"On a refusé la relève depuis 21h00, tout le monde est dehors, on ne procèdera aux relèves que lorsque la préfecture annulera ses réquisitions" a déclaré Alexis Antonioli, secrétaire général raffinage de la plus grande raffinerie de France, dont la production est à l'arrêt complet depuis lundi.
Contacté par l'AFP, Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe a de son côté confirmé "des réquisitions préfectorales sur le secteur TMEX (Transferts Mélanges EXpéditions) de la Plateforme Normandie de TotalEnergies à Gonfreville l'Orcher, qui ont pour but de prélever du kérosène à envoyer dans les aéroports parisiens".
Sollicités par l’AFP, ni la préfecture de la Seine-Maritime ni le ministère de la Transition énergétique n’ont souhaité commenter mercredi soir.
Un huissier dépêché sur le site par la préfecture
La préfecture n'a pas envoyé de policiers chez les salariés pour remettre les courriers de réquisition mais elle a dépêché un huissier sur le site mercredi soir, selon M. Antonioli.
"Le projet de la direction était de les remettre en main propre aux salariés des expéditions qui entraient ce soir pour surveiller l'outil de travail", a-t-il ajouté, qualifiant cette méthode de "sournoise".
Les équipes arrivées sur le site pour assurer la relève de 21 heures ne sont donc pas entrées dans la raffinerie, et les militants sont prêts à aller plus loin.
"On utilise tous les moyens", prévient le responsable: les salariés qui auraient pu être réquisitionnés "n'ont pas reçu de courrier, mais s'ils en récupèrent on s'opposera à leur passage".
"Briser la grève"
Dans un tract relayé mercredi soir sur Twitter, la CGT affirme que "le gouvernement vient d'annoncer la réquisition des raffineurs de Normandie pour tenter de briser la grève", et appelle "les travailleurs" et "la jeunesse" à se retrouver devant la raffinerie pour soutenir les grévistes.
Les premières réquisitions de personnels pétroliers depuis le début des grèves contre la réforme des retraites avaient été annoncées mardi au dépôt de Fos-sur-Mer près de Marseille. Cette décision a provoqué des incidents, et trois CRS ont été blessés devant le dépôt où plusieurs centaines de syndicalistes s'étaient rassemblés.
TotalEnergies n'a qu'une raffinerie sur quatre qui fonctionne encore, à Feyzin près de Lyon - d'où les grévistes continuent d'empêcher toute expédition. Deux autres (Donges, en Loire-Atlantique, et La Mède, dans les Bouches-du-Rhône) sont arrêtées pour des raisons autres que la grève.
Les deux raffineries d'Esso-ExxonMobil tournent encore: celle de Fos-sur-Mer fonctionne en débit minimal; celle de Port-Jérôme-Gravenchon, qui commençait à manquer de pétrole à raffiner, en a reçu lundi, selon Eric Sellini, coordinateur national de la CGT pour TotalEnergies. Dans les deux sites, les expéditions de carburants restent selon lui bloquées, ce qu'a confirmé la direction du groupe à l'AFP.
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