Le Centre Hospitalier Princesse Grace favorise-t-il la transmission de la Covid-19 à Monaco?

La fréquentation des services d’hospitalisation conventionnelle et de réanimation est élevée. La réponse du Centre Hospitalier Princesse Grace est honnête : "la question des contaminations intra-hospitalières est délicate à caractériser".

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Thomas Michel Publié le 08/02/2021 à 07:30, mis à jour le 08/02/2021 à 07:37
En décembre, un cluster avait été identifié parmi les soignants. Photo C.D.

La circulation active du coronavirus à Monaco et son pourtour se traduit depuis ce début d’année par un taux d’occupation élevé des services d’hospitalisation conventionnelle et de réanimation au Centre hospitalier Princesse-Grace. Alors qu’un cluster de 11 cas avait été identifié en fin d’année dernière (5 médecins et 6 personnels paramédicaux), et que des familles de patients supputent des contaminations après l’hospitalisation de leurs proches, la question se pose de la circulation du Covid au sein même de l’hôpital de Monaco.

"En rien une garantie"

"La question des contaminations intra-hospitalières est délicate à caractériser", concède d’emblée le comité pluridisciplinaire "Covid" du CHPG. "Le temps d’incubation du virus est très variable d’un individu à l’autre, puisque la littérature scientifique l’évalue de 5 à 21 jours. Il est donc difficile de déterminer le lien de causalité et le moment exact de l’infection en l’absence de contact à risque élevé identifié."

Le contexte des dernières semaines accentuant le flou. "Le virus circule de manière très intense, au point que beaucoup de personnes se retrouvent diagnostiquées positives sans avoir la moindre idée du moment de leur contamination."

Et ce, même si des mesures préventives ont été prises. "L’ensemble des hospitalisations, programmées et urgentes, font désormais l’objet d’une RT-PCR préalable, ou réalisée à l’admission; il n’en demeure pas moins que, si ce dépistage a une visée probabiliste et nous permet régulièrement de détecter de nouveaux cas, il ne constitue en rien une garantie."

"30% de faux négatif"

La faute à l’imperfection du système de testing, à Monaco comme ailleurs. "La PCR laisse passer par nature 30% de faux négatif, et n’est utile que si le virus est physiquement présent dans le conduit naso-pharyngé au moment du prélèvement. Rien ne garantit que le patient n’est pas en train d’incuber, ou qu’il ne contractera pas le virus entre la réalisation de sa PCR et son admission au CHPG."

Dans les faits, l’existence de cas de transmission au sein même de l’hôpital n’est donc pas qu’une probabilité. Pour autant, impossible de la quantifier, tant chez les patients que chez le personnel.

"Nombre de patients sont testés au décours de leur séjour, suite à l’apparition de symptômes, et se révèlent positifs sur la deuxième PCR sans que leur temps d’hospitalisation ne soit compatible avec une contamination intra-hospitalière, détaille le comité des chefs de service du CHPG. À quelques exceptions près, il est donc devenu impossible de caractériser le moment de la contamination ; et en conséquence, impossible de chiffrer le nombre de patients et agents qui ont contracté le virus à l’hôpital."

"Le CHPG a étoffé sa défense"

Le protocole a toutefois évolué pour resserrer le maillage du tamis. "Le CHPG a étoffé ses stratégies de défense contre le virus. Patients et agents sont testés dès les premiers symptômes afin de permettre leur isolement rapide si nécessaire ; une enquête sanitaire est systématiquement menée par le cadre supérieur de santé d’astreinte dans un premier temps, puis par le service d’Épidémiologie et d’Hygiène Hospitalière s’il s’avère que plusieurs cas sont révélés dans le même service, à 21 jours d’intervalle."

Évidemment, le respect des gestes barrières forme le premier des garde-fous chez les soignants, patients et visiteurs.

Côté soignants, une salle de réunion a aussi été définie, les covoitureurs sensibilisés, la capacité du restaurant du personnel limitée, deux espaces aménagés pour la prise de repas, etc. Des dispositifs à même de juguler deux risques propres à l’activité médicale.

"Les contaminations réalisées sur le milieu professionnel peuvent être de deux natures : d’agent à agent, comme dans tout milieu professionnel, ou plus précisément dans le cadre de l’activité hospitalière, avec des soins ne permettant pas au personnel de santé de se protéger: soins oraux-buccaux, explorations pulmonaires, ou prise en charge d’une crise de démence sont autant d’exemples d’actes courants dans lesquels les soignants s’exposent."

D’où l’importance de proposer à ces professionnels la vaccination. À ce jour, 34,5% des effectifs se sont portés volontaires. 60% d’entre eux ont reçu une première injection.

Actuellement, les visites au CHPG se limitent aux débuts et fins de vie, ainsi qu’à la filière gérontologique et des situations bien particulières. Considérant qu’un test PCR ne peut être une garantie suffisante (lire ci-contre), la direction du CHPG n’envisage pas de dépister les quelques visiteurs encore autorisés à être auprès de leurs proches.

"La promotion de la vaccination"

"Nous ne ferons pas de dépistage des visiteurs, car nous les considérons comme contre-productif, le manque de fiabilité du test étant accru par un sentiment de confiance de nature à faire baisser la vigilance. Quant à la vaccination obligatoire, elle ne saurait être abordée alors que cette règle n’est pas valable pour la population générale. En revanche, nous réfléchissons constamment à des moyens de nous prémunir des contaminations, la promotion de la vaccination étant l’un des volets du dispositif."

Par ailleurs, les appels à la distanciation physique, la réduction de la capacité d’accueil des locaux et la sensibilisation des patients et personnels dans les zones de détente forment la base du dispositif de prévention.

 

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