À 66 ans, le directeur du CHPG Patrick Bini a confirmé, ce lundi, son choix d'un "changement de vie radical". Une retraite en famille sur Nice et sans entorses, prévient-il: "J'ai refusé toutes les propositions de maintien d'une activité professionnelle".
Fini les appels d'urgence à toute heure même si, dans un trait d'humour en guise de conclusion de ces adieux, le prince Albert II a lancé: "Merci de n'être pas loin si on a besoin de vous". Auparavant, le souverain avait remercié Patrick Bini pour "avoir contribué, non seulement au développement du CHPG, mais à celui de l'excellence de l'offre de santé en Principauté".
"Quand j'ai débuté, il n'y avait ni ordinateur, ni téléphone portable, ni IRM. Quand je suis arrivé au CHPG, il n'y avait pas de robot, ni même de colonne 3D", a rappelé Patrick Bini devant une assemblée d'institutionnels locaux et du pays voisin, de collègues, ami(e)s et proches.
En guise d'hommage, le conseiller de gouvernement-ministre de la Santé, Didier Gamerdinger, a tout d'abord dressé une esquisse de la personnalité de Patrick Bini. "Vous êtes né à Gap, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les terres difficiles de ce département et son histoire tourmentée ont forgé le caractère de ces habitants. On les dit travailleurs, ce que je confirme ; d'un esprit rigoureux et bien trempé, ce que je confirme aussi ; et qu'ils mettent du cœur à ce qu'ils ont à faire et sont peu enclins à se laisser faire. Je laisse chacun se faire son avis… (rires)"
"Vous avez fait progresser les équipes et veillé à contenir les déficits"
Après l'Institut d'Études Politiques d'Aix-en-Provence et l'obtention d'un diplôme de l'École nationale de Santé de Rennes, Patrick Bini a débuté sa carrière à Saint-Raphaël, gravissant les échelons en interne jusqu'à diriger le centre hospitalier du Var, puis celui de Pasteur à Nice. Après s'être "égaré loin de la Méditerranée, à Rodez", selon les mots du conseiller de gouvernement, Patrick Bini est revenu comme secrétaire général du Centre régional de lutte contre le cancer. En juillet 2008, alors directeur adjoint du CHU de Nice, il est choisi par le prince Albert II pour prendre les rênes du Centre Hospitalier Princesse-Grace.
Dix ans plus tard, "vous avez fait progresser les équipes en suggérant le recrutement de praticiens de haut niveau, tenu les budgets (ce qui n'est pas toujours facile) et veillé à contenir les déficits de l'établissement à des niveaux raisonnables, l'a félicité Didier Gamerdinger. Vous avez beaucoup apporté parce que vous avez une perception fine et juste de ce que doit être un hôpital moderne et performant". "La relation soignants/soignés va être bouleversée dans les cinq ans (...) L'hôpital de demain sera numérique avec des progrès considérables en robotique, en imagerie et en chimie", a d'ailleurs prédit Patrick Bini, assurant que son successeur, Benoîte de Sevelinges, avait le profil idoine pour faire face à ces défis, elle qui "travaille sur l'e-santé depuis 2010".
"Des interférences multiformes parfois un peu éprouvantes"
Celui qui n'a jamais succombé à "la tentation de l'individualisme", a assuré que la jeune Monégasque formée à ses côtés pourrait "bénéficier d'un soutien sans faille de son équipe de direction et d'une gouvernance médicale à l'écoute".
"Je pars avec le sentiment du devoir accompli", a conclu le jeune retraité. "Tout ne fut pas facile durant ces dix ans. J'ai toujours en mémoire les difficultés pour faire nommer des chefs de service de très grandes qualités, représentant l'intérêt général au détriment des intérêts privés…"
Attribuant sa réussite au "courage" et à la "ténacité", Patrick Bini a aussi révélé une anecdote autour de son arrivée. "En mai 2008, j'étais conseiller général de la santé auprès du Ministère quand j'ai annoncé à mes collègues que j'allais rejoindre le CHPG. Ils m'ont félicité en me disant que j'avais de la chance d'accéder à un beau poste et de pouvoir terminer ma carrière en pré-retraite (rires)… Sur le premier point, ils avaient raison. Sur le second, ce n'était pas de tout repos (...) Dans les établissements français, la contrainte budgétaire est forte et stressante alors qu'au CHPG nous avons bénéficié, jusqu'à présent, de crédits importants attribués par le gouvernement princier. Mais au CHPG le chef d'établissement est aussi sous pression permanente, 24 h/24, avec des interférences multiformes sur tous les sujets et qui étaient parfois un peu éprouvantes. Le niveau d'exigence des patients et des institutions publiques comme privées est sans comparaison possible…"
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