7 questions sur la bronchiolite, ce virus d’hiver qui touche les bébés

La bronchiolite, infection respiratoire d’origine virale, touche environ un tiers des nourrissons de moins de deux ans. Comme en 2021, l’épidémie arrive très tôt en France cette année. La Région Sud Paca est en alerte "pré-épidémie". Définition, symptômes, prévention, situations d’urgence… On fait le point.

Stéphanie Wiélé swiele@nicematin.fr Publié le 23/10/2022 à 09:45, mis à jour le 23/10/2022 à 10:48
Chaque année, en France, 30% des bébés de moins de deux ans sont touchés par la bronchiolite. Photo Pexels

L’épidémie de bronchiolite progresse de façon inquiétante. Selon les derniers chiffres de Santé publique France (1), la quasi-totalité de la France métropolitaine est en phase épidémique. Si la Région Sud Provence-Alpes-Côte D’Azur reste en stade "pré-épidémique", dans les hôpitaux de notre territoire, les cas ont fortement augmenté ces dix derniers jours.

À celui de Monaco, 30% des enfants hospitalisés (tous âgés de trois mois) le sont ainsi pour cause de bronchiolite. Ce qui amène le Dr Hervé Haas, chef du service de pédiatrie de l’hôpital Princesse-Grace de Monaco à affirmer que "l’épidémie est déjà là et elle est bien plus précoce que les années passées." Définition, symptômes, prévention… Sept questions pour mieux comprendre ce virus automnal et hivernal très contagieux.

1. D’où vient ce virus?

La bronchiolite - maladie respiratoire très contagieuse - est due le plus souvent à un virus appelé virus respiratoire syncytial (VRS) qui touche les petites bronches. Selon Santé publique France, chaque année en France, 30% des bébés de moins de deux ans sont touchés, soit près de 500?000 cas, dont 2 à 3% sont hospitalisés.

"Il s’agit d’une inflammation des bronchioles, c’est-à-dire des ramifications qui permettent de transférer l’air dans les alvéoles pulmonaires", détaille le Dr Hervé Haas. Même si elle est angoissante pour les jeunes parents, la bronchiolite est, la plupart du temps, bénigne. Elle guérit spontanément, sans antibiotique, au bout de 5 à 10 jours.

2. Quels symptômes?

La bronchiolite débute par un simple rhume (nez bouché ou qui coule) et l’enfant tousse un peu. Puis, la toux devient plus fréquente, et elle évolue par quintes. Puis, la respiration peut devenir sifflante. "Car la muqueuse des bronchioles s’épaissit et le calibre des bronches se réduit. L’air peine à rentrer et l’enfant a dû mal à respirer. La bronchiolite peut même entraîner des pauses respiratoires ou apnées chez les nourrissons", détaille le pédiatre.

3. Qui est concerné?

Tout le monde peut attraper la bronchiolite, enfant comme adulte. Toutefois, cette maladie fragilise particulièrement les tout-petits, contraignant parfois à une hospitalisation. "Cela concerne surtout les nourrissons de moins de trois mois, car leurs muscles se fatiguent très vite et leurs bronches s’obstruent plus facilement."

Au cours des deux premières années de vie, les enfants prématurés ont également plus de risque de développer une forme grave de la maladie. "Surtout s’ils ont eu des problèmes respiratoires dès la naissance. De plus, les enfants prématurés ont une moins bonne immunité et ils se défendent moins bien contre les infections de manière générale."

Autre population particulièrement impactée par la bronchiolite, et dont on parle moins: les personnes âgées.

4. Que faire si l’enfant a la bronchiolite?

Il est primordial de lui laver régulièrement le nez, afin de réduire l’encombrement nasal. Pour cela, on utilise des pipettes de sérum physiologique. "Il est très important de répéter ce geste avant la prise des biberons car le bébé respire essentiellement par le nez."

Autre recommandation: fractionner les repas. "Il faut donner à manger plus souvent et des petites quantités, afin de réduire les efforts de l’enfant pour s’alimenter." Si son état se dégrade et s’il présente des signes inquiétants, il ne faut pas hésiter à se rendre aux urgences.

5. Quelle prévention?

Il est possible de diminuer la transmission du virus grâce à des gestes simples: se laver les mains pendant 30 secondes avec de l’eau et du savon (avant et après un change et avant tétée, câlins, biberon, repas); ouvrir les fenêtres de la pièce où bébé dort au moins 10 minutes par jour pour aérer; éviter si possible d’emmener son enfant dans les endroits publics confinés (transports en commun, centres commerciaux, etc.), laver régulièrement jouets et doudous… Car en cas d’épidémie, et pour éviter d’engorger les urgences pédiatriques, le meilleur remède reste la prévention.

6. Quand faut-il s’inquiéter ?

En cas de symptômes de bronchiolite, Santé Publique France préconise d’amener son enfant aux urgences s’il est dans l’un des cas suivants:

- L’enfant est âgé de moins de six semaines.
- Il est un ancien prématuré de moins de trois mois.
- Il a une maladie respiratoire ou cardiaque.
- Il boit moins de la moitié de ses biberons à trois repas consécutifs.
- Il vomit systématiquement. Il dort en permanence ou pleure de manière inhabituelle et ne peut dormir.

7. Un traitement préventif en 2023 ?


En septembre, le laboratoire pharmaceutique français Sanofi a obtenu l’accord de l’Agence européenne du médicament (EMA) pour une future mise sur le marché du nirsevimab, un médicament destiné à prévenir la bronchiolite chez les nouveau-nés. Commercialisé sous le nom de Beyfortus, il s’agit d’un anticorps monoclonal. Il pourra être injecté, en une dose, chez tous les bébés de moins d’un an.

À ce jour, il n’existe qu’un seul vaccin, le Synagis (AstraZeneca), réservé aux bébés prématurés ou atteints de pathologies cardiaques ou pulmonaires, et efficace en plusieurs doses. "Ce traitement préventif est très attendu, car il permettrait de protéger tous les bébés en une seule dose et de réduire considérablement le nombre d’hospitalisation", précise le pédiatre. Reste à savoir à quel prix le Beyfortus sera vendu, et à partir de quand. Et s’il sera remboursé. Sanofi espère une commercialisation en 2023.

1. Bulletin hebdomadaire du 20 octobre 2022.

Une épidémie précoce

Habituellement, la bronchiolite sévit sous forme d’épidémies en automne, dès la fin du mois d’octobre, et se termine vers janvier-février. Mais, cette année encore, comme en 2021, la bronchiolite a démarré très tôt en France. Début octobre, certaines régions étaient déjà en phase épidémique.

La raison? La crise sanitaire. En effet, les confinements successifs et les gestes barrières ont modifié la temporalité du virus. "Entre 2020 et 2021, la distanciation sociale a eu un impact sur la circulation du Covid-19 mais également sur la circulation de tous les virus comme la gastro-entérite et la bronchiolite. Les infections invasives à méningocoque ou pneumocoque ont également cessé de se propager", constate le Dr Hervé Haas.

Le problème, c’est que la nature a horreur du vide… "Comme les virus n’ont pas circulé d’une manière habituelle depuis deux ans, beaucoup d’enfants n’ont pas été en contact avec la bronchiolite et ils n’ont pas développé d’immunité. Ils risquent de contaminer les plus fragiles, c’est-à-dire les bébés nés entre 2021 et 2022 mais aussi les personnes âgées", avertit Dr Hervé Haas.

Un impact sur les services de pédiatrie

D’autant plus que ce virus respiratoire inaugure souvent la saison des virus. "L’épidémie de grippe arrive généralement juste avant ou juste après celle de la bronchiolite." Plus d’enfants contaminés par la bronchiolite et plus tôt… Santé Publique France a, d’ores et déjà, prévenu qu’il fallait s’attendre à un "impact sur les services de pédiatrie".

En outre, à l’approche des vacances scolaires, les brassages de population favorisent la diffusion du virus. "Les pédiatres de ville sont de moins en moins nombreux et débordés au quotidien. Les parents se tournent vers les urgences déjà au bord de la saturation", s’inquiète le Dr Hervé Haas.

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