Voici comment se prémunir de la Covid-19 en espace clos

Dans le cadre de la "Planetary Health Week", des docteurs au cœur de la crise sanitaire ont délivré conseils et vérités aux professionnels de la mer pour empêcher le virus de grimper à bord.

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Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Publié le 23/09/2020 à 07:30, mis à jour le 23/09/2020 à 07:36
Les conférences sont retransmises en live sur Internet. Photo T.M.

"Il ne mesure que 0,1 micron mais a bouleversé notre quotidien durablement", rappelait hier le secrétaire général du Yacht-club de Monaco, Bernard d’Alessandri, en introduction du premier séminaire de la "Planetary Health Week".

Un cycle de conférences durant lesquelles les spécialistes de la grande plaisance ont partagé avis et expériences sur l’impact financier de la crise sanitaire, et appris des sachants en termes de santé et de prévention. Comme la manière de traiter l’air, vecteur du virus dans les espaces confinés.

À la barre, Virginie Guillerm, neurochirurgienne et docteur en physique des aérosols, aujourd’hui directrice-conceptrice du service santé et contamination pour le groupe Pingat, spécialisé dans la conception, construction et maintenance de tous bâtiments.

Comment le virus est-il aéroporté?
Sous forme de gouttelettes de quelques microns. Autant dire que la chasse ne se fait pas à l’épuisette.

Soit le micro-organisme est dans l’air, mais ne survit pas longtemps en l’absence de “véhicule” pour le transporter. Soit le virus s’accroche à un véhicule, "une particule inerte qu’on retrouve dans l’air que l’on respire tous les jours". "Un monde de l’infiniment petit" où les particules sont "sources d’eau et de nourriture pour le virus, qui peut alors rester à l’air libre jusqu’à 16 heures".

Qu’est-ce que l’aérocontamination?
"Ce qui est le plus dangereux pour l’organisme, ce sont les particules fines inférieures à 5 microns", tranche le Dr Guillerm. À titre de comparaison, un cheveu, c’est 10 microns. Le coronavirus, c’est 0,1. Or, "les particules de 10 à 0,5 micron représentent 99,97% des particules présentes dans l’air." Et autant de véhicules donc…

Au-dessus de 10 microns, le risque est minime car les particules s’arrêtent aux voies respiratoires supérieures. Plus petites, elles peuvent en revanche provoquer des traumatismes sur les alvéoles pulmonaires, voire conduire à des syndromes respiratoires sévères.

Comment lutter?
Le virus survit dans l’air, il faut donc influer sur plusieurs facteurs. "La température idéale pour ne pas avoir de virus est entre 19 et 26 degrés. Mais cela dépend aussi de la vitesse de ventilation, de l’humidité relative, du niveau de particules inertes", précise le Dr Guillerm.

"Dans les espaces clos, le virus passe par le système de ventilation. Il s’y trouve bien, prolifère et va se partager. L’entretien et le nettoyage des systèmes de ventilation sont fondamentaux pour éviter les risques de contagion."

Alors que faire? "La préconisation est de se retrouver dans un confort qui se trouve aux alentours de 22 degrés et recommander une humidité relative qui soit entre 40 et 65 %."

Face à ce goût prononcé du coronavirus pour l’humidité, la Fédération européenne de ventilation et de la climatisation a d’ailleurs pris cinq directives. "Éviter le recyclage" avec 100% d’air soufflé neuf; mettre des barrières EPA, c’est-à-dire "des cascades de filtres qui vont arrêter la propagation d’un aérosol à l’intérieur d’un système de ventilation"; la sécurité au travail (opérer avec un matériel de protection); l’assainissement, "nettoyer et désinfecter les gaines couramment, placer des purificateurs d’air". Sans oublier de contrôler infiltrations et fuites, notamment sur les bateaux.

Ningat a même établi un référentiel en sept questions, "qui permet de trouver des solutions quasiment pour tous les espaces: Ehpad, hôpitaux, bateaux, Palais des Congrès…" Avec une contre-indication: "Même si ce n’est pas très écologique, il faut oublier l’air recyclé."

Image d'illustration. Photo Jean-François Ottonello.

"Il faut éviter les ports Covid-friendly"

Médecin inspecteur de santé publique à Monaco, le Dr Eric Voiglio rappelle que sanctuariser un espace clos comme un bateau nécessite "un respect scrupuleux des gestes barrières": port du masque, usage de gel hydroalcoolique et bonne hygiène "avec désinfection" des parties communes.

"Il y a des capitaines de yachts que j’ai inspectés qui ont pris d’excellentes initiatives avec des prises de température une à deux fois par jour, consignées dans un registre", se réjouit-il. Sanctuariser, c’est aussi empêcher le virus de s’introduire.

"Il faut exiger une PCR pour tous les nouveaux arrivants, ou leur demander d’observer une quatorzaine."

Attention aussi à ne pas se jeter dans la gueule du loup. "Je ne donnerai aucun nom mais il faut savoir qu’il y a des ports notoirement “Covid-friendly”. Si vous voulez attraper le Covid il y a des endroits connus sur la planète où il faut aller. Il faut éviter que les guests descendent pour y faire la fête et remontent à bord."

À Monaco, "place sûre pour accueillir les bateaux de grande plaisance", la procédure est simple. Le capitaine d’un bateau doit adresser une Déclaration maritime de santé aux autorités de police maritime et portuaire 48 heures avant l’arrivée.

Et s’engager à signaler toute évolution de la situation à bord. Si une personne présente des symptômes, elle doit être isolée, le Centre Covid (92.05.55.00) alerté, puis le bateau mis en quarantaine "par principe" dans l’attente de la réalisation d’un test PCR.

Si le test revient positif, une quarantaine "de 7 à 14 jours" est prononcée et ne sera levée qu’après un test PCR "pour tout le monde".

10 à 15% des malades sont hospitalisés. Photo F.V..

"Ce virus est un véritable envahisseur"

Infectiologue au CHPG et référente Covid, le Dr Olivia Keita-Perse a détaillé les conditions de propagation du virus.

"C’est une transmission par gouttelettes. Quand on tousse, qu’on éternue, parle même (...). C’est la cause majoritaire de transmission, pour autant il se transmet aussi par aérosol."

"Les particules chargées sont essentiellement des particules de salive", a répété le docteur pour inciter à réduire les interactions. Évacuant au passage une idée reçue: le virus ne se transmet pas par la transpiration.

L’infectiologue a ensuite présenté les certitudes acquises au fil des semaines: "10 à 15% d’hospitalisation, dont 2 à 5% en réanimation" ou "une durée d’incubation moyenne d’à peu près cinq jours".

Incubation suivie d’une réaction immunitaire qui, le temps de se mettre en place, ouvre une "fenêtre aveugle de 7 à 10 jours pendant lesquels il est impossible de détecter les anticorps dans le sang parce qu’il n’y en a pas", note le Dr Voiglio.

"L’infectiosité du virus commence environ deux jours avant les signes (quand il y en a), et elle perdure sept à jours après le début des signes", ajoute le Dr Keita-Perse, au sujet de ce "véritable envahisseur" qu’est le coronavirus.

"Il touche les poumons, le cœur, les vaisseaux sanguins, les yeux et le nez (pertes du goût et de l’odorat), le foie, les reins…"

Quant au traitement, il s’effectue par oxygénothérapie et, "dans les formes plutôt graves, après un gros doute sur l’utilisation des corticoïdes, on sait que c’est un traitement qui peut être utilisé".

"Il est important de préciser qu’aucune molécule n’a fait la preuve de son efficacité antivirale", conclut-elle.

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