Douleurs "suicidaires": l'hôpital de Monaco place ses espoirs dans les infiltrations

Zona, névralgie du trijumeau... contre les douleurs associées à ces pathologies, la médecine est parfois impuissante. L’infiltration d’anesthésiques à action prolongée, mise au point à l’hôpital de Monaco, a montré son efficacité.

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Nancy Cattan Publié le 25/09/2023 à 13:00, mis à jour le 25/09/2023 à 11:32
(Photos N.C)

Son récit fait froid dans le dos. Des jours sans boire ni manger. Sans dormir non plus. A hurler sa douleur face à des proches en situation d’impuissance. "Dans mon malheur, ça a été finalement une chance de ne pouvoir avaler quoi que ce soit; sinon, j’aurais essayé de mettre fin à mes jours; c’était trop insupportable." Atteinte de sclérose en plaques depuis une vingtaine d’années, c’est à l’occasion d’une poussée de sa maladie que Marie-Thérèse, une Trinitaire de 68 ans, a été victime d’une névralgie du trijumeau (lire par ailleurs). "On parle d’une douleur suicidaire, ce n’est pas excessif. Il n’y a plus de répit, tout ce que l’on souhaite c’est mourir."

Cette ancienne marathonienne, avait connu il y a un an un premier épisode. "Mais cette première crise avait pu être résolue par du tegretol. Et puis il y a eu la récidive, et comme ce premier traitement m’avait littéralement épuisée, le neurologue m’a prescrit une autre molécule. J’ai fait alors une réaction allergique et il n’y avait plus d’alternative."

C’est une voisine et amie qui – alertée par ses souffrances – va la diriger vers le Dr Philippe Brunner, chef du service de radiologie interventionnelle au Centre Hospitalier Princesse Grace (CHPG) à Monaco. Le spécialiste a en effet mis au point il y a déjà plusieurs années, une méthode qui a déjà fait ses preuves pour traiter une autre pathologie à l’origine de douleurs très intenses: le zona (lire par ailleurs), ophtalmique notamment.

Elle retrouve la capacité d’avaler sa salive

"Dans un cas comme dans l’autre, l’approche consiste en une infiltration, sous guidage scanner, d’un anesthésique à action prolongée, au niveau de la loge de Gasser (ganglion nerveux, Ndlr)", résume-t-il. "Ça a été un miracle, témoigne Marie-Thérèse. Après l’infiltration, il (le Dr Brunner) m’a prévenue: « vous risquez d’avoir un peu mal à la tête, de vous sentir vaseuse…" En réalité après les 5 jours d’enfer qui avaient précédé l’infiltration, j’ai dormi comme un bébé. J’étais tellement marquée par ce que j’avais enduré, qu’avant de fermer les yeux dans mon lit d’hôpital, j’ai vérifié que je pouvais avaler… Cela avait été impossible pendant des jours. »

Comme les dizaines de patients, monégasques, azuréens, mais venus aussi de la France entière bénéficier de cette approche qui reste uniquement pratiquée en Principauté, Marie-Thérèse est désormais non seulement soulagée, mais aussi sereine. "Je n’ai plus peur d’une récidive; je me dis que si ça revient, il y aura une solution."

Une aiguille courbe pour atteindre des zones complexes d’accès

Si le développement de cette technique vaut au Dr Brunner de recevoir des dizaines de courriers émouvants de patients témoignant de leur retour à la vie après des semaines, parfois des mois de douleurs intenses, elle ne s’est toujours pas essaimée. Il faut dire que cette technique exige également le recours à une aiguille courbe que le spécialiste a créée à cette fin précise. "Une aiguille droite ne peut contourner les obstacles comme le fait l’aiguille courbe. Elle seule permet de traiter à la base du nerf."

Un geste précis, une technique très délicate – l’infiltration se situe à proximité du cerveau –, non dénuée de risque. Cela explique-t-il le fait que la technique n’a pas gagné d’autres centres? Il manque aussi probablement la réalisation d’études permettant de la valider scientifiquement. Mais, selon le radiologue interventionnel, "cela sous-entendrait que l’on constitue des groupes de patients, les uns traités par infiltration, les autres par un placebo. Sachant l’intensité des douleurs, comment l’envisager?"

(DR)

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