3.000 poches par an importées de France, le gouvernement princier invite les Monégasques à donner leur sang

Alors que Monaco n’est pas autosuffisante en poches de sang, le conseiller de gouvernement - ministre des Affaires sociales et de la Santé invite les gens à effectuer ce geste civique et altruiste.

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Thibaut Parat Publié le 14/06/2023 à 10:00, mis à jour le 14/06/2023 à 10:37
Le prélèvement de sang dure entre 7 et 10 minutes en moyenne. Photo d'illustration Nice-Matin

Ce mardi, à la veille de la Journée mondiale du donneur de sang, Christophe Robino, conseiller de gouvernement-ministre des Affaires sociales de la Santé, a martelé l’importance vitale d’effectuer ce geste civique qui sauve des vies. D’autant plus à l’approche de la période estivale durant laquelle les donneurs potentiels vaquent à d’autres occupations, alors que les besoins en sang, eux, sont accrus. En 2022, la Principauté n’était toujours pas autosuffisante: 1.975 poches de sang prélevées pour un besoin de 5.000.

Depuis le 1er janvier, 1.013 poches ont été prélevées, laissant penser que le millésime 2023 sera plus prolifique. Une augmentation rendue, entre autres, possible par les campagnes menées avec les institutions et entreprise du pays et à la Bloodmobile. Entretien.

Le don du sang en Principauté connaît-il toujours une pénurie?
Oui. La Principauté effectue 2.000 prélèvements de poche de sang par an pour des besoins estimés à 5.000. On doit donc en acheter 3.000 à la France qui, elle-même, n’est pas autosuffisante et doit s’en procurer auprès d’autres pays d’Europe. C’est un effet domino. D’où l’importance de sensibiliser les résidents et salariés de la Principauté à ce geste civique. Le sang, c’est la vie. On ne peut pas s’en passer, il n’existe pas de substitut. Le donner, c’est sauver une vie. C’est une démarche altruiste, civique et solidaire qui doit être encouragée.

Craignez-vous, à l’avenir, de ne plus pouvoir suffisamment vous approvisionner?
À ma connaissance, ça n’est jamais arrivé en 20 ans à l’hôpital. La solidarité territoriale fait que l’on s’en sort toujours. On a connu des difficultés davantage liées à la rareté de certains groupes sanguins qu’à un besoin absolu. Il faut savoir qu’on peut moduler l’indication de la transfusion, c’est-à-dire que certaines sont réellement impératives du fait d’un besoin vital. D’autres peuvent être différées et on peut utiliser un certain nombre de médicaments, notamment des perfusions de fer, des apports en vitamines, voire éventuellement de l’érythropoïétine pour stimuler la production de globules rouges par la moelle osseuse.

Quel stock de groupe sanguin surveillez-vous attentivement?
Le groupe O-, le "donneur universel", est celui qu’on essaye de préserver au maximum. Pour les groupes sanguins plus difficiles à trouver comme le AB, les praticiens peuvent transfuser du O- en cas d’urgence extrême.

À qui sont destinées les poches de sang au CHPG?
Elles sont utilisées pour les urgences absolues: une jeune femme qui accouche et qui fait une hémorragie de la délivrance, un accident de la route, une hémorragie digestive, ou accidentelle lors d’une intervention. Mais aussi un certain nombre de maladies de la famille du cancer, en particulier celles du sang, pour lesquelles il y a des formes d’anémies chroniques.

Est-ce le manque de temps ou de communication qui freinent les gens à donner leur sang?
Les deux. Ce qui manque, surtout, c’est de rassurer les potentiels donneurs au travers de la communication. Non, on ne pâtit pas du don du sang. Le geste se fait facilement et il n’y a pas besoin d’être à jeun. On prend rendez-vous, on se présente et on repart normalement, sans conséquences, hormis peut-être une légère fatigue. Les gens en bonne santé le supportent très bien. La "Bloodmobile" a été mise en place pour venir chercher les résidents et salariés à leur domicile ou sur leur lieu de travail et les emmener au Centre de transfusion sanguine, avant de les ramener. Cela facilite le déplacement qui, on le sait, n’est pas toujours simple à Monaco.

Ce système de porte-à-porte monte-t-il en puissance?
J’étais inquiet car notre caravane qui collectait le sang en divers lieux de Monaco n’était plus opérationnelle, c’était assez peu rentable. Je craignais que ce soit un handicap pour la collecte mais, en réalité, on assiste depuis deux ans à une amélioration des performances de prélèvement à Monaco. La Bloodmobile est la bonne solution. Le premier pas est le plus important. Une fois celui-ci effectué, cela démystifie le geste et permet aux gens de reprendre rendez-vous. Le souverain est attaché à ce geste, il est lui-même donneur et des collectes sont organisées au Palais. Le gouvernement et le Conseil national font de même.

N’est-ce pas la solution d’organiser de vastes campagnes au sein des grandes institutions et entreprise du pays?
C’est déjà le cas. Certaines entreprises ont passé des accords avec le Centre de transfusion sanguine qui organisent des collectes au CHPG ou sur site, si les locaux le permettent [une vingtaine de salariés de l’AS Monaco, dont le directeur général Ben Lambrecht et le directeur du centre de formation, Sébastien Muet, ont donné leur sang hier, N.D.L.R.]. Cela permet d’améliorer les résultats. Il faut poursuivre les efforts, ne pas baisser les bras et continuer de communiquer.

Depuis votre prise de fonctions, quelle politique menez-vous en faveur du don du sang? Y a-t-il des actions à venir ou davantage de moyens alloués?
Le Centre de transfusion sanguine gère les campagnes en collaboration avec la direction du CHPG. Je suis prêt à appuyer toutes les actions qui seront menées pour faciliter le prélèvement sur la Principauté et, s’il le faut, on mettra les moyens. Il n’y a pas plus belle action que de donner son sang. Je tiens d’ailleurs à saluer l’amicale des donneurs de sang qui participent à sa promotion. Demain [lire aujourd’hui], celle-ci remettra un certain nombre d’insignes pour les donneurs les plus méritants. Certains l’ont donné 30, 40, 50 fois. C’est un bel investissement personnel.

Christophe Robino, conseiller de gouvernement-ministre des Affaires sociales et de la Santé. Photo Sébastien Botella.

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