Au printemps dernier, quand le torchon a commencé à brûler entre les deux générations de Spinelli, on imaginait déjà une joute politique savoureuse aux élections municipales de mars 2020 à Beausoleil. Un maire sortant contre son sixième adjoint avec des envies d’émancipation. Un père, Gérard, contre son fils, Nicolas.
La brouille - sur fond de désaccord autour de la réorganisation interne de la mairie et, qui sait, de motifs personnels - s’était nouée en plusieurs actes. D’abord, le retrait total en deux temps des délégations* de Nicolas Spinelli par le premier magistrat de la ville.
Puis, par un déballage médiatique. Enfin, par une lettre de démission de son mandat d’adjoint envoyée au préfet des Alpes-Maritimes. Missive qui n’a jamais abouti à une décision préfectorale, le préfet n’aurait jamais répondu favorablement à la demande de démission.
Car, depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. La mésentente avérée des deux hommes a fait "pschitt" au cours de l’été.
"Du folklore"
"J’ai demandé au préfet plus de temps pour réfléchir, précise Nicolas Spinelli. Il n’a donc jamais répondu à cette lettre et je n’ai jamais cessé d’être adjoint. La conclusion de cette réflexion, c’est qu’on n’avait pas intérêt à rentrer dans une guerre entre père et fils, mais plutôt de travailler ensemble pour la ville de Beausoleil. On a trouvé des solutions même si on n’est pas d’accord sur tout. Il y a de la place pour travailler à deux et défendre mes idées dans la majorité."
Dans les textes officiels des derniers conseils municipaux suivant cette lettre, Nicolas Spinelli est, en effet, toujours présenté comme adjoint. Ce qui n’avait pas manqué d’interpeller l’unique opposant encore présent à l’assemblée municipal, Lucien Prieto, lequel avait quémandé des explications auprès de la majorité.
"Comme vous le constatez, Nicolas Spinelli est adjoint. Il n’y a rien d’autre à dire à ce sujet", lui avait rétorqué, laconique, le premier magistrat de Beausoleil.
"Tout cela, c’est de la soupe interne, du folklore. Ils ont tout intérêt à ne pas se brouiller en vue des élections, analyse Lucien Prieto. La Cour des Comptes a soulevé des problèmes de gestion et d’administration au sein de la mairie et cela a créé une brouille entre le père et le fils. Pour Gérard Spinelli, c’est impératif qu’il gagne les élections car il ne veut pas se retrouver au chômage. Il ne sait rien faire d’autre."
Les deux Spinelli jurent donc s’être rabibochés durant le cours de l’été après une discussion. Preuve de cette réconciliation, Gérard Spinelli, par un arrêté municipal daté du 2 septembre, a donné une nouvelle délégation à son fils, Nicolas Spinelli : les Affaires sociales. Pas un mince "portefeuille" dans une ville cosmopolite où les enjeux sociaux sont loin d’être négligeables.
Une chose est sûre, Nicolas Spinelli, quand bien même il ne l’a jamais fait savoir publiquement, a abandonné toute idée de se lancer dans une campagne municipale. "Ce n’est plus d’actualité. Si je me suis réconcilié avec mon père, ce n’est pas pour être candidat dans quelques mois", assure-t-il.
"Tout est réglé"
Même son de cloche du côté du maire et père. "On s’entend bien, tout est réglé, c’est fini. On s’est engueulé une fois dans notre vie en 33 ans. Sur le cas du contrôleur de gestion [l’objet de la discorde, N.D.L.R.], par définition, son rôle est de contrôler. Cela fait toujours des vagues car il "emmerde" les gens et ceux-ci se plaignent. Grâce à cela, on a pu mettre en place une politique favorable pour le personnel, maîtriser nos dépenses du personnel et rémunérer les gens qui travaillent", lâche Gérard Spinelli.
Ce dernier n’a toujours pas annoncé qu’il rempilerait pour un cinquième mandat. Mais il se murmure que sa déclaration officielle de candidature pourrait intervenir courant janvier. Lucien Prieto aurait, quant à lui, écrit à La République en marche.
"Pour leur dire qu’il fallait s’intéresser à Beausoleil, que LREM devait se présenter aux municipales, que ce soit moi ou un autre."
Sans réponse à ce jour. Selon nos informations, le parti politique lancé par Emmanuel Macron ne devrait pas envoyer au charbon un candidat étiqueté à Beausoleil. Et ce, de façon à préserver les bons rapports entre Gérard Spinelli et la députée de la 4e circonscription, Alexandra Valetta-Ardisson, qui travaillent ensemble sur de nombreux dossiers.
*Ressources humaines, animation, vie associative, communication, protocole, informatique et technologie de l’information et de la communication, guichet unique d’inscription.
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