Au milieu du hall d’entrée du Centre hospitalier Princesse-Grace, une armoire à pharmacie a été installée le temps d’une journée, celle mondiale dédiée à la sécurité des patients. À l’intérieur, des médicaments et pansements en désordre, pour certains périmés. Certaines personnes y jettent un regard curieux, sans pour autant arrêter leur chemin. D’autres prennent le temps de s’intéresser à cette présence insolite, renseignés par trois préparateurs en pharmacie et le cadre de santé du service. Profitant de cette armoire « piégée », ces professionnels de santé délivrent des conseils qui pourraient apparaître basiques, certes, mais qui, pourtant, sont loin d’être appliqués par le plus grand nombre. "Il y a une grande méconnaissance, reconnaît le Dr Catherine Cucchi, cheffe du service pharmacie au CHPG. L’idée est de sensibiliser de façon interactive le patient au bon usage des médicaments, qu’il soit acteur de sa sécurité." Des produits du quotidien mais pas anodins, à utiliser seulement après avis médical. Voici 5 conseils pour gérer son armoire à pharmacie.
1. Contrôler les dates de péremption
À l’instar des aliments, les emballages de médicaments, de compresses et de pansements présentent tous une date de péremption.
"Deux à trois fois par an, il faut vérifier que les dates ne soient pas dépassées et trier en conséquence, conseille Jérémy Gil, cadre de santé au service pharmacie du CHPG. Un produit périmé sera inefficace, voire toxique pour certains. Par exemple, un sirop avec des excipients à l’intérieur peut provoquer des maux de ventre." En juin dernier, l’agence nationale de sécurité du médicament en France (ANSM) révélait que deux Français sur trois gardent les médicaments non utilisés pour une prochaine fois, et 34 % considèrent comme "plutôt pas risqué" ou "pas du tout risqué" de prendre un médicament dont la date de consommation a expiré. « Par ailleurs, il faut noter la date limite d’utilisation dès lors qu’on ouvre un médicament qui est en multidoses », rajoute Jérémy Gil.
2. Conserver la notice et l'emballage
Des plaquettes de médicaments rangées en vrac dans l’armoire à pharmacie, prescrites il y a belle lurette pour on ne sait quel membre de la famille. L’image parlera à beaucoup. "Il faut veiller à conserver la notice et l’emballage d’origine pour avoir le numéro du lot, en cas de problème, et la date de péremption", poursuit Jérémy Gil.
Le risque étant, naturellement, le mésusage d’un médicament. Que ce soit la voie d’administration ou tout simplement l’erreur de médicament. "Avec l’arrivée des génériques, beaucoup de médicaments se ressemblent, explique-t-il en tendant deux plaquettes contenant des pilules roses. L’un est de la vitamine, l’autre du Spasfon." Même constat concernant les dispositifs servant à administrer le médicament, comme un sirop pour enfant. "Les pipettes n’ont pas toutes la même graduation. Le risque est un surdosage. Cela peut conduire à la mort", alerte Odile Guinet, préparatrice en pharmacie hospitalière.
3. Etre attentif au moment de la prise
"Au moment de prendre un médicament, il faut bien tout lire, y compris la notice, et ne pas le faire par habitude", prévient Jérémy Gil.
Dans les « pièges » tendus aux patients de passage : des emballages (presque) similaires en tout point mais destinés à un traitement différent : l’un pour l’œil, l’autre pour la peau. Attention, donc, à la confusion. « Une pommade ophtalmique que l’on utilise pour la peau, ce n’est pas trop grave. Dans l’autre sens, cela peut avoir un impact. »
Une vigilance à adopter, également, pour l’usage de pipettes unidoses. Dans l’armoire à pharmacie concoctée par les intervenants hospitaliers, certaines sont dévolues au rinçage des yeux, les autres contiennent de l’eau oxygénée. « Si vous mettez de l’eau oxygénée dans les yeux, le risque est de brûler les muqueuses », prévient-il.
4. Bien ranger
Il est également recommandé d’opérer un rangement minutieux des médicaments, en hauteur hors de la portée des enfants, d’abord en établissant un compartiment pour les enfants, un autre pour les adultes. « Dans celui pour les adultes, il est préférable d’avoir une partie pour les médicaments de routine, par exemple pour un traitement contre la tension ou le diabète, et un autre pour les médicaments que l’on utilise ponctuellement, pour un rhume par exemple », conclut Jérémy Gil.
5. Les médicaments thermosensibles
Les médicaments thermosensibles doivent être conservés à une température comprise entre 2 et 8 °C, dans un compartiment tempéré du réfrigérateur.
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