À l’instar d’autres pays européens, la Principauté participe dès ce lundi à la semaine du cerveau. Cette manifestation, coordonnée par la Société des neurosciences, a vocation à sensibiliser le grand public à l’importance vitale de la recherche sur l’organe le plus complexe du corps humain.
Ainsi, dans l’amphithéâtre Lou Clapas, des médecins spécialisés du CHPG tiendront cinq conférences sur le sujet. "Le public pourra leur poser des questions sans tabou. L’idée est de présenter les avancées obtenues ces dernières années mais aussi d’utiliser les outils actuels afin de prévenir et d’agir sur les aspects psychologiques et le bien-être de l’individu", explique le Dr Eléonora Abreu du service psychiatrie, organisatrice de ces rendez-vous. Interview.
On dit du cerveau qu’il est l’organe du corps le plus important mais, aussi, le plus méconnu. Pourquoi?
Avec sa capacité à percevoir, penser, planifier, comprendre et agir, il est considéré comme le chef d’orchestre de notre corps et fait le lien entre tous les organes. Mais c’est en effet un organe méconnu car difficile d’accès, bien que l’évolution de la technologie (IRM, scanners…) et l’intelligence artificielle nous ont permis d’acquérir davantage de connaissances. On ignore toutefois encore certaines fonctions et pourquoi on génère des maladies dégénératives.
Juvénal disait "Un esprit sain dans un corps sain". Comment prendre soin de son cerveau?
Les cellules du cerveau sont aussi résistantes que sensibles. Il est important de s’en occuper et de faire attention à différents paramètres qui agissent sur celui-ci ainsi que sur le corps en général: l’activité physique, le sommeil, la chronobiologie, le stress, l’usage d’alcool et de drogues, et l’alimentation. Des études récentes montrent les effets extrêmement délétères des aliments transformés sur le cerveau. Le sommeil, lui, est crucial pour la récupération et la restauration des fonctions physiques et cognitives du cerveau. L’être humain a besoin de lumière et n’est pas conçu pour être dans des espaces sombres durant la journée. Sur tout cela, on peut agir contrairement à l’aspect héréditaire qui est incontrôlable. Pour agir sur le plan mental, on peut utiliser la relaxation, la méditation ou la pleine conscience.
"En l'absence de traitement curatif pour Alzheimer, la prévention prime"
La maladie d’Alzheimer, qui touche 50 millions de personnes dans le monde, s’annonce-t-il comme l’un des grands défis du XXIe siècle?
Absolument, tout comme les autres maladies neurodégénératives. Nous sommes, toutefois, en capacité de les diagnostiquer de façon plus pertinente qu’avant. En l’absence de traitement curatif, la prévention prime. Pour Alzheimer, il existe des signes avant-coureurs auxquels il faut faire attention: troubles de la concentration et de la mémoire, pertes cognitives, apparition tardive des maladies dépressives… Le fait de maintenir la personne dans son environnement social, avec ses proches, d’avoir une stimulation intellectuelle et des interactions de qualité favorise l’apparition et le ralentissement de ce type de maladies.
Faut-il craindre une recrudescence de ces maladies dans le futur?
On essaye d’agir sur la prévention mais les statistiques laissent apparaître une recrudescence des maladies neurodégénératives, comme Alzheimer ou Parkinson. Cela s’explique par l’augmentation de l’espérance de vie - notre organisme vieillit naturellement - mais aussi au fait qu’on diagnostique davantage. C’est un élément qu’il ne faut pas négliger. On constate, aussi, l’apparition de maladies vasculaires ou dégénératives que l’on ne voyait pas auparavant.
"Il est important de détecter rapidement les troubles de l'attention"
L’une des conférences traitera des troubles de l’attention. Comment savoir si on en souffre et comment vivre avec?
Cela comporte plusieurs dimensions. Il y a le déficit d’attention avec des difficultés à terminer une tâche, la dispersion de la pensée, l’oubli, l’ennui, la distractibilité, la désorganisation de la pensée. Mais aussi de l’impulsivité avec des difficultés à accepter les frustrations et un besoin permanent d’agir ou de passer à l’acte. Tout cela - avec ou sans hyperactivité motrice - ne permet pas d’avoir des apprentissages et des interactions sociales acceptables. Il est important de les détecter rapidement afin de les traiter et de faire des apprentissages. Au service de psychiatrie du CHPG, nous avons un atelier qui permet de prendre conscience de son déficit, y pallier et réapprendre à faire certaines tâches.
Il sera aussi question de la belle alliance entre le cerveau et l’aromathérapie…
Ce sera passionnant. On peut accéder à des fonctions cérébrales au travers des sens comme le toucher et l’odorat. Les odeurs peuvent susciter différentes émotions et agir sur le stress ou le calme. C’est très facile à faire et disponible pour tout le monde.
Le musée d’anthropologie préhistorique proposera une visite guidée sur les traces de notre passé. Quel est le lien avec le cerveau?
Il sera question de l’évolution de notre cerveau à travers les siècles et comment l’homme s’est adapté à son environnement, à l’alimentation et aux tâches nouvelles.
Le programme
Aujourd’hui à 16h à Lou Clapas
- Prendre soin de son cerveau en 2023. Focus sur la nutrition, le mode de vie et mécanismes épigénétiques.
- Outils thérapeutiques à l’aide du cerveau. La sophrologie et le neurofeedback.
- Cerveau et aromathérapie : la belle alliance.
Mercredi 15 mars à 16h à Lou Clapas
- Comment savoir si j’ai un trouble de l’attention ? Un cerveau en ébullition.
- L’oxytocine, l’hormone du cerveau social.
Jeudi 16 mars à 14h30 au Musée d'anthropologie préhistorique
- Visite VIP "Sur les traces de notre passé" au Musée d’anthropologie préhistorique.
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