La date d'hier marquera un tournant dans la lutte contre le sida en Principauté. L'ONG Fight Aids Monaco, le gouvernement et la mairie ont signé conjointement la Déclaration de Paris, un document dans lequel la ville-Etat adopte l'objectif 90-90-90 (lire par ailleurs) voué à éradiquer les contaminations par le VIH.
Concrètement, ces trois entités, municipale, gouvernementale et ONG, vont conjuguer leurs efforts pour tendre vers l'objectif ultime : l'éradication du virus. Cela n'a l'air de rien mais c'est une première. Les autres signataires de cette déclaration sont essentiellement des villes. Même si les initiatives sont toujours utiles, l'action concertée a davantage de résultats. D'où le fait que cet objectif 90-90-90 soit chapeauté par l'ONUSIDA (le programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida).
Georges Marsan, le maire, n'a pas manqué de souligner que « la prévention est au cœur des actions à mettre en place pour se donner les moyens d'atteindre cet objectif. Il est donc essentiel de poursuivre les campagnes de dépistage en milieu hospitalier mais aussi et surtout hors les murs de l'hôpital. » Et de rappeler qu'« à Monaco, cela se fait depuis 2010 grâce à l'opération "test in the city" initié par la princesse Stéphanie ». Et la présidente de l'ONG Fight Aids Monaco ne cachait pas sa satisfaction hier lorsqu'ont été évoquées les démarches qui seront entreprises pour atteindre le but. Parmi elles, le lancement d'une campagne de communication orchestrée encore par le triptyque Fight Aids, gouvernement, mairie, autour du message indétectable = intransmissible. Hervé Aeschbach, coordinateur de Fight Aids Monaco, rappelait en effet qu'«une personne traitée et qui présente une charge virale indétectable, ne transmet pas le virus ».
Sans complaisance avec le VIH
Si la signature de la Déclaration de Paris est un symbole, la Principauté a clairement une longueur d'avance, comme l'a souligné Didier Gamerdinger, conseiller de gouvernement - ministre des Affaires Sociales et de la Santé : « On peut considérer aujourd'hui qu'à Monaco, 90% des personnes qui vivent avec le VIH connaissent leur statut sérologique, que 100 % des personnes diagnostiquées reçoivent un traitement antirétroviral et que 100 % de ces patients traités ont une charge virale indétectable. »
Dès lors, on pourrait se demander pourquoi s'engager dans ce programme de l'ONUSIDA. « Parce qu'il est important de rejoindre ce mouvement international et de partager nos expériences. Tant qu'il y aura encore des contaminations, il y aura encore des actions à mener, répond Hervé Aeshbach. Et c'est d'autant plus logique que la princesse Stéphanie est ambassadrice de l'ONUSIDA depuis 2006. Par ailleurs, il y a encore beaucoup à faire en matière de lutte contre les discriminations. »
Le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a conclu en expliquant que « la nouvelle conspiration, c'est celle de la complaisance. Les gens n'ont plus peur et ont l'impression qu'on peut vivre avec le VIH. Ce n'est pas si simple. Il faut donc poursuivre les efforts entrepris. Il y a encore des foyers d'infections, dans le sud du Sahara mais aussi en Russie : c'est la troisième plus grande épidémie dans le monde. Si on ne la contrôle pas, l'épidémie va s'étendre. »
Pour éviter de vivre dans la psychose, il faut adopter des gestes simples : des dépistages réguliers et la conscience que le sida peut potentiellement concerner chacun d'entre nous.
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