"Qu'ils retournent en Afrique"... Une phrase raciste d'un député RN à l'Assemblée Nationale provoque une suspension de séance

Ce jeudi 3 novembre, les bancs de l'Assemblée Nationale se sont indignés après une interpellation raciste d'un député RN. Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée Nationale a annoncé que cet incident ferait l'objet de discussions lors du bureau de l'Assemblée qui se réunira vendredi à 10h30.

La rédaction Publié le 03/11/2022 à 19:15, mis à jour le 03/11/2022 à 19:19
Le Pen dénonce une "polémique grossière" des "adversaires" du RN

"Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique!". Ce jeudi 3 novembre, l'Assemblée Nationale et une partie de la classe politique se sont indigné après les propos tenus par Grégoire de Fournas, député RN de Gironde. 

La plus haute instance collégiale de l'Assemblée se réunira dès vendredi à 14H30.

Ce qu'il s'est passé

Lors d'une intervention du LFI Carlos Martens Bilongo, noir et d'origine congolaise, sur le "drame de l'immigration clandestine", le député RN Grégoire de Fournas a lancé "qu'ils retournent en Afrique" ou "qu'il retourne en Afrique".

A 16H55, après quelques minutes de confusion, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a mis fin à la séance alors que restaient plusieurs interventions programmées, "compte tenu de la gravité des faits" et de "l'émotion légitime" de l'Assemblée. De telles interruptions de séance sont rarissimes. 

Carlos Martens Bilongo, le député LFI intervenant pendant l'invective du député RN, s'est dit lui "tellement triste": "C'est honteux d'être renvoyé à sa couleur de peau aujourd'hui". 4

Indignations et condamnations dans la classe politique 

"Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", a réagi la Première ministre Elisabeth Borne, en indiquant que "naturellement", le bureau de l'Assemblée nationale "devra prendre des sanctions".

"Aujourd'hui l'extrême droite a montré son vrai visage", a estimé de son côté la présidente du groupe insoumis à l'Assemblée Mathilde Panot. "Nous allons demander la sanction la plus forte, l'expulsion pour plusieurs mois" de ce député. Le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon a réclamé de son côté, sur Twitter la "déchéance et l'exclusion de l'injurieur".

Dans le camp présidentiel, le groupe Renaissance "ne siègera pas" avant une sanction lourde contre le député RN, a indiqué son vice-président Sylvain Maillard. "Ils ont beau mettre des cravates (...) C'est un mouvement profondément raciste. Leur dignité, ç'aurait été de le faire sortir".

Trois sanctions possibles 

De source parlementaire, le député concerné est passible d'une "censure simple", soit la privation pendant un mois de la moitié de l’indemnité parlementaire ou d'une "censure avec exclusion temporaire", c'est-à-dire la privation pendant deux mois de la motié de l'indemnité allouée au député avec interdiction de prendre part aux travaux de l’Assemblée et de reparaître au Palais Bourbon pendant quinze jours.

Depuis l'élection inédite de 89 députés RN à l'Assemblée, le groupe de Marine Le Pen s'était astreint à jouer la carte de la notabilisation. Mais dans les rangs du RN, on s'est toutefois fait remarquer depuis le début de cette législature.  Le doyen d'âge José Gonzales avait d'entrée fait l'éloge de l'Algérie française de son enfance le 28 juin, et lors d'une récente séance houleuse, deux députés RN avaient traité le ministre de l'Economie Bruno Le Maire de "lâche" et le ministre de l'Education Pap Ndiaye de "communautariste". Ces invectives avaient donné lieu à des sanctions de la présidente de l'Assemblée nationale, sanctions qui doivent elles aussi faire l'objet d'un débat en bureau de l'institution.

Le RN se défend et parle d'une "manipulation"

Le groupe RN affirme que le député de Gironde parlait d'un "bateau" de migrants mentionné dans la question, et "en aucun cas" de M. Martens Bilongo, un élu du Val-d'Oise. Marine Le Pen a dénoncé une "polémique grossière" des "adversaires" du RN. Grégoire de Fournas a dénoncé "une manipulation" en affirmant qu'il "ne parlait pas" de son collègue mais "du bateau passeur de migrants".

"Nous sommes en face d'une manipulation de La France insoumise qui cherche à dénaturer mes propos pour me faire tenir des propos dégueulasses vis-à-vis d'un collègue député français de la Nation qui a la même légitimité que moi sur ces bancs", s'est défendu Grégoire de Fournas devant la presse. Viticulteur dans le Nord Médoc, Grégoire de Fournas exerce son premier mandat, à 37 ans. Il n'avait pas fait de vague jusqu'ici au Palais Bourbon, où il siège à la commission des Affaires économiques.

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