C’est un mouvement spontané comme il en naît pléthore sur les réseaux sociaux. À Monaco, où la contestation émane habituellement des syndicats, il a toutefois surpris par son ampleur populaire.
En six jours, le groupe Facebook Manifestation pacifique contre le pass sanitaire à Monaco a drainé 3.300 personnes (lire notre édition du 29 juillet). Des jeunes, des actifs travaillant en Principauté, des retraités, des résidents et nationaux, des parents, des vaccinés ou non-vaccinés.
Tous rejettent en bloc la dernière mesure du gouvernement princier : le pass sanitaire obligatoire pour tous à compter du 23 août.
S’ils n’ont pas, pour l’heure, fait entendre leurs voix dans les rues de la Principauté, des dizaines d’entre eux se sont mêlées, ce samedi à Nice, aux manifestants français.
" Ce n’était pas une rencontre de façade "
Apolitique et hors de toute entité syndicale, le mouvement entend se structurer – et ne pas se disperser, par exemple, dans des débats sur la vaccination – pour gagner en crédibilité face à l’exécutif monégasque.
Ce dernier, d’ailleurs, semble accorder suffisamment d’importance à ce groupe Facebook, puisqu’il a convié, ce lundi au Ministère d’État, une délégation de six de ses membres (1). En face d’eux, les pontes du gouvernement princier (2).
" La volonté du gouvernement est de maintenir un dialogue serein, franc et ouvert. De répondre aux nombreuses interrogations et doléances qui peuvent se poser. D’expliquer pourquoi on agit de la sorte. Ce n’était pas une rencontre de façade, assure une source gouvernementale. Il est important qu’il n’y ait pas de divisions, de fractures potentielles au sein de la population monégasque. "
" Une fracture sociale et familiale inédite "
C’est justement la crainte exprimée par la délégation – " en plus de l’impact de cette mesure sur l’économie et les restaurateurs " – à ses interlocuteurs.
" Nous avons insisté sur la fracture sociale et familiale inédite au sein de la population monégasque. Cette mesure instaure la discrimination, l’injustice et la stigmatisation. Les conséquences psychologiques de cette mesure sont désastreuses ", martèle Sharon Rochetin, créatrice du groupe Facebook.
Dans un esprit de dialogue et non revendicatif, la délégation n’est pas arrivée les mains vides sur la place de la Visitation. Des propositions et solutions pour lutter contre la Covid-19 ont été mises sur la table.
Par exemple, " le pass sanitaire requis uniquement pour les non-résidents et non-salariés ; informer sur la prévention immunitaire ; la mise en place d’un pass sanitaire obligatoire ponctuel pendant une grosse manifestation afin d’accéder aux lieux où le public ne porte pas le masque; développer d’autres possibilités de traitements existants. Le vaccin est un outil mais n’est pas la solution ", liste-t-elle.
Seront-elles retenues par l’exécutif ? Rien n’est moins sûr.
" Nos arguments n’ont pas porté suffisamment. La réunion a servi à montrer la détermination du gouvernement à continuer dans sa lancée ", analyse-t-elle après coup, déçue.
La copie ne sera
pas revue
Pour l’heure, en effet, le gouvernement princier ne compte pas revoir sa copie sur le pass sanitaire obligatoire pour tous. La mesure, donc, entrera bien en vigueur le 23 août.
" Le pass sanitaire est un outil qui nous permet de maintenir l’équilibre entre la protection sanitaire de la population et le maintien des activités économiques ", souligne la même source gouvernementale.
Et Sharon Rochetin de conclure : " Les arguments qui nous ont été donnés n’ont pas permis de nous convaincre que l’on ne pouvait pas adapter la stratégie aux spécificités monégasques. On est un pays souverain de petite taille avec un système de santé de pointe, une population disciplinée et responsabilisée, et des moyens de contrôle. "
(1) La créatrice du groupe Facebook, une restauratrice, une mère de famille, un avocat, une infirmière retraitée.Tous Monégasques.Et, enfin, un policier de la Sûreté publique.
(2) Notamment Pierre Dartout, ministre d’État ; Didier Gamerdinger et Patrice Cellario, respectivement conseillers de gouvernement - ministre pour les Affaires sociales et la Santé, et pour l’Intérieur ; Robert Colle, secrétaire général du gouvernement princier, et son adjoint ; Laurence Garino du Welcome Office.
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