Monaco prend deux nouvelles mesures pour aider ses résidents au chômage à retrouver un emploi

Les conseillers nationaux ont voté deux textes du gouvernement pour aider davantage les personnes sans travail. Des projets de loi jugés importants, surtout dans le contexte de crise actuelle

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Joëlle Deviras Publié le 04/12/2020 à 13:15, mis à jour le 04/12/2020 à 13:10
Le Conseil national, ce jeudi soir, en séance publique législative. Photo Cyril Dodergny

En chiffres: 786 euros pour celui qui tente de rentrer dans la vie active et 1.100 euros pour celui qui souhaite renouer avec la vie salariée. Voici les aides financières qui vont être mises en place avec le vote ce jeudi, de la loi n°1020 sur les aides pour l’accès ou le retour à l’emploi pour les Monégasques et personnes résidant en Principauté depuis au moins dix ans.

Davantage d’allocations et des dispositifs plus simples: en cette période de crise sanitaire et économique, c’est une bonne nouvelle pour ceux qui n’ont pas d’emploi.

Ce jeudi soir, les conseillers nationaux ont voté, à l’unanimité, deux projets de loi du gouvernement. Le premier, dont la vice-présidente du Conseil national Brigitte Boccone-Pages a été rapporteure, fixe les aides aux Monégasques et personnes résidant à Monaco depuis plus de dix ans à la recherche d’un travail. Le second crée un revenu minimum.

Aider plus et mieux

Jusqu’à présent, les grilles de cas donnant lieu à des allocations étaient bien compliquées. Les allocations spéciales en faveur de certaines catégories de demandeurs d’emploi, allocations d’aide publique, allocations de chômage social, étaient autant de dispositifs pour aider les personnes sans travail à Monaco. Les soutiens financiers dépendaient de multiples situations familiales (conditions de nationalité, nombre d’enfants à charge, situation de famille, recherche d’un premier emploi…).

Ces catégories et sous-catégories ont été simplifiées et le gouvernement entend mieux soutenir financièrement ceux qui sont à la recherche active d’un travail. L’esprit de cette réforme ? « Aider plus ceux qui en ont davantage besoin car plus avancés dans la vie. Valoriser et soutenir leur projet professionnel », note Didier Gamerdinger.

Le conseiller-ministre des Affaires sociales et de la Santé explique: "Concrètement, il est apparu que les niveaux d’aide accordés aux demandeurs d’emploi méritaient d’être davantage en rapport avec la situation réelle des bénéficiaires. (...) L’allocation mise en place au bénéfice des personnes qui ont déjà eu un parcours professionnel avéré est apparue insuffisante aux yeux du gouvernement. Ces personnes (...) ont fréquemment des charges de famille, ont des frais plus conséquents de la vie quotidienne (logement propre, abonnements, factures…). (...) Avec les deux textes soumis au vote de votre assemblée ce soir (voir ci dessous pour le revenu minimum, ndlr), il nous semble que nous avons une approche plus cohérente : une aide financière et une couverture sociale pour les primo demandeurs d’emploi, une aide plus importante, une couverture médicale et une majoration pour enfants à charge pour les personnes qui ont déjà eu un parcours professionnel et qui souhaitent retrouver un emploi, et un revenu minimum pour celles et ceux qui, à un moment de leur vie, ne sont pas réellement en mesure ou n’ont pas la volonté d’accéder au monde professionnel."

"Le modèle social est un atout"

Béatrice Fresko-Rolfo (élue de la minorité Horizon Monaco) adhère pleinement aux propos partagés dans l’hémicycle. "Accompagner les jeunes financièrement dans leur recherche d’un premier travail, c’est leur donner une bulle d’air, c’est leur permettre d’effectuer les démarches sereinement. (...) Accompagner les moins jeunes financièrement dans leur retour à l’emploi, c’est le rôle d’un État comme le nôtre, État pour qui le modèle social est un atout."

Pour les Monégasques, cette volonté politique permet de se sentir un peu moins fragile dans un monde toujours plus complexe à appréhender.

Personne au bord du chemin

Hier soir, il y a d’abord eu le conseiller-ministre des Affaires sociales et de la Santé Didier Gamerdinger: "Une position consensuelle a finalement été trouvée, permettant de ne laisser personne au bord du chemin."

Puis le président Stéphane Valeri: "Plus que jamais, l’État doit montrer qu’il est aux côtés des plus fragiles, car comme j’avais déjà eu l’occasion de le dire, notre modèle social monégasque ne doit laisser personne au bord du chemin."

Décidément, la formule, qui avait été prononcée par le président du Conseil national au printemps dernier quand il s’était agi d’aider les personnes soudain privées d’emploi du fait de la crise sanitaire, revient dans la bouche des décideurs politiques.

Mais hier soir, avec le projet de loi modifiant la loi n° 1465 du 11 décembre 2018 relative à l'aide à la famille monégasque et à l'aide sociale, il était question de ne pas "laisser au bord du chemin" les personnes sans emploi et qui, pour des raisons diverses, ne sont pas à la recherche d’un travail. Trois articles votés à l’unanimité.

"Ce texte poursuit l’objectif de créer une nouvelle aide sociale, dénommée “revenu minimum”, destinée à assurer les moyens de subsistance nécessaires aux Monégasques les plus démunis, sans emploi, et qui ne remplissent pas les conditions exigées pour ouvrir droit à d’autres aides financières destinées à pallier l’absence d’activité professionnelle", a expliqué Karen Aliprendi-de Carvalho.

Il y aurait à Monaco une vingtaine de personnes dans cette situation. "Ce dispositif ne concerne par chance qu’un nombre très limité de compatriotes ou résidents. (...) Notre amendement permet ainsi à chaque membre d’un couple dans cette situation, de percevoir une aide entière."

Ce revenu, délivré non pas par la direction du Travail mais par la Dass, va être de 943 euros pour une personne seule avec une majoration de 250 euros par enfant à charge. Sont concernés les Monégasques qui ont épuisé leurs droits au chômage et aux aides d’accès et retour à l’emploi. Ces personnes ont une obligation de suivi socio-éducatif mais pas d’obligation de recherche d’emploi.

Didier Gamerdinger a souligné que ce texte "pose pour la première fois le principe d’un revenu minimum pour les Monégasques".

Il a expliqué les motivations du gouvernement. "Parfois, il n’y a pas de volonté d’intégrer le monde du travail. (...) Il faut cependant constater, sans émettre de jugement de valeur à l’égard des personnes concernées, que parfois, faute d’investissement réel de leur part, il n’est en fait pas possible de les amener à une activité professionnelle quelle qu’elle soit. Pour autant, et c’est un point fondamental pour nous, notre rôle est de continuer à les accompagner. Cet accompagnement prendra à l’avenir la forme d’un revenu permettant une vie décente, une couverture sociale et un suivi social. L’instauration à Monaco d’un revenu minimum pour nos compatriotes constitue une avancée majeure dans la politique sociale de notre pays."

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