"Monaco n’est pas à l’écart du monde" confiait un membre du gouvernement il y a quelque temps, sur un autre sujet. Les chiffres du VIH en sont la preuve.
"Après avoir passé plusieurs années sans la moindre contamination, de 2007 à 2015, Monaco connaît de nouveaux cas de VIH" explique le Dr Dominique de Furst, médecin inspecteur de la santé publique. Un nouveau cas en 2016, et trois en 2017.
Tendance claire
Si les chiffres peuvent sembler anecdotiques, ils sont à rapporter à la population de résidents à Monaco (37.308 personnes au 7 juin 2016). Un spécialiste niçois explique: "En épidémiologie, un chiffre seul ne veut rien dire. Par contre, un ensemble de chiffres, ça crée une tendance. C’est ça qui est important. Et ceux que vous me communiquez montrent clairement qu’à l’instar de ce qui se passe dans les Alpes-Maritimes, les contaminations repartent clairement à la hausse. Cela montre la nécessité de travailler conjointement dans les démarches de prévention."
Le diagnostic de contamination au VIH doit obligatoirement être déclaré aux autorités de santé par le praticien, de façon totalement anonyme. L’objectif est de comptabiliser les cas pour surveiller les tendances. Depuis le début de l’épidémie en 1985, 89 résidents monégasques ont été contaminés, dont 45 sont toujours suivis au Centre hospitalier Princesse Grace, d’après le médecin inspecteur de la santé publique.
Des chiffres bas, mais qu’il faut mettre en perspective: la majorité des résidents monégasques sont d’une autre nationalité, et peuvent avoir quitté le pays. De même, des résidents peuvent avoir été diagnostiqués avant leur arrivée en Principauté, et donc ne pas être comptabilisés.
Un nouvel outil
Quatre nouveaux cas en deux ans, cela représente quasiment 10% des résidents contaminés. L’explication? "Cela montre un relâchement des comportements, notamment chez les plus jeunes qui se protègent moins" analyse le Dr De Furst.
Son confrère niçois confirme: "L’esprit festif de Monaco n’échappe pas aux drogues comme la cocaïne, la méphédrone, le GHB, ou les substances récréatives de synthèse, qui circulent dans les soirées privées. Plusieurs patients nous l’ont confirmé. Elles font perdre le discernement et mènent à des comportements à risques." Comme, par exemple, des rapports non protégés.
L’usage de drogue, mais aussi une soirée bien arrosée, une allergie au latex, des difficultés d’érection ou l’impossibilité de trouver des modèles à sa taille conduisent parfois les partenaires à se passer de la capote. Pour leur apporter une protection supplémentaire, il existe aujourd’hui un outil: la PreP (pour prophylaxie pré-exposition).
En clair, c’est l’équivalent de la pilule contraceptive, sauf que le but n’est pas d’éviter une grossesse, mais une contamination par le VIH. Un procédé efficace à presque 100% (sur 100.000 personnes sous PreP dans le monde, seuls 4 cas de contamination ont été avérés), mais qui ne protège pas des autres infections sexuellement transmissibles.
commentaires