derniers mois. Et je ne doute pas que les autres teams en ont fait de même. À nous de savoir tout mettre en application dès maintenant à Riyad.

Quels paramètres changent en 2022?

Côté voiture, la puissance en course passe de 200 à 220kW. Une augmentation qui va influer sur l’usure des pneus, la gestion de l’énergie et la température de la batterie. Et puis les qualifications adoptent un nouveau format étudié pour limiter l’impact de l’évolution de la piste. Une modification qui va dans le bon sens, je pense, en donnant un peu de stabilité. Il y aura encore des surprises, mais les meilleurs pilotes pourront faire la différence plus facilement.

II y a un an, vous visiez le top 6 du championnat Team. Venturi a fini tout près, 7e. Où placez-vous la barre aujourd’hui?

Je n’aime pas trop fixer un cap précis. Les écarts sont tellement infimes. La certitude, c’est qu’on a tout pour bagarrer devant. Tous les éléments sont réunis. Par conséquent, si la saison se passe bien, si nous sommes capables de décrocher le meilleur résultat possible à chaque étape, on doit figurer parmi les quatre premiers.

Venturi utilise un groupe motopropulseur Mercedes. La firme à l’étoile quittera la Formule E en fin de saison. Comment se présente l’avenir pour vous?

Question importante, évidemment. Dès que Mercedes nous a annoncé sa décision, la priorité pour Susie et pour le management du team, ce fut de sécuriser la saison 9, la Gen3 (la nouvelle monoplace électrique qui entrera en piste en 2023). Sachez que nous avons trouvé une très bonne solution qui sera dévoilée en temps utile. On continue à plancher sur le sujet. Mais le futur se présente bien. Vraiment.

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