Le Conseil national a arrêté de travailler. » La phrase assassine a été lâchée la semaine dernière par les trois élus de la minorité Union Monégasque, lors de la présentation de leurs vœux à la presse (Monaco-Matin du 23 janvier). Une attaque suscitée, d'après Jean-François Robillon, Bernard Pasquier et Jean-Louis Grinda, par un supposé immobilisme consécutif à l'absence de ministre d'État, depuis l'accident vasculaire cérébral dont a été victime Michel Roger, le 14 décembre dernier.
Hier, avant de formuler ses bons vœux à la presse monégasque, Laurent Nouvion et cinq de ses élus de la majorité Horizon Monaco ont lancé la contre-attaque.
« Oui, nous avons travaillé »
« Nous sommes choqués par le manque de pudeur et de dignité des trois membres de l'opposition », résume le président du Conseil national. Avant de s'expliquer : « Tous les élus ont été peinés par l'accident de santé dont a été victime Michel Roger. Nous pensons à son épouse, à sa famille, à lui, et nous espérons qu'il aura la force de se remettre. Cela dit, nous avons profité de cette période d'intérim, de transition, pour travailler les gros dossiers des prochains mois. Au risque de décevoir l'opposition, oui, nous avons travaillé. »
Dans son attaque, Bernard Pasquier regrettait l'annulation de « quasiment toutes les commissions, sans motivation ». Réponse du berger à la bergère : « Il faut respecter les institutions. Sans ministre d'État, tout est bloqué. Cependant, pendant cette période, nous avons tenu plusieurs réunions de travail pour préparer les grands enjeux de 2016 », rétorque Laurent Nouvion.
Ainsi, quatre réunions préparatoires ont été organisées en douze jours, portant sur des thèmes aussi lourds que l'extension en mer, les négociations avec l'Union européenne, la loi sur la sécurité et le calendrier législatif (lire par ailleurs).
« Du pain sur la planche »
« Nous avons donc du pain sur la planche », conclut le président du Conseil national. Tous ces sujets, Laurent Nouvion les évoquera probablement mercredi prochain lors de son premier entretien avec le nouveau ministre d'État, Serge Telle, qui aura officiellement pris ses fonctions deux jours plus tôt.
Une rencontre que Laurent Nouvion attend avec impatience, afin de sortir de cette parenthèse institutionnelle qui aura duré un mois et demi. Comme il attend, lui et certains membres de sa majorité (lire l'offensive de Claude Boisson ci-dessous), d'en découdre avec la minorité du Conseil national.
Les prochains gros dossiers du Conseil national
En janvier, quatre « réunions préparatoires » se sont tenues sur des thèmes majeurs. Voici, brièvement commentés hier par Laurent Nouvion, les quatre gros chantiers qui attendent le Conseil national dans les prochains mois.
1. L’extension en mer
« Nous avons quatre mois et demi devant nous. D’ici fin juin, nous devons définir les conditions du projet, ses mécanismes, la qualité de la loi de désaffectation ou encore les garanties financières qui l’entourent. Le travail préparatoire est énorme. »
2. Les négociations avec l’Union européenne
« J’ai demandé au gouvernement le calendrier des discussions des six prochains mois et la tenue d’une réunion avec le Conseil national avant et après chaque rencontre entre le gouvernement et l’Union européenne. »
3. La loi sur la sécurité
« La loi sur la sécurité a été déposée début décembre. Ce texte est l’une de nos priorités. Il a pour objectif de donner des moyens à l’exécutif pour lutter efficacement contre les menaces extérieures, et de défendre les libertés individuelles de nos compatriotes. »
4. Le calendrier législatif
« Nous avons également travaillé sur les priorités législatives. Ainsi, outre la sécurité et l’extension en mer, les deux gros morceaux, la loi sur le prêt étudiant devrait être programmée à la session de printemps, tout comme le texte sur les produits pharmaceutiques, celui sur le patrimoine et vraisemblablement le code de l’environnement. S’agissant de la loi MFO (portant création de l’activité de Multi Family Office, NDLR), nous n’avons pas encore obtenu d’accord avec le gouvernement. »
« Ils se foutent de nous! »
Claude Boisson est très remonté. À l’issue des vœux formulés à la presse par Laurent Nouvion, l’élu de la majorité Horizon Monaco a tenu à régler ses comptes, en aparté, avec les trois opposants de la minorité Union Monégasque.
« Je suis membre de toutes les commissions. Je peux témoigner du travail qui y est fait, confie-t-il. Je peux aussi vous dire que ces élus de l’opposition ne sont pas présents à toutes les commissions. Loin de là. Or, ils ont l’espace et la possibilité de s’exprimer. Pourquoi ne viennent-ils pas systématiquement? J’ai été dans l’opposition, je sais que c’est important de siéger dans les commissions. Moi, je crois que ces élus n’ont aujourd’hui qu’un seul but : déstabiliser Laurent Nouvion, détruire la majorité. Ils pratiquent une tactique de provocation, totalement déloyale. En fait, ils se foutent de nous. »
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