Oui, les traitements contre le VIH évoluent. Oui, aujourd'hui, on peut vivre avec le Sida. Mais derrière ces nouvelles réjouissantes de la recherche se cache toujours cette implacable réalité : on peut aussi en mourir. Parce que les traitements ne fonctionnent pas toujours. Parce que parfois, leurs effets secondaires sont impitoyables.
Et puis, il y a les discriminations. Les difficultés de vivre avec un virus qui fragilise ceux qui en sont porteurs. C'est toute cette réalité que s'est efforcé de dépeindre hier Hervé Aeschbach, coordinateur de Fight Aids Monaco, l'association que préside la princesse Stéphanie, dans son discours d'ouverture de la cérémonie de déploiement des courtepointes.
Contaminations en hausse en PACA
Comme chaque année depuis 2010, les bénévoles et affiliés ont déployé ces patchworks, chacun réalisé en mémoire d'une victime. Un ballet solennel où les mouvements amples que nécessitent ces pièces de tissus de plusieurs mètres carrés, sont rythmés par la litanie des noms des victimes. Une liste de soixante-dix personnes, soixante-dix âmes. Soixante-dix histoires. Soixante-dix proches de Fight Aids Monaco disparus depuis le début de l'épidémie. Dont quatre affiliés à l'association cette année. Un carnage au regard des progrès de la médecine. « Certaines années, nous ne perdons pas d'affiliés, d'autres fois c'est deux. Cette année c'est quatre », constate amèrement le coordinateur.
La cérémonie pourrait sembler anecdotique. Pourtant, demandez à un jeune de votre entourage ce qu'il pense du Sida : un sur quatre vous répondra qu'aujourd'hui, on en guérit, selon un sondage IFOP de 2016.
Et c'est peut-être pour cela que le nombre de contamination a augmenté de 20 % en 2014 dans la très proche région Paca.
Autant de bonnes raisons de continuer, inlassablement, à fabriquer, plier, déplier, présenter ces courtepointes sous les moulures du Musée océanographique de Monaco. Ces assemblages de panneaux textiles colorés. Tantôt aussi lumineux et colorés que les souvenirs qu'évoquent les disparus, tantôt aussi sombres que la douleur de leur perte.
« L'Onusida nous parle d'optimisme modéré. Les inégalités progressent. Les discriminations persistent », a déclaré Hervé Aeschbach. Avant de citer Michel Sidibé, directeur exécutif de l'Onusida et ami de la princesse Stéphanie : « Notre lutte pour mettre fin au SIDA ne fait que commencer. Nous vivons des temps fragiles, et les progrès accomplis peuvent être facilement effacés. »
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