Ces vingt dernières années, le producteur américain Dick Wolf n'a raté qu'un Festival de télévision de Monte-Carlo! Et il devait avoir une sacrée bonne raison car, hier, bien que souffrant d'un genou, le créateur de la série à succès New York, Unité Spéciale a honoré ses rendez-vous presse au Grimaldi Forum. "C'est un peu ma deuxième maison", plaisante d'entrée cette "gueule" du métier à l'œil rieur et au verbe si particulier.
Un personnage qui pèse dans l'industrie des séries TV depuis des décennies et semble hermétique à toutes ses (r)évolutions. A commencer par l'émergence fulgurante des plateformes de diffusion, telle qu'Amazon, avec laquelle il s'avoue prêt à collaborer. "Tout évolue dans la vie. Soit on suit les changements, soit on disparaît. Moi je ne veux pas prendre ma retraite et je travaillerais sans hésitation pour des plateformes comme Amazon, Hulu ou d'autres, à condition qu'elles aient de bons projets."
"Il y a une minorité de porcs"
Habitué à dealer avec les chaînes de télévision, celui qui dispose de 1.200 heures de la franchise New York, Unité Spéciale et met en boîte 66 heures par an de sa franchise Chicago envisage aisément que ses programmes "soient diffusés sur une chaîne aux Etats-Unis et, en même temps, que n'importe quelle plateforme de streaming achète les droits pour diffuser l'intégralité de ces séries. ça va arriver d'ailleurs".
Dick Wolf, un homme de pouvoir, un parrain du petit écran que son amie Mariska Hargitay, lauréate de la Nymphe de Cristal pour l'ensemble de sa carrière, a encensé vendredi soir.
"Je lui suis particulièrement reconnaissante de m'avoir donné une voix pour parler des choses qui sont importantes pour moi. Dick Wolf m'a permis d'avoir une plateforme pour contribuer à un changement positif dans le monde et Dieu sait qu'il a changé depuis que j'ai commencé la série".
Derrière ses mots et le timbre ému de l'interprète principale de New York Unité Spéciale, l'agent Olivia Benson, son combat pour défendre les femmes victimes de violences sexuelles. Un véritable sacerdoce pour un Dick Wolf fataliste.
"La triste vérité, c'est que la majorité des hommes sont des gens biens mais il y a aussi une minorité de porcs. Ils existent depuis des millénaires et tout le monde leur baisse le pantalon en public aujourd'hui. C'est un service très positif rendu à la société."
L'affaire Weinstein et la télévision
Le séisme de l'affaire Weinstein dans le cinéma a-t-il eu des répliques dans les coulisses de la télévision?
"Aucune, ces quarante dernières années c'est malheureusement la sixième ou septième fois qu'on expose ce genre de situation où des hommes se comportent comme des porcs…"
Avez-vous été le confident, voire le témoin, de pareils actes? "Non, car la majorité des gens n'hésitent plus à parler, ils s'expriment ouvertement. En revanche, dès les premières années de tournage de mes séries, les policiers de Chicago me disaient que mes séries traitaient de sujets qui n'avaient jamais été couverts par les autres. On a exposé les abus sexuels, les harcèlements, les viols… et on voit le résultat aujourd'hui…"
Une autre manière de dénoncer. Par procuration.
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