Ils sont cinq. Christophe Steiner, vice-président du Conseil national; Marc Burini, président de la commission Finances et Économie nationale; Jean-Charles Allavena, président des Relations extérieures; Thierry Poyet, président des Intérêts Sociaux et Affaires Diverses et Jean-Michel Cucchi, président de la commission Logement.
Autour de Christophe Steiner qui s’exprime pour la première fois dans la presse sur la crise actuelle au sein de la Haute Assemblée, les « poids lourds » de la majorité Horizon Monaco font bloc. Un bloc résolument hostile à Laurent Nouvion (lire leur tribune ci-contre). Ensemble, ils affirment qu’« une majorité d’élus s’est restructurée » car, selon eux, « il ne s’agit pas (...) d’écarter un homme, mais une méthode, quitte à changer, même en cours de mandat, de président du Conseil national, pour sauver l’institution et la faire redémarrer ».
L’heure est au compte des voix car, on le sait, Laurent Nouvion devra faire face à un autre candidat. Les opposants se sont dévoilés : les quatre élus de la minorité(1), les trois élus de l’UP(2), Christophe Steiner, Marc Burini, Nathalie Amoratti-Blanc, Thierry Poyet et Jean-Charles Allavena. ça fait douze... S’il y avait douze votes favorables au président actuel, c’est-à-dire sans aucune abstention, le plus âgé l’emporterait. Il reste un mois et demi à Laurent Nouvion, que l’on sait combatif, pour inverser les choses et trouver une stratégie pour conduire le Conseil national.
Joelle Deviras
(1) Lire notre article du 9 mars, p. 3, La mandature s’est arrêtée le 7 octobre.
(2) Puisqu’ils ont unanimement décidé de se désolidariser de R&E, « mouvement dirigé in fine par le président du Conseil national. » (Lire notre article du 2 mars, p. 3, L’UP suspend ses accords avec R&E).
« Pour une nouvelle gouvernance au Conseil national »
Christophe Steiner, Marc Burini, Thierry Poyet, Jean-Charles Allavena et Jean-Michel Cucchi se présentent comme les cinq doigts d'une main. Une main prête à prendre le contrôle du Conseil national autour d'un nouveau président. Ensemble, ils signent une tribune.
« Si chaque élu tient sa légitimité du vote des Monégasques, le président du Conseil National tient sa légitimité du vote des élus eux-mêmes. Donc de ses pairs, de ses égaux. Si la confiance octroyée aux élus par les électeurs s'exprime démocratiquement tous les cinq ans, la confiance octroyée au président par les élus eux-mêmes s'exprime, elle, chaque année, au travers d'un vote en séance publique. Par ce vote, les conseillers nationaux désignent celui qu'ils jugent digne de les représenter et de conduire la gestion du Conseil National. Gestion tant administrative que politique.
Les élus attendent aussi du président que la défense de l'intérêt général et l'esprit de responsabilité s'exercent en toutes circonstances. À l'instar des élus, notre communauté nationale doit pouvoir compter sur un mode de gouvernance de la Haute Assemblée, fiable, raisonné, capable d'aborder les différents thèmes qui jalonnent une mandature, avec le recul nécessaire pour des prises de décision fermes et responsables. Aujourd'hui, une majorité d'élus a fait le constat que ces éléments pourtant indispensables au bon fonctionnement de notre Assemblée ne sont plus réunis.
Aujourd'hui, une majorité d'élus, soucieuse de préserver un esprit d'ouverture et de responsabilité essentiels à la bonne marche de nos Institutions, s'est restructurée face à cette situation. Elle vise à rassembler tous les conseillers nationaux engagés, responsables et compétents, afin de changer la gouvernance de notre institution.
« Mettre un terme à une gestion personnelle »
Une majorité consciente de ses obligations s'est imposée parmi les élus face à l'évidence absolue : mettre un terme à une gestion personnelle et solitaire de notre Institution. Aujourd'hui, la dimension collective a échappé peu à peu à celui qui aurait dû être un coordinateur, un capitaine, en mesure d'indiquer un cap, d'avoir une stratégie, et de s'y tenir. Nous sommes de ceux qui ont été porteurs de la notion d'union nationale. Qu'est devenue cette union dès lors que les partis ressurgissent en des affrontements ne pouvant qu'être dommageables pour Monaco ?
Tout état d'esprit fermé et partisan est d'un autre temps et ne correspond plus à la réalité de notre communauté nationale. Au-delà d'une majorité de personnes, la Haute Assemblée doit dégager des majorités d'idées, pour représenter dignement et avec intelligence tous les Monégasques afin de garantir un travail efficace et constructif avec le Gouvernement princier pour le bien commun des Monégasques et de Monaco. Nous souhaitons un Conseil National apaisé, fort et responsable, capable de travailler dans le respect de tous, y compris des permanents de l'institution qui aspirent à une contribution sincère et intelligente au service de l'État et de leur pays.
Les Monégasques veulent des résultats. Ils veulent des élus garants de l'intérêt commun et courageux. Ils veulent des Conseillers nationaux qui travaillent pour l'avenir en évitant affrontements stériles et polémiques inutiles. Il ne s'agit aucunement d'écarter un homme, mais une pratique du pouvoir, le mode de fonctionnement notre Institution et de toutes ses composantes, quitte à changer pour ce faire, à l'occasion du renouvellement annuel du bureau de l'Assemblée, le Président du Conseil national, afin de sauver cette mandature et de faire redémarrer notre assemblée. Nous voulons une gouvernance responsable pour permettre au Conseil National de travailler dans un esprit d'ouverture en tenant des positions claires, sans remises en cause permanentes, sans éluder les problèmes, sans amalgames, sans raccourcis, sans fuir et sans crier au complot.
C'est pourquoi nous pouvons compter sur une majorité de conseillers nationaux pour rétablir le Conseil national dans son rôle dès aujourd'hui. Sans volonté de clivage ou de division, mais bien dans l'esprit de responsabilité et de rassemblement qui nous anime et qui doit obligatoirement présider aux destinées de notre communauté nationale au moment de relever des défis majeurs pour notre avenir commun. Pour Monaco et les Monégasques, la Haute Assemblée doit désormais pouvoir fonctionner pleinement et activement, de manière responsable, pour l'intérêt général et dans le respect des prérogatives institutionnelles qui lui incombent. »
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