Sida : l'épidémie regagne du terrain dans les A.-M.

Le nombre de nouvelles contaminations a progressé d'au moins 14% en 2014. Si le VIH ne tue plus grâce aux nouveaux traitements, il n'est pas mort pour autant

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eric galliano Publié le 02/12/2015 à 09:45, mis à jour le 02/12/2015 à 09:45
Evolution du nombre de cas par an de séropositivité diagnostiqués en région Paca.

Le Sida n'est pas mort. Et la journée mondiale contre le Sida de ce 1e décembre était aussi là pour nous le rappeler. L'épidémie de VIH a même atteint un niveau sans précédent dans les Alpes-Maritimes. Avec 131 déclarations de séropositivités, le nombre de nouvelles contaminations a progressé de 14 % en 2014. « C'est en valeur absolue le plus grand nombre de cas enregistrés depuis le début de la surveillance en 2003 », révèle le centre régional d'information et prévention Sida (Crips Paca) qui estime même que « l'augmentation pourrait atteindre 20 % une fois les données redressées en raison des habituels délais de déclaration. »

Une épidémie qui stagne

« En première lecture on ne peut qu'être inquiet par ces chiffres, reconnaît le Pr Eric Rosenthal. Pour la première fois on constate une augmentation des contaminations. La réalité est aussi que l'on dépiste mieux, pour autant, on ne peut pas se satisfaire d'une épidémie qui stagne depuis près de 10 ans avec en gros 6 500 nouvelles contaminations chaque année en France. »

Pourquoi n'arrive-t-on pas à inverser la courbe du Sida ? Parce que la maladie ne fait plus peur. Du moins plus autant que lorsqu'elle est apparue au début des années quatre-vingt-dix.

« À l'époque le VIH avait le visage de la grande faucheuse, rappelle le Dr Eric Cua, responsable des consultations du service d'infectiologie au CHU de Nice. Les gens entraient à l'hôpital et n'en ressortaient pas. Aujourd'hui, même si cela reste compliqué de vivre avec le Sida, grâce à l'évolution des traitements on ne peut plus vraiment dire que c'est une maladie mortelle. S'il est dépisté et traité, l'espérance de vie est à peu près la même que pour n'importe qui. »

Le Dr Clua avoue être parfois surpris par la réaction de certains patients : « les jeunes sont presque indifférents quand on leur annonce leur séropositivité. » Pour ce médecin azuréen, « après trente ans de prévention, de campagnes, de tentatives d'éducation, c'est un échec. » Le Dr Clua, en tire les conséquences.

Un traitement préventif qui réduit les risques

Voilà pourquoi il se bat pour la mise en place de nouveaux traitements préventifs qui pourraient bien permettre, de faire, enfin, reculer l'épidémie.

Le ministère de la Santé vient en effet de donner son feu vert à l'utilisation du Truvada en prophylaxie pré-exposition (PrEP). Ce médicament n'est pas nouveau. Il est régulièrement associé dans le cadre des trithérapies. Mais, au-delà de ses vertus curatives, le Truvada s'est également avéré efficace contre la transmission du virus. C'est ce que révèle une étude menée en France au travers de cinq sites pilotes dont Nice. La fameuse pilule prise deux heures avant un rapport et durant les deux jours qui suivent permet de réduire de 86 % le risque de contamination.

Cet essai français ne fait que confirmer des études antérieures. « Le Truvada est prescrit à titre préventif depuis 2012 aux États-Unis », explique le Dr Clua. « Il a fallu batailler pour l'avoir », reconnaît le Pr Rosenthal. C'est chose faite. Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a même annoncé qu'il serait remboursé. Pour autant, sa délivrance sera très encadrée. Elle ne pourra se faire que dans le cadre de consultations spécifiques et sur ordonnance délivrée aux populations à risque. Aujourd'hui 60 % des nouvelles contaminations concernent des hommes lors de rapports homosexuels. Pour le Dr Clua, « il ne s'agit pas pour autant de substituer cette pilule au préservatif, le Truvada viendra en complément dans le cadre de la prévention des risques. »

Le but c'est d'arriver, enfin, à inverser la courbe de l'épidémie.

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