"Bonjour Marseille! Bonjour la France!" C’est par ces simples mots que le pape François a débuté sa messe ce samedi dans le stade Vélodrome. Mais avant d’apercevoir le souverain pontife entrer dans l’antre de l’OM à bord de sa papamobile, les très nombreux fidèles – le chiffre de 57.000 a été annoncé par les organisateurs – auront dû se montrer patients. À partir de 15h00, il était en effet impossible d’accéder au stade, alors que le coup d’envoi de la messe était programmé à 16h15.
Mais il faut croire que la foi permet de tout endurer. Et c’est sans jamais se départir de leur joie et de leur bonne humeur que les fidèles ont attendu. Bien aidés il est vrai par l’organisation. Pendant plus d’une heure, les artistes se sont ainsi succédé sur la scène. Sur la playlist pontificale: Chœur Liban, Jimmy Sax, Dana-Jo, Glorious et la jeune chanteuse Victoria, interprète du spectacle Bernadette de Lourdes composé par Grégoire.
Et pour chauffer la foule à grand renfort d’"Est-ce que ça va le Stade?", l’acteur Mehdi-Emmanuel Djaadi qui précise: "mon ADN est musulman, mais mon âme est chrétienne". Il n’est pas le seul dans cette ville de Marseille multiculturelle, multiconfessionnelle. Le comique Gad Elmaleh, lui aussi converti au catholicisme, le rejoint bientôt. "Je suis né au Maroc, une terre musulmane, dans une famille juive et aujourd’hui je demande la protection de Notre-Dame de La Garde". Il n’en faut pas plus pour enflammer le Vélodrome.
Un tifo à l’effigie du pape
Le public n’oublie pas d’ailleurs qu’il se trouve dans un stade. Dans la partie haute de la tribune Jean Bouin, les Scouts de France, se prenant pour des supporters islandais, multiplient les "clappings" qui avaient fait la joie de l’Euro de football 2016. Les holas s’enchaînent également à un rythme effréné. Même les prêtres assis dans le virage nord, à gauche de la scène où le pape François doit prendre place, n’y tiennent plus. Se mettant debout en levant les bras. Les fidèles apprécient. Mais quand les deux écrans géants projettent des images du Saint-Père qui remonte le Prado, le stade exulte. À l’entrée de la papamobile, c’est de la folie. Fan de football assumé, le pape François a même droit à un gigantesque tifo à son effigie hissé dans le virage sud des Winners. Les Marseillais savent recevoir.
Si le pape François a commencé sa messe en français, il est très vite passé à l’italien pour son homélie. Un discours dans lequel le souverain pontife a encore fustigé "les exacerbations de l’individualisme, les égoïsmes et les fermetures aux autres qui produisent solitudes et souffrances". Espérant que la France, l’Europe connaissent à nouveau des "tressaillements de foi", le pape François a appelé les fidèles à ouvrir leur cœur et à "cesser d’être indifférents aux personnes qui émigrent, aux enfants qui ne sont pas encore nés, et aux personnes âgées abandonnées".
Des paroles fortes qui ont fait mouche. En témoigne Gilles, rencontré à la sortie du stade. "Ça nous a bouleversés. Le pape nous a fait réagir par rapport au sort des migrants. Ça fait mal. Il faut qu’on soit moins individuel", confie ce Varois. À ses côtés, Louis, "pris aux tripes" par la parole du Saint-Père, n’hésite pas à qualifier le pape de "Saint". Baptiste, Marseillais et fier de l’être, a trouvé cette messe "incroyable". Il avoue même "avoir vibré, pour des raisons différentes certes, mais avec autant d’intensité que pour un match de l’OM".
Une pensée pour les victimes du terrorisme
Il n’est pas le seul. Le cardinal Jean-Marc Aveline, un proche du pape François, à qui revenait de prononcer les paroles de remerciement a déclaré avoir vécu "une journée inoubliable". Sachant visiblement parler aux Marseillais, dont il partage l’accent, le cardinal n’a eu aucun mal à se mettre le Vélodrome dans la poche. "Un pape dans un stade, ça s’est déjà vu. Mais un pape au stade Vélodrome, ça ne s’était jamais vu! En venant ici, c’est comme si vous étiez allé chez chacun des Marseillais, comme à la maison!", s’est-il adressé au souverain pontife, dans un tonnerre d’applaudissements.
Avant de quitter le Vélodrome, le pape François s’est incliné devant la statue de la vierge à l’enfant – Notre-Dame de La Garde – à qui était consacrée la messe. "La Bonne Mère, c’est sacré ici à Marseille. Ça nous a beaucoup touchés", souligne Magali. Dans ses remerciements, le souverain pontife a également eu une pensée pour "les frères et sœurs venus de Nice qui ont survécu au terrible attentat du 14 juillet 2016".
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