Dédiée aux "voitures de Grand Prix F1 3 litres de 1973 à 1976", la série F de la 12e édition du GP de Monaco vintage portait bien sa lettre, ce dimanche.
Pourquoi? F comme Formule 1, naturellement.
F comme frisson, aussi. Comme "fast and furious", ajouteraient les amateurs britanniques de nobles mécaniques d’antan, beaucoup moins nombreux que d’habitude dans le paddock du quai Antoine-Ier à cause des inextricables restrictions de circulation actuelles.
F comme Ferrari, enfin... et surtout. La mythique Scuderia mise en vedette à cette occasion puisque le manège enchanté de la Principauté célébrait les 70 ans de la première victoire estampillée F1 du "cavallino rampante" conquise à Silverstone le 14 juillet 1951 par l’Argentin José Froilan Gonzalez.
René Arnoux manquant à l’appel après son dérapage éliminatoire la veille du côté du Bureau de Tabac lors des essais qualificatifs, le seul espoir de triomphe d’une monoplace rouge repose sur les épaules de l’autre casque d’or du week-end: Jean Alesi.
Venu pour "gagner et rien d’autre", l’illustre pilote quinqua (56 ans) de la 312B3 à bord de laquelle Niki Lauda s’était adjugé la pole position ici même en 1974, va toucher au but, semble-t-il.
Deuxième sur la grille, son départ canon le propulse en tête dans le goulet de Sainte-Dévote, devant la Lotus 77 ex-Ronnie Peterson du poleman Marco Werner. S’ensuit un mano a mano haletant. Talonné, attaqué, sans cesse, par son rival allemand, triple vainqueur des 24 Heures du Mans, Jean d’Avignon ferme toutes les portes.
Manifestement un brin moins performante, la Ferrari n°27 tient la cadence. Et la tête. Mais la démonstration magistrale s’arrête brutalement au 14e des 17 tours. Après maintes tentatives infructueuses, Werner, tapi dans son aileron arrière, harponne le leader en remettant les gaz après le virage Antony Noghès.
Déçu "de finir comme ça"
Patatras! La belle italienne percute le mur des stands et reste sur le carreau, moustache en berne. Adieu retour gagnant: Alesi ne retrouvera pas le podium princier gravi en 1990 (2e) dans la peau d’un jeune et éblouissant pilote Tyrrell en compagnie d’Ayrton Senna et de Gerhard Berger.
"Il m’avait déjà touché une fois à l’épingle du Loews", raconte ensuite le héros malheureux du jour. "Avec cette auto, je dois négocier les virages lents en première. Le choc s’est produit au moment où j’enclenchais la deuxième. Il déboulait comme un missile en espérant profiter de l’aspiration et il s’est fait surprendre. Peut-être pensait-il devenir champion du monde aujourd’hui!"
S’il coupe la ligne d’arrivée en tête trois boucles plus tard, Werner voit aussi la victoire s’envoler. Jugé coupable sur-le-champ! Le collège des commissaires lui inflige une pénalité de 25’’ qui le rétrograde au 3e rang.
"C’est décevant de finir comme ça", poursuit la tête d’affiche, guère vernie. "Nous sommes là pour faire le spectacle, pas pour jouer aux autos-tamponneuses. Sans aucun entraînement spécifique, j’avais réussi un super départ. Je tenais le rythme grâce au train de pneus neufs préservé pour la course..."
Furax en abandonnant sa monture meurtrie sur la piste, Jean Alesi retrouve vite le sourire. "Dans la famille, on n’a pas tout perdu puisque Giuliano (son digne fils, ndlr) vient de finir 9e à Suzuka. Il marque des points dès sa première course en Super Formula (la F1 japonaise). Alors tant mieux pour lui et tant pis pour moi. Je reviendrai l’an prochain!"
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