Cancer de la personne âgée: la prise en charge multidisciplinaire au coeur d’une révolution

Si le cancer peut survenir à tout âge, il touche majoritairement les personnes de plus de 60 ans. C’est au Monte-Carlo Congress Centre de l'Hôtel Fairmont que se réuniront les experts en oncogériatrie les 23 et 24 mars prochain pour aborder toutes ces questions. Voici 5 questions pour tout comprendre sur l'oncogériatrie.

C’est quoi l'oncogériatrie?

L’oncogériatrie est le rapprochement de deux spécialités, la cancérologie et la gériatrie. Cette pratique vise à garantir à tout patient âgé atteint de cancer un traitement adapté à son état grâce à une approche multidisciplinaire et multiprofessionnelle. En effet, la plupart du temps, les traitements du cancer sont lourds, agressifs et longs avec un retentissement notable notamment chez les personnes âgées. Les effets secondaires peuvent être accentués de même que les réactions de toxicité ou la vulnérabilité suite à une chimiothérapie. Enfin, des problématiques liées à l’âge du patient ou à son état de santé s’ajoutent souvent à la pathologie cancéreuse, et joue notamment sur l’efficacité et la tolérance d’un traitement.

A partir de quel âge parle-t-on d’oncogériatrie?

L’âge constitue le premier facteur de risque de la maladie. L'oncogériatrie s’adresse, selon l’OMS, aux personnes à partir de 65 ans. En France, ce sont plutôt les patients de plus de 75 ans qui sont concernés. Elle témoigne également d'un problème de santé publique lié au vieillissement général de la population et à l'augmentation du risque global de développer un cancer avec l'âge. En effet, avec l’augmentation du nombre de personnes âgées dans la population française, la prise en charge de celles atteintes de cancer est devenue une problématique majeure pour les pouvoirs publics et les équipes soignantes. Les projections démographiques de l’Insee prévoient qu’en 2060, un Français sur trois aura plus de 60 ans.

Pourquoi y a-t-il de plus en plus de cas de cancer chez les personnes âgées?

Le nombre de cancers de la personne âgée est en augmentation du fait de l'allongement de l'espérance de vie, à savoir 83 ans pour les femmes et 77,9 ans pour les hommes. L'âge est l'un des facteurs de risque les plus importants puisque l'incidence du cancer est 10 fois plus élevée chez les patients de plus de 65 ans. Ainsi, sur 365.500 nouveaux cas en France, 70% des cancers surviennent après 65 ans. Ils entraînent 72% des décès selon l’institut national du cancer. Cette forte mortalité s’explique par plusieurs facteurs : la nature des tumeurs incriminées, différente de celles touchant les patients plus jeunes, mais aussi le moins bon état de santé des patients âgés, le retard de diagnostic et les traitements qui ne sont pas toujours adaptés. Proposer une prise en charge spécifique à la personne âgée atteinte d’un cancer est donc une priorité. 

Quels sont les types de cancer chez les personnes âgées?

Pour de nombreux types de cancer, le risque de survenue augmente avec la durée d’exposition à des facteurs de risque comme le tabac et l’alcool. Tous les cancers ne sont pas également concernés par cette courbe ascendante: il s’agit plus particulièrement des cancers les plus courants, notamment les cancers de la prostate chez l’homme, le cancer du sein chez la femme, les cancers du colon et du rectum, certains cancers de la peau, des cancers des ganglions et de la moelle osseuse (lymphomes, myélome, leucémies), les cancers de l’ovaire ou encore des cancers plus rares, tels ceux de l’estomac et de la vessie. L’enjeu est donc de prendre en charge le patient le plus rapidement possible et cela passe par un diagnostic précoce. Une bonne évaluation de l’état de santé général et une bonne connaissance des effets secondaires des traitements est également nécessaire pour une prise en charge optimale.

Quels sont les derniers progrès dans ce domaine?

C’est tout l’enjeu : diagnostiquer les patients à temps et proposer une prise en charge spécifique à la personne âgée atteinte d’un cancer. Car pendant longtemps, les traitements anticancer prescrits aux personnes âgées n’étaient pas nécessairement adaptés aux spécificités de cette typologie de patients, qui, en plus de leur cancer, ont des maladies chroniques, une moins bonne capacité à tolérer les traitements, voire une perte éventuelle d’autonomie. Ainsi, pour les médecins, les risques du traitement oncologique par rapport aux bénéfices restent souvent difficiles à apprécier avec l’avancée en âge. Cependant, la situation a nettement évolué ces dernières années et les passerelles entre les professionnels de santé concernés, notamment entre les oncologues et les gériatres, sont devenues essentielles. Le but étant de mutualiser leurs compétences et de définir la meilleure prise en charge pour chaque personne âgée, selon son profil clinique, son état général et ses attentes. S’il y a 30 ans, la chimiothérapie en était à ses premiers balbutiements, la vraie révolution réside depuis ces dernières années dans la prise en charge multidisciplinaire, permettant au spécialiste de ne plus être seul face à son patient.

Le Professeur Gilles Freyer, Président du Monaco Age Oncologie.

C’est dans ce contexte que le monde de la cancérologie française se retrouve à Monaco du 22 au 24 mars. Recherche, applications cliniques, soins et ateliers pratiques seront au programme du congrès Monaco Age Oncologie. La spécificité de l'événement réside justement dans son approche multidisciplinaire. Le congrès s’adresse donc non seulement aux oncologues et gériatres mais également aux autres professionnels de santé exerçant en oncogériatrie, comme les radiothérapeutes, manipulateurs, pharmaciens, attachés de recherche clinique et soignants. Les sessions, quant à elles, traitent des différents types de cancers comme les cancers du sein, gynécologiques, pulmonaires, urologiques, digestifs et hématologiques. 

Des débats enrichiront le congrès avec des thématiques à la pointe de l’actualité, comme par exemple la pratique d’une activité physique adaptée pour les patients atteints de cancer, l’utilisation des traitements les plus innovants, comme l’immunothérapie ainsi que les problématiques des patients âgés atteints à la fois par le cancer et des formes de démence. Des thématiques qui  permettront de faire avancer la recherche et d’améliorer la prise en charge des patients. 

Trois nouveautés viennent compléter l'événement : Des ateliers dédiés aux soignants ainsi qu’ une session internationale, avec des spécialistes de renom de l’oncogériatrie le jeudi après-midi. Enfin, les 22 et 23 mars aura lieu la première édition du Workshop Accéléré en Oncologie. L’objectif ? Permettre aux oncologues, généralistes ou plus spécialisés, de rencontrer des experts reconnus de leur domaine comme la sénologie, la gynécologie, l’oncologie thoracique, l’oncologie digestive, l’urologie et les soins de support. Ce format d’ateliers-rencontres en petit groupe a une double vocation : faire le point sur les dernières évolutions des disciplines abordées et, à travers l’analyse de cas précis, présenter les pratiques de chacun en fonction des situations rencontrées. Des ateliers qui permettront sans aucun doute de faire avancer le domaine de l’oncologie générale par cette approche très pragmatique.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.