"Si on dépistait tout le monde, l'épidémie s'éteindrait": cet infectiologue niçois analyse 40 années de recherche sur le Sida

Le Sida a 40 ans. Identifié le 20 mai 1983 par des virologues de l'institut Pasteur, le VIH a fait des ravages avant d'être de mieux en mieux contrôlé. Nous avons demandé l'analyse du docteur Eric Cua, praticien hospitalier en service maladie infectieuse à l'hôpital l'Archet Nice.

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Clément Tiberghien Publié le 20/05/2023 à 09:30, mis à jour le 19/05/2023 à 18:13
Eric Cua, praticien hôspitalier en service maladie infectieuse à l'Archet, à Nice. Franck Fernandes

Quel regard portez-vous sur ces 40 dernières années de recherche autour du VIH?

La première étape, ce fut bien sûr l'identification du virus et la mise en place des tests pour le dépistage. Les premiers médicaments marchaient peu et étaient très toxiques. Par la suite, l'efficacité était là mais les traitements étaient mal tolérés. Des jeunes séropositifs parfois abandonnés par leurs familles au début. Même de nos jours, c'est une maladie qui stigmatise. Aujourd'hui, les traitements rendent les patients non-contagieux, indétectables. Après quelques mois il n'y a plus de danger de transmission. Ils ne sont plus considérés comme des bombes virales. Ils peuvent avoir une vie sexuelle normale ou encore avoir des enfants.

Comment vit-on avec le sida en 2023?

Plutôt bien. Une fois dépistés, et en suivant sérieusement leur traitement, les patients séropositifs ont la même espérance de vie que les autres. On a des traitements préventifs avec la PrEP (prophylaxie pré-exposition qui empêche le virus du VIH de se développer et de se fixer dès son entrée dans le corps, NDLR), qui est aussi une révolution puisqu'on n'aurait jamais imaginé avoir un traitement qui permet de bien vivre mais aussi d'éviter l'infection. Le Sida est une maladie qui n'est pas toujours bien acceptée, et les gens ont parfois peur de faire le test alors que l'on devrait dépister énormément. En France, l'épidémie est toujours active et 5.000 à 6.000 personnes s'infectent chaque année. Si on dépistait tout le monde, l'épidémie s'éteindrait! Les pays pauvres sont malheureusement moins armés et trop de gens ne sont pas traités. Il y a encore de nombreux drames humains face à une épidémie qui marque encore fortement les pays africains.

Quelles sont les perspectives pour l'avenir?

De notre côté, on continue de militer pour le port du préservatif. Il y a des pistes d'amélioration du traitement. Passer d'un traitement à prendre tous les jours vers une solution injectable tous les deux mois par exemple. On travaille toujours sur un éventuel vaccin, mais c'est un virus très variable. C'est donc très difficile d'élaborer un vaccin qui soit efficace sur tous les virus VIH. Pour l'instant, on n'arrive pas à éliminer totalement le virus du génome des cellules. J'ai espoir que l'on finisse par y arriver, mais il y aura toujours un traitement à prendre pour les 10-15 années à venir.

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