La réaction n'aura pas tardé. Selon les informations de Var-Matin, un policier varois, affecté au commissariat de Fréjus, a été "écarté du terrain" la première semaine d'avril. L'homme interagissait fréquemment dans le canal de discussions Telegram FR DETER VAR, dont le canal principal, FR DETER est dans le viseur de la justice. Sous surveillance depuis la fin 2022, des milliers de comptes y étaient abonnés.
Ce canal de discussions sur Telegram était découpé en plusieurs catégories, répertoriées par département. Dans le canal FR DETER varois, différents profils interagissaient: des hommes, femmes, anciens militaires ou policiers.
Parmi ces personnes, un certain Guillaume A., qui se présentait comme venant de Fréjus. Ses différents comptes sur les réseaux sociaux le montrent en photo, souvent armé d’une arme de airsoft ou d’une vraie arme, en uniforme de la police nationale, parfois même lors de l'exercice de son métier... policier adjoint.
L'homme était policier adjoint à Fréjus
Âgé de 22 ans, Guillaume A. est policier adjoint au commissariat de Fréjus, au sein de la Police Secours de nuit. Un élément qu'il a lui-même révélé dans une discussion sur un réseau social. Sur un autre réseau, l'homme indique travailler pour le ministère de l'Intérieur depuis 2019 et pose en compagnie d'autres hommes, le visage caché, en tenue kaki, avec notamment un gilet tactique, lors d'activité d'Airsoft, cette activité de loisirs où les participants tirent des billes de plastique avec des répliques d'armes à feu.
Se pourrait-il que l'homme ait infiltré ces canaux de discussions pour une enquête? "C'est des conneries pour se défendre", indique une source à Var-Matin. "Quand on infiltre, on ne met jamais sa vraie identité", poursuit-elle. Son boulot au quotidien? "Des contrôles routiers, régler des différends familiaux... Rien à voir avec le Raid et une équipe d'élite. Il s'est vu plus beau qu'il ne l'est".
Ses collègues se disent "déçus et révoltés" par les propos tenus par leur collègue. Ils ont découvert sa présence dans ce canal de discussions en regardant un reportage télévisé. Ses propos justement, ne sont guère équivoques. Florilège: "One two three, retourne dans ton pays", "Les arabes? C’est quoi ça? Connais pas cette espèce" ou, répondant à un message posté par un utilisateur: "une sous race, non? Sûrement", avec un smiley pleurant de rire. "Malheureusement, on est bridé pour certaines actions, mais c’est pas l’envie qui manque pourtant", "Faut leur faire comprendre qu’on est chez nous", peut-on encore lire. Plus inquiétant encore, l'homme explique comment se dissimuler, "cache cou, casquette, emballé c'est pesé".
Tout aussi inquiétant, il indique dans un échange à propos d'"actions de nuits ou celles qui rassemblent pas mal de monde sont plus safe" et "surtout en zone gendarmerie (ils travaillent rarement la nuit)". A l’appel à se rassembler lors d'une manifestation, Guillaume A. balaye cette idée: "non, aux manifs, il n’y a que des vieux, aucun vrai antifa à se mettre sous la dent dans le Var".
Une attitude et des propos qui ne passent pas: "je me doutais bien que ce n'était pas un partisan de Louis Boyard et Jean-Luc Mélenchon... Mais si on avait découvert ça avant, on l'aurait fait remonter. On ne s'en accommode pas. Ce n'est pas tolérable", souffle-t-on du côté de l'institution policière.
Ces derniers jours, Guillaume A. a été entendu et des mesures conservatoires ont été prises "à son encontre pour l'écarter du terrain" et que "la suspension était clairement envisagée".
Pour Gérald Darmanin, "aucune preuve ne montre" la présence de policiers nationaux dans ces canaux de discussions
Après les révélations de l'existence de ces canaux, Gérald Darmanin, était interrogé par les députés sur ces canaux de discussions. David Guiraud, député LFI a interpellé le ministre de l'Intérieur sur ces boucles de discussions.
Le locataire de Beauvau l'a assuré, les renseignements étaient bien au courant de l'existence de ces canaux de messagerie instantané, mais à "[leur] connaissance, il n’y a pas de membre de la police nationale, dans ce groupe Telegram (…) Aucune preuve ne le montre", a dit le ministre de l'Intérieur.
Depuis la médiatisation de cette affaire, ce sont donc deux policiers qui ont été sanctionnés. Pour le cas de ce policier varois, en tout cas, on se rassure comme on peut: "il vaut mieux que cette affaire arrive maintenant, avant qu'il soit titulaire".
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