La Société des Bains de Mer se prépare aux risques d’épidémie du coronavirus à Monaco

À Monaco, les entreprises doivent s’adapter aux contraintes et aux dangers du virus, notamment à la Société des Bains de mer où des mesures préventives sont en cours.

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Cédric Vérany et Arnault Cohen Publié le 28/02/2020 à 08:25, mis à jour le 28/02/2020 à 08:34
Aucune restriction particulière à l’entrée des établissements de la SBM, comme ici sur la place du Casino. Toutes les zones de contact sont désinfectées deux fois par jour. Photo Jean-François Ottonello

La capacité d’adaptation et de réactivité du monde de l’entreprise est mise à contribution en cette période de risque sanitaire due à la propagation du coronavirus.

La formule fonctionne pour la plus grande entreprise du territoire monégasque, la Société des Bains de Mer, où communication et prudence sont les maîtres mots de la direction pour se prémunir de la situation face aux risques de ce virus venu de Chine.

Un numéro vert, en interne, vient d’ailleurs d’être activé pour répondre aux questions des salariés.

Pour chacun des établissements, la direction des ressources humaines du groupe gère les stocks de gel hydroalcoolique, de masques et gants en plastique mis à disposition des équipes.

"Ce mercredi, nous avons également doté chaque établissement d’un thermomètre infrarouge pour permettre à chaque collaborateur de prendre sa température", détaille Jean-François Mariotte, directeur des ressources humaines.

Autre nouvelle mesure, l’ensemble des zones de contact de la société, de la poignée de porte aux boutons des machines à sous, sont désinfectées deux fois par jour. "C’est un geste préventif, car les études montrent que sur une surface non vivante, le virus ne résiste pas plus que neuf minutes."

Trois salariés et dix stagiaires en quarantaine

Côté salariés, la situation devrait évoluer en début de semaine prochaine, au retour des vacances de février. "Nombre de nos collaborateurs sont allés skier en Lombardie ou participer au carnaval de Venise. Ils seront invités à rester confinés chez eux."

C’est le cas pour l’heure de trois personnes - sur les 4 000 salariés que compte la société - qui sont en quarantaine chez eux pour 14 jours. "Nous avons également dix stagiaires d’une même école de commerce qui sont tous allés faire la fête ensemble, à Milan, le week-end dernier. Lundi matin, nous leur avons tous demandé de rester chez eux, en confinement. Mais nous ne suspendons ni les salaires, ni les indemnités de stage."

En parallèle, la direction a annulé jusqu’à nouvel ordre, tous les déplacements à l’étranger de collaborateurs.

"Pas d’inquiétude pour la saison"

La suite? Impossible à prédire. Concernant les salariés transalpins, qui résident à Vintimille et aux alentours et viennent chaque jour travailler dans les établissements de la SBM, aucune mesure particulière n’est pour l’heure appliquée. Mais la situation, là encore, est évolutive.

"Autre problématique, si des établissements scolaires devaient fermer leurs portes, comment feront les salariés qui n’ont pas de moyen de garde de leurs enfants ? Nous n’y sommes pas mais des questions se poseront", souligne Jean-François Mariotte.

Pour autant, selon le directeur des ressources humaines, la situation actuelle n’impacte pas les activités de la SBM. "Nous n’avons pas d’inquiétudes pour la saison. Les entreprises qui ont réservé pour des séminaires nous demandent quelles sont nos mesures de précaution. Pour les clients individuels, une fiche est à remplir pour indiquer d’où on vient et s’il y a des symptômes. Le cas ne s’est pas encore présenté. Mais si un client présente des symptômes, nous contacterons les autorités sanitaires."


Fédération des entreprises monégasques: "Oui à la responsabilité, non à la psychose"

Par le biais d’un communiqué, diffusé également à ses membres, la Fédération des entreprises monégasques a livré sa position sur l’actualité brûlante du coronavirus.

"Le gouvernement monégasque a décidé de mettre en place un certain nombre de mesures préventives que la Fedem approuve", explique son président Philippe Ortelli.

"Le Conseil national avait demandé la plus grande transparence dans les informations et la communication des autorités, pour que cet épisode ne génère pas de conséquences économiques et sociales, en laissant le doute et des mouvements de panique excessifs dans l’opinion."

"Nous avons pleine confiance dans les autorités et les mesures de prévention et de pédagogie qui sont prises. C’est pourquoi nous en faisons naturellement le relais. Pour autant, nous appelons chacun à la raison et à la responsabilité sur ce sujet qui prend des proportions irrationnelles."

Et de conclure: "Oui à la responsabilité, non à la psychose. Appliquons ces mesures de précaution avec bon sens et persistance".


"J’ai demandé aux salariés italiens de prendre des vacances"

La société monégasque Cruiseline emploie 238 salariés sur son plateau de Fontvieille. Ce leader européen dans le secteur de la vente de croisières en ligne est impacté par l’épidémie de coronavirus en Italie. Pour deux raisons.

D’une part, une cinquantaine d’Italiens travaillent à Monaco. D’autre part, la clientèle italienne occupe une part non négligeable dans l’activité du croisiériste.

Pierre Pélissier, le gérant de cette société, n’a pas eu le choix. "J’ai demandé aux salariés italiens de prendre des vacances, sur la base du volontariat. La moitié d’entre eux ont accepté."

Ils ont d’autant plus sauté sur l’occasion que la vente de croisières sur le marché transalpin connaît une baisse sensible depuis quelques jours, en raison de l’épidémie de coronavirus de l’autre côté de la frontière.

Et comme la rémunération des salariés comprend une part variable basée sur le volume des ventes, forcément, il vaut mieux partir en vacances en ce moment.

"Sur le plan de l’organisation, cela nous arrange, confie Pierre Pélissier. On peut solder plus facilement les congés avant le 30 avril. Mais surtout, comme je pense que le problème du coronavirus sera réglé d’ici là, il y aura une reprise assez forte de notre activité. La clientèle italienne va vouloir prendre ses vacances et nous aurons une forte demande."

Enfin, c’est ce qu’il espère.

Pierre Pélissier n’est pas inquiet: "On continue à vendre normalement des croisières à des périodes plus lointaines, en septembre et l’année prochaine. L’inquiétude des clients est très ponctuelle".

Et elle est surtout transalpine. Car pour le reste, rien ne change. Ni le volume des ventes de croisières, en Méditerranée ou ailleurs dans le monde, ni le parcours des bateaux le long des côtes italiennes.

Ce chef d’entreprise refuse de céder à la panique face à un phénomène qu’il considère comme passager. "En France, 10.000 personnes meurent chaque année de la grippe. Là, on dénombre 2.700 morts dans le monde. J’y vois surtout une psychose médiatique. Mais c’est vrai, il y a un impact sur le secteur du “travel”. Les clients sont en position d’attente."

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