Covid-19: pourquoi il n'y a pas de clusters dans les restaurants de Monaco

Considérés comme dangereux, et donc fermés, en France, les restaurants et les lieux de culture n’ont pas vu d’explosion de contamination à Monaco. Nous avons tenté de comprendre

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Ludovic Mercier Publié le 20/12/2020 à 10:05, mis à jour le 20/12/2020 à 16:08
Les restaurants sont pointés du doigt dans plusieurs études. À Monaco, aucun cluster n’y a été enregistré. Photo Cyril Dodergny

Ces dernières semaines, de l’autre côté de la frontière, à quelques centaines de mètres d’ici, deux secteurs sont particulièrement en souffrance. Le monde du spectacle et les restaurateurs clament presque quotidiennement la souffrance économique et morale qui est la leur depuis le reconfinement.

À Monaco, la décision politique était tout autre. Les restaurants sont restés ouverts, et des opérations de promotion du monde de la culture ont eu lieu. Des artistes sont venus jouer devant des foules distanciées et masquées.

Alors, vu de notre bout de rocher, on peut légitimement se poser deux questions : pourquoi avoir pris ces mesures, qui semblaient risquées, et pourquoi n’y a-t-il pas de flambée de l’épidémie dans ces lieux ?

"Il nous a semblé que si les distanciations sont respectées, qu’on se déplace masqué, et qu’il n’y a pas plus de six personnes à table, alors c’est suffisant à garantir une sécurité. Et nous n’avons pas peur de dire que la question économique a également pesé dans la balance", répond Pierre Dartout, le Ministre d’État.

"Les chiffres de contaminations que vous m’annoncez sont un mystère"

Les chiffres observés ces dernières semaines ne montrent pas d’explosion du nombre de contamination. Didier Gamerdinger, conseiller de gouvernement-ministre des Affaires sociales et de la Santé confirme : "Nous n’avons pas enregistré de clusters dans les restaurants ou dans les salles de spectacle. Dans ces derniers lieux, les spectateurs sont espacés et en quinconce, masqués, et nous veillons à ce qu’ils respectent les mesures lorsqu’ils sortent."

Martin Blachier, épidémiologiste français, confirme que les principales études disponibles ne montrent pas de risque particulier dans les lieux de culture, mais qu’elles pointent gravement du doigt les restaurants. Et la situation monégasque le surprend : "Le niveau de mesures que vous m’exposez est très bas. C’est très intéressant. Il existe au moins trois études majeures qui prouvent que les restaurants sont des lieux de contamination. Si les restaurants sont pleins à Monaco, les chiffres de contaminations que vous m’annoncez sont un mystère."

Il avance plusieurs théories : "Ce qu’il faut comprendre, c’est que le virus circule dans les interactions sociales. Ce que l’on peut imaginer, c’est que le niveau d’interactions soit différent dans les grandes villes et à Monaco. Il n’y a peut-être pas de grosses soirées. Globalement, on sait que 10 % des gens contaminent 90 % de la population. Peut-être que cette population qui contamine, n’a pas le même comportement à Monaco qu’en France."

L’importance de la taille

En tout état de cause, Martin Blachier est catégorique : "Le modèle de Monaco fonctionne à Monaco. Partout ailleurs, si l’on applique ce modèle, ça flambe."

Pierre Dartout tient un discours similaire : "La situation est différente en France, qui est un territoire beaucoup plus vaste. Ici, le territoire est beaucoup plus petit et ce qui est possible ici ne l’est pas nécessairement en France." Et c’est peut-être là que résiderait la clé du modèle épidémiologique monégasque.

C’est ce que semble penser Patrice Cellario, conseiller de gouvernement-ministre de l’Intérieur : "En Principauté, nous avons une taille qui nous permet d’être très présents auprès des professionnels. Tous les jours, un contact a lieu entre les autorités et les professionnels. Il y a quotidiennement une vérification de la mise en œuvre des mesures édictées."

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