
«Lâimportant, câest le principe dâhumanité»
Le 18/10 Ă 11h43 MĂ J 18/10 Ă 11h49Il a dĂ©marrĂ© sur le terrain, au Soudan. Simon Missiri a rejoint la FĂ©dĂ©ration internationale des sociĂ©tĂ©s de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge il y a une trentaine dâannĂ©es. Il est aujourdâhui le directeur du bureau de la rĂ©gion Europe. Simon Missiri est venu Ă Monaco alors que la Croix-Rouge monĂ©gasque reçoit les hauts reprĂ©sentants de sept sociĂ©tĂ©s nationales de la Croix-Rouge de petits Ătats dâEurope, du ComitĂ© international de la Croix-Rouge et de la FĂ©dĂ©ration internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, depuis hier et jusquâĂ ce soir. Pour Ă©changer sur des problĂ©matiques communes. Parmi les points centraux de cette rencontre, justement: les migrations. Simon Missiri revient sur ce sujet au centre de lâactualitĂ© europĂ©enne, en insistant sur le «principe dâhumanité».
Quelle est lâapproche de la Croix-Rouge sur les migrations en Europe?
Pour nous, câest le principe dâhumanitĂ© qui est le plus important.On ne fait pas de diffĂ©rence entre les gens qui fuient des zones de guerre ou ceux qui veulent Ă©chapper Ă une pauvretĂ© extrĂȘme. Câest notre message aux citoyens de lâEurope. Depuis le dĂ©but de ce dossier, lâEurope a fait preuve dâun niveau exceptionnel de solidaritĂ©. Aujourdâhui, nous observons de plus en plus de rĂ©ticence aux migrations. Et notre rĂŽle, câest dâaugmenter le niveau dâhumanitĂ© et de solidaritĂ©.
Cela veut dire sâadresser Ă lâopinion publique, directement?
Absolument. De la Turquie Ă lâAllemagne en passant par les Balkans, notre mission est de porter assistance aux gens. Mais une grande partie de notre rĂŽle consiste aussi Ă Ă©duquer les deux communautĂ©s: les migrants et les citoyens dâEurope. Pour apprendre comment vivre ensemble, comment coexister. Avec des classes de langue, des cours sur la culture. On ne peut pas renvoyer ces gens. Beaucoup des pays dâoĂč ils viennent ne le permettent mĂȘme pas.Alors, il faut soutenir une prĂ©sence, sur le plus long terme, des migrants en Europe. Cela veut dire quâil faut trouver un moyen pour leur donner une vie dĂ©cente, mais sans accabler des pays dâEurope qui ne se trouvent pas dans un contexte Ă©conomique trĂšs favorable. Comme la GrĂšce, qui a montrĂ© un exemple exceptionnel de solidaritĂ© mais oĂč 40 % de la population nâa pas de rĂ©el accĂšs aux soins.Nous devons trouver un moyen de vivre ensemble. Il y a un moyen. Il faut se souvenir que la civilisation sur cette planĂšte a Ă©tĂ© façonnĂ©e par les migrations.
Quelle forme prend ce travail, sur le terrain?
Cela dĂ©pend du contexte. Câest trĂšs diffĂ©rent dâun pays Ă lâautre. Mais il faut Ă©duquer les migrants Ă la rĂ©alitĂ© de ce quâil y a autour dâeux. Câest quelque chose quâils doivent accepter. Beaucoup arrivent avec des illusions: ils sont en Europe, câest un paradis, un havre de paix. Câest la perception qui est entretenue par les passeurs. Il faut de lâĂ©ducation. Il faut apprendre la langue. Il faut apprendre Ă respecter les cultures.
Faut-il aussi effectuer un travail dâĂ©ducation auprĂšs des citoyens europĂ©ens?
Oui. Bien sĂ»r. Nous discutons du lancement dâune campagne europĂ©enne contre la xĂ©nophobie. Pour quâil y ait plus de tolĂ©rance. Cela nous inquiĂšte beaucoup. Dâautant que beaucoup de ces peurs naissent de la peur.
En Europe, les mouvements qui ne sont pas favorables aux migrations gagnent du terrain. Cela vous inquiĂšte?
Oui.Dans lâoptique de certains mouvements populistes, tout se mĂ©lange: les rĂ©fugiĂ©s syriens avec la libertĂ© de mouvement en Europe, par exemple. Les migrations sont devenues quelque chose de nĂ©gatif, dans certains esprits. Cela nous inquiĂšte beaucoup. Il faut combattre cela. Ce nâest pas juste.
Dans ce contexte, comment voyez-vous le futur en Europe?
Je suis confiant. LâEurope a des milliers dâannĂ©es dâhistoire derriĂšre elle, avec beaucoup de choses, des guerres, des annĂ©es de collaboration⊠Nous arriverons Ă renverser la situation. Ă se diriger vers quelque chose de positif pour nos citoyens, pour ceux qui sont venus se rĂ©fugier ici, dont beaucoup retourneront dans leurs pays dâorigine quand la paix et la stabilitĂ© seront revenues. Mais bien sĂ»r, câest une vision Ă long terme.
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