L'aéroport de Nice invité surprise du gouvernement
Monaco Le télétravail, la loi sur la sécurité et l'interdiction des sacs en plastique étaient au menu de la première conférence de presse du gouvernement de Serge Telle. Jusqu'à une question sur l'aéroport…
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arnault CohenPublié le 03/06/2016 à 05:05, mis à jour le 03/06/2016 à 05:05
Serge Telle, le chef du gouvernement princier, promet un «État fort» pour accompagner les évolutions du pays face à la mondialisation. Photo Charly Gallo / Dir Com
J'ai deux trois trucs à vous dire. » C'est par ces mots inattendus, accompagnés d'un grand sourire, que Serge Telle a accueilli les journalistes, de Monaco et d'ailleurs, hier matin au Ministère d'État. Pour la première fois depuis sa prise de fonctions, le 1er février dernier, le ministre d'État présidait une conférence de presse du gouvernement.
Avec un style qu'on lui découvre au fur et à mesure, le chef du gouvernement princier s'est livré à ce nouvel exercice avec un plaisir évident et revendiqué - « Je suis très heureux d'être revenu en Principauté », a-t-il d'ailleurs répété à trois reprises, peut-être quatre.
« Un État fort »
Pendant plus d'une heure et demie, entouré de ses cinq conseillers de gouvernement-ministres, le nouvel intitulé de leur fonction, Serge Telle ne s'est jamais départi de sa bonne humeur, affichant une décontraction qui n'enlevait rien au sérieux du propos, ne boudant pas son plaisir à chaque bon mot ou trait d'humour. Le tout sur un ton posé, y compris face aux questions embarrassantes. Le résultat d'une longue carrière de diplomate.
Sur le fond, le ministre d'État, dans son propos introductif, s'est livré à une anaphore pour donner la ligne directrice des dossiers et décisions annoncés hier à la presse monégasque, autour de « l'État fort ». « L'ouverture de Monaco au monde doit être accompagnée. Pour cela, nous avons besoin d'un État fort, entendu, respecté. Ceci guidera l'action de mon gouvernement. »
Illustrations immédiates : « Un État fort » pour mettre en place le télétravail, « évolution nécessaire de la façon de travailler en Principauté ».
« Un État fort » pour adopter la loi sur la sécurité nationale.
« Un État fort qui négocie avec l'Union européenne un accord d'association. »
« Un État fort qui se préoccupe des questions d'environnement. »
« Un État fort qui a des finances publiques saines. »
Une manière littéraire et astucieuse d'introduire les thèmes qui allaient ensuite être développés par ses conseillers de gouvernement-ministres.
Un nouveau style est en place au Ministère d'État.
Aéroport : Monaco prêt à investir 150 M€
Monaco a rencontré quasiment tous les candidats à la reprise de l’aéroport. Photo Franz Chavaroche.
Les candidats au rachat des parts de l'État dans la société de gestion de l'aéroport, qui avaient jusqu'au 24 mars pour se manifester et jusqu'au 28 avril pour déposer une offre indicative, sont désormais tenus par une clause de confidentialité. Et vue l'ampleur du dossier en jeu - les estimations font état d'une privatisation à hauteur de 1,5 à 2 milliards d'euros -, il paraît difficile à l'un d'entre eux de prendre le moindre risque.
Pourquoi chercher à en savoir plus sur la privatisation de l'aéroport de Nice ? Parce qu'hier, en réponse à une question posée lors de la conférence de presse du gouvernement princier, Jean Castellini, conseiller de gouvernement-ministre des Finances et de l'Économie, a indiqué le souhait de Monaco de se rapprocher des candidats et d'investir « entre 100 et 150 millions d'euros ». Selon nos sources, une disposition permettrait à la principauté de Monaco d'entrer à hauteur de 10 % dans le capital de la future société aéroportuaire.
« Dès le départ, explique ensuite Jean Castellini en aparté, nous avons cherché à rencontrer les groupements d'entreprises. Il était important de nous faire une idée des candidats en présence et de leurs objectifs. »
L'État monégasque, en effet, cherche à déterminer lequel des six consortiums répond le mieux à ses trois préoccupations principales : la stratégie des candidats à long terme ; leur volonté de développer la clientèle haut de gamme et d'affaires - « cette population qui vient à Monaco et que nous souhaitons continuer à attirer au travers de ce formidable hub qu'est l'aéroport Nice-Côte d'Azur » - ; l'ouverture de nouvelles lignes intercontinentales directes à partir de Nice, vers l'Amérique et l'Asie en particulier.
« Nous avons rencontré quasiment tous les groupements candidats et nous allons les revoir courant juin », poursuit le membre du gouvernement en charge des Finances et de l'Économie. Lequel assure que « tous sont intéressés par la possibilité de voir Monaco entrer au capital du groupement, et donc faire partie des acteurs de la privatisation de l'aéroport ».
La partie n'est pas gagnée pour autant. Même si l'État monégasque est prêt à mettre jusqu'à 150 millions d'euros au pot, il n'est pas certain que son entrée au capital sera effective. Car Monaco devra choisir son candidat avant que l'État français ne tranche. Autrement dit, la Principauté ne misera pas forcément sur le bon cheval.
« Nous ne pourrons pas investir après la décision de la France, poursuit Jean Castellini. Il y a six candidats aujourd'hui, il y en aura un à l'arrivée. Nous devrons avoir sélectionné le bon, celui qui sera retenu par l'État français. Il y a une part d'incertitude dans ce processus. »
Et maintenant ? Dans quelques jours, en l'occurrence lundi 20 juin, les six candidats déjà retenus devront avoir peaufiné leurs propositions fermes. L'État choisira alors l'acquéreur de ses 60 % de parts de la société Aéroports de la Côte d'Azur avant fin juillet. Avec Monaco dans le package, ou pas.
Télétravail: les premiers contrats signés à l’automne?
« On est sur le point d'aboutir. » Stéphane Valeri estime que « le vote des lois sur le télétravail est plus que probable à l'une des deux sessions de printemps du Conseil national, le 28 ou le 29 juin ». Le conseiller de gouvernement-ministre des Affaires sociales et de la Santé s'appuie sur les tout derniers échanges avec la commission des intérêts sociaux et affaires diverses, présidée par Thierry Poyet, pour affirmer : « Nous allons déboucher sur un accord. »
Dès lors, ce sont quatre années de réflexions et de discussions avec la France qui permettraient de mettre en place le télétravail, à savoir la possibilité pour des entreprises monégasques d'employer des salariés français, essentiellement azuréens pour des raisons évidentes de proximité, avec les avantages sociaux du droit du travail monégasque, sans que ceux-ci n'aient à venir physiquement en Principauté.
Pour ce faire, deux lois doivent être votées par le Conseil national : la ratification de l'accord international bilatéral - l'Assemblée nationale et le Sénat français ont déjà ratifié la loi qui a été publiée au Journal officiel le 24 mai - et le texte encadrant les droits et devoirs des employeurs et des salariés, ainsi que les modalités du contrat de travail.
Pour Stéphane Valeri, le télétravail est un dossier majeur pour l'économie et l'emploi, à Monaco et dans les Alpes-Maritimes. « Plusieurs milliers d'emplois seront créés et des postes actuels seront transformés, explique-t-il. La loi imposera un tiers de salariés présents dans l'entreprise. Cela signifie que celle-ci pourra tripler le nombre de ses salariés sans changer de bureaux. Les entreprises pourront se développer et les recettes de TVA augmenter pour l'État. »
Tout le monde y gagne, donc. Concrètement, si les deux lois sont adoptées à la fin du mois, quand les premiers contrats de télétravailleurs seront-ils signés ? « Dès cet automne, répond Stéphane Valeri. Et on pourra faire un premier bilan à la fin de l'année. »
La balle est maintenant dans le camp du Conseil national.
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